Malgré une carrière bien remplie, Marie-Eve Janvier veut être présente pour ses filles
Daniel Daignault
C’est toujours un bonheur de discuter avec Marie-Eve Janvier. Le retour de la belle saison nous donne l’occasion de parler avec la chanteuse, animatrice et mère de deux belles filles de son implication auprès de l’Union des producteurs agricoles et dans la campagne Mangeons local, entre autres sujets.
Marie-Eve, cela fait 10 ans que vous vous impliquez auprès de l’UPA, qui a lancé l’application Mangeons local pour rejoindre les gens...
Ça a commencé avec L’amour est dans le pré. Avec ce mandat d’animation, un lien s’est créé avec l’UPA et le monde agricole, et j’ai embarqué. Chaque année, j’apprends quelque chose. C’est une industrie en constante évolution. La pandémie nous a conscientisés quant à l’importance d’acheter local et sur l’impact que ça avait. Au Québec, on a une agriculture différente de ce qui se fait ailleurs. Il faut arrêter de dire que ça coûte plus cher quand on achète local. Ce n’est plus vrai. Quand on encourage notre voisin, la famille à côté, ça enrichit les familles d’ici. Avec cette application, les gens pourront planifier leurs sorties agroalimentaires et participer à une foule d’activités dans les fermes du Québec.
Mis à part ce rôle de co-porte-parole, la chanteuse en vous s’ennuie-t-elle de se produire devant un public?
Ces temps-ci, si on s’ennuie de la chanteuse, c’est sans doute lié aux apparitions télé, comme La belle tournée. On m’en a beaucoup parlé! J’aime avoir des moments comme ceux-là de temps en temps, parce que je ne repartirais pas en tournée, du moins, pas tout de suite. J’adore ma vie telle qu’elle est là: le côté sécuritaire de mon travail, la routine qui s’est créée, avec ma grande à l’école et ma petite qui va entrer à la garderie. Ça prend un parent à la maison. Mon chum, lui, est sur les routes, il s’amuse, et c’est parfait ainsi.
On peut dire qu’il s’en est passé, des choses, depuis vos débuts! La chanson, l’animation à la télé, à la radio, la famille...
Je pense qu’on est là pour essayer des choses. Quand je me suis enlevé de l’esprit qu’il fallait que je reste dans une case, plein de projets nourrissants se sont présentés à moi. C’est Léa qui m’a apporté ça; elle avait neuf mois quand j’ai débuté à la radio. Avoir un enfant a mis en perspective le fait que je ne peux pas tout contrôler. Je peux m’adapter, mais j’ai du mal à me revirer sur un dix cents, et j’apprends à changer ça grâce à Léa. La radio est arrivée comme ça, et je me suis dit: «C’est pour un été, je n’ai rien à perdre.» Puis on m’a offert de faire l’année au complet, et je me suis dit: «Pourquoi pas!»
Et vous avez la cote d’amour du public!
Au fond, je suis une fille normale qui peut paraître avoir une vie extraordinaire. C’est sûr que j’ai vécu des moments inoubliables; je pense à Don Juan et au travail que je fais à la radio — c’est quand même extraordinaire de pouvoir s’exprimer tous les jours et de faire partie du quotidien des gens! Ça, je le savoure vraiment. Quand je faisais des shows et que je voyais le nombre de billets vendus, je ne tenais jamais ça pour acquis. Mes parents m’ont élevée en me disant: «Marie, tu es chanceuse. Profites-en bien, parce que tu ne sais jamais de quoi demain va être fait.» On dirait que, quand mon frère (Louis-Philippe) est tombé malade, ils ont adopté ce mode de pensée-là et nous ont élevés en suivant cette ligne, ce qui est un cadeau.
Votre frère est encore très présent à travers votre œuvre avec de la Fondation Louis-Philippe Janvier.
