Malgré une certaine crainte de jouer dans une quotidienne, Bruno Marcil adore son rôle dans STAT
Daniel Daignault
Mégantic est une minisérie coup de poing qui ne laissera personne insensible. On se laisse happer par ce drame finement raconté et les répercussions de cette tragédie. En se glissant dans la peau d’un père de deux enfants qui pose un geste héroïque, Bruno Marcil démontre à quel point il est un acteur exceptionnel.
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Bruno, c’est un rôle pour le moins intense que vous avez été appelé à jouer dans Mégantic...
Oui, c’est très, très chargé. Je dirais que, à la différence des autres choses que j’ai pu faire, là, c’est qu’on sait qui on joue. J’ai rencontré des gens directement concernés par cette tragédie. J’ai porté des projets qui entourent Mégantic pendant cinq ans, alors ça a une charge qu’aucun autre projet ne peut avoir. Il fallait aussi y aller, oui, avec tout ce poids-là, mais tout en étant respectueux des gens qui ont été frappés par cet événement. On ne veut pas tirer la couverture avec un show comme celui-là, on veut parler au cœur des gens, on veut leur faire prendre conscience qu’ils sont comme nos voisins. Le Québec est un petit village, et on connaît tous une personne qui a perdu quelqu’un, qui a été impactée. Il fallait y aller avec toute cette sensibilité-là, et offrir le maximum qu’on pouvait donner dans chaque scène, dans chaque moment de cette série.
Ça vous a troublé d’aller tourner plusieurs scènes à Mégantic et de côtoyer les habitants?
On n’a pas tout filmé là-bas, c’était voulu. Toutes les scènes de catastrophe n’ont pas été tournées là, parce qu’on ne voulait pas, justement, que ça devienne très indélicat de notre part. Mais moi, par exemple, j’ai une scène devant l’église, avec la statue, qui est maintenant un symbole très clair de Mégantic. On a fait en sorte de ne pas trop s’imposer lors du tournage. Il y a des gens qui veulent qu’on les laisse vivre ça de leur côté, et on les comprend, alors que d’autres ont besoin qu’on en parle et qu’on raconte leur histoire. Elle doit être racontée pour se souvenir des 47 victimes, mais aussi des victimes collatérales, et pour prévenir un prochain Mégantic, parce qu’il y en a plusieurs qui planent au-dessus de nos têtes.
Votre personnage dans la série est-il un amalgame de plusieurs personnes qui ont vécu la catastrophe?
C’est inspiré de certaines personnes, une en particulier. J’avais joué auparavant dans Les Hardings (créée en 2019), qui est une pièce sur Mégantic, et j’ai parlé à beaucoup de gens directement concernés par cette tragédie. À la suite de ça, pour le tournage de la série, j’ai entre autres rencontré la principale personne qui a inspiré ce que je joue. Je suis allé chez lui, on a pris le temps de jaser, c’est lui qui m’a appris à conduire une pépine. C’était très prenant. Ce gars-là a perdu son frère, sa sœur, des amis... C’est une vie à reconstruire. Le mieux que je pouvais faire, c’était d’essayer d’y aller avec le plus de sensibilité et de délicatesse possible, autant pour rendre hommage à ceux qu’il a perdus qu’à lui-même.
Dans la série, différents personnages disent à quel point la vie est fragile, que tout peut changer en l’espace d’une seconde. Est-ce que vous ressentez une urgence de vivre après avoir joué ce rôle?
On l’oublie, c’est sûr. Moi, ce qui me rejoint de l’histoire de Mégantic, c’est aussi le fait d’être vigilant pour qu’il ne s’en produise pas d’autres. On n’en parle pas dans la série, ce n’est pas le sujet, mais c’est un événement tragique qui aurait peut-être pu être évité. Le documentaire que prépare Philippe Falardeau va être super intéressant, parce qu’il va aller chercher ces enjeux-là. C’est très complexe comme tragédie. Il n’y a pas juste l’impact de la première nuit, il y a les impacts subséquents.
Ces dernières années, vous avez beaucoup joué à la télé. Avez-vous du plaisir à défendre le personnage de Daniel dans STAT?
J’ai beaucoup de fun! J’avoue que je n’avais jamais fait de quotidienne auparavant et que j’y allais avec un peu de crainte. J’y suis allé à tâtons au début, mais dès la première journée, j’ai vraiment adoré. L’équipe est formidable, et je trouve mon plaisir dans le rythme de production. Je n’ai pas les partitions de Suzanne (Clément), qui est une athlète olympique parce que pour jouer ça, Lou-Pascal et elle ont de très grosses journées de travail. J’adore mon personnage, qui aime faire ce qu’il fait, et moi, j’ai beaucoup de plaisir à l’incarner. Jouer avec Geneviève Schmidt, c’est un cadeau du ciel... Jouer avec tout le monde, en fait!
Connaissiez-vous plusieurs comédiens et comédiennes du noyau central de la série?
Oui, mais je ne connaissais pas du tout Stéphane Rousseau et ç’a été une rencontre formidable. On a tellement de fun, on rit énormément! Pareil avec Jean-Nicolas Verreault... et on s’adore. Geneviève, je la connais depuis longtemps, et pouvoir jouer son chum dans ce contexte-là, c’est extraordinaire.
Mis à part STAT et Mégantic, vous verra- t-on dans d’autres projets?
Il y a Haute démolition qui sort bientôt, et c’est pas mal bon. J’ai aussi joué dans la série Les perles, d’Érika Soucy, avec Bianca Gervais (qui sera présentée sur Club illico cette année), et j’ai tourné dans un film l’automne dernier, Grand Nord, qui s’en vient...
Quel rôle jouez-vous dans Haute démolition?
Je joue un producteur dans le monde de l’humour. Pas un méchant, mais certainement pas un gentil! (rires)
Mégantic est disponible sur Club illico. STAT, lundi au jeudi 19 h, à Radio-Canada. Haute démolition, jeudi 21 h, dès le 16 mars, à Séries Plus. La pièce Abraham Lincoln va au théâtre sera présentée au TNM du 14 mars au 8 avril. tnm.qc.ca
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