Oui, on veut aider les jeunes de 18 à 35 ans atteints de cancer. Avant, c’était pour les petits, mais quand mon frère est tombé malade, on a changé notre mission. Ce qu’on vivait avec lui, à 25 ans, nous a fait réaliser tous les défis qu’il devait relever. Dans le système, cette tranche d’âge tombait comme entre deux chaises. Ce ne sont plus des enfants, ce sont de jeunes adultes qui sont souvent endettés par leurs études ou l’achat d’une propriété. Ils commencent à bâtir leur vie, et tout à coup, leur vie vire à 180 degrés et ils ne savent pas comment gérer ça.
En quoi la Marie-Eve d’aujourd’hui, à 38 ans, mère de deux enfants, est-elle différente de celle d’il y a 10 ans?
Je suis en mode «pas de temps à perdre». C’est cliché, mais c’est ça. J’ai le goût d’essayer plus de choses, j’ai plus d’énergie. Et je veux profiter de la jeunesse de mes filles. Le gens me disent d’en profiter parce que quand elles seront ados, elles ne nous suivront pas dans nos vacances d’été. Elles me voient aller, et je veux qu’elles se disent: «Ma mère a fait ça? Moi aussi, je peux le faire!» On est là pour leur donner des outils et des exemples. Je comprends à présent les sacrifices, tous les gestes d’encouragement de mes parents. Ma mère venait à tous mes cours de chant le samedi matin. Mon père, qui travaillait à 6 h, venait me chercher à l’école au secondaire pour aller répéter au Théâtre St-Denis, puis on revenait à minuit. Et on refaisait la même chose le lendemain.
Quel genre de mère êtes-vous?
Léa a six ans et demi et elle fait du soccer... Je suis une mère de soccer qui crie! (rires) Je suis une maman qui se dit: «Si ça ne marche pas, c’est pas grave!» Avant, il y avait en moi une sorte d’obsession de la perfection. Aujourd’hui, je me dis: si c’était correct ou pas, c’est pas grave; on va de l’avant. La radio en direct et la télé contribuent à me faire voir les choses autrement. Au début, j’avais beaucoup de «j’aurais donc dû» en tête. J’ai compris que je me brûlais pour rien. J’ai envie de nourrir mes petites bulles créatives.
Parlant de la radio, vous êtes en congé cet été...
Oui. Je reprends le 22 août, à Rythme au travail en semaine, le matin. Le midi, c’est Anouk Meunier qui coanimera avec moi. On a travaillé ensemble pendant trois semaines après le départ de Julie (Bélanger). On va avoir du plaisir.
Votre famille profitera-t-elle de vacances cet été?
Jean-François est en tournée tout l’été avec Salebarbes. Il sera au Nouveau-Brunswick et on aura une semaine de vacances ensemble. On a hâte de revoir notre monde là-bas. De mon côté, j’ai une douzaine de jours de tournages pour Le meilleur pâtissier du Québec avec Joël Legendre. L’an dernier, on a fait la première saison, et ç’a été super le fun! Il y a 10 participants qui font de la pâtisserie en amateurs. Je fais des rencontres humaines formidables! J’ai des trucs ici et là, entre autres avec l’UPA. Sinon, je veux me promener avec mes filles. On est allées voir Salebarbes avec des amis. Léa était accotée sur la clôture, et Jean-François nous chantait dans la face! Après trois tounes, c’était correct, elle savait ce que son père faisait. C’est la même chose pour moi, quand je fais de la radio, elle s’en fiche un peu et c’est parfait comme ça. Pour elle, on est ses parents, elle ne comprend pas le côté public que ça comporte.
Et votre plus petite, Laurence, comment va-t-elle?
Elle a 14 mois, et ouf! Ça y va par là! Ma petite est un vrai rayon de soleil. Au parc, elle salue tout le monde, je trouve ça riche et confrontant. J’aime mon clan! C’est étonnant de voir à quel point que deux parents peuvent créer deux personnalités différentes, même si on les élève de la même façon.
On peut découvrir l’application Mangeons local à mangeonslocal.upa.qc.ca. Marie-Eve reviendra au micro à Rythme au travail dès le 22 août, du lundi au vendredi dès 8 h 30, à Rythme FM. La saison 2 du Meilleur pâtissier du Québec, qu’on pourra voir sur la plateforme Vrai, est en tournage.