Maintenant réalisateur, Jason Roy Léveillée n’a pas tiré un trait sur sa carrière de comédien
Daniel Daignault
Jason Roy Léveillée, qu’on a vu dans plusieurs séries télé ces 20 dernières années — dont l’inoubliable Lance et compte —, est maintenant réalisateur. S’il s’agit d’un nouveau métier qu’il adore, n’ayez crainte: il n’a pas tiré un trait sur sa carrière de comédien pour autant!
Jason, tu réalises en ce moment la seconde saison de la série Les cavaliers...
Oui, j’ai repris le flambeau. J’essaie de faire de mon mieux pour réaliser la meilleure série possible avec ma super équipe. C’est une télésérie qui se passe dans le monde équestre. Elle met en scène des jeunes qui sont dans un camp d’été et qui se préparent pour leurs compétitions équestres. On tourne au pied du mont Rougemont; c’est le dernier terrain avant la montagne. On y trouve des enclos avec 29 chevaux, qui sont majoritairement en liberté durant la journée.
Comment t’es-tu préparé pour ce tournage?
J’ai écouté les épisodes de la première saison. J’ai aussi appelé la réalisatrice qui m’a précédé pour qu’elle me parle de son expérience: ce qui marchait, ce qui marchait moins, ce qu’elle aurait voulu améliorer, etc. Mon but n’est pas de tout changer, mais on m’a offert une liberté créative que j’ai beaucoup appréciée. Je voulais respecter les artisans et les comédiens qui avaient bâti les personnages dans la première saison, et en même temps apporter ma couleur et mes idées. Je voulais aussi ajouter de la maturité dans cette deuxième saison. C’est une série jeunesse qui a été tournée il y a deux ans, mais les jeunes évoluent vite; ils sont maintenant rendus à 17-18 ans. Le mandat a donc été d’amener ça de façon plus mature. Avec la caméra, je voulais apporter une réalisation plus cinématographique que télévisuelle, parce qu’on se bat contre Netflix et toutes les autres plateformes.
Est-ce que la réalisation t’occupe pas mal à temps plein?
Soit je chante, soit je réalise. C’est vrai que ces temps-ci, je joue moins.
Est-ce que ça te manque de jouer?
Oui, mais en même temps, je me plais vraiment à faire de la réalisation. On dirait que j’y vais au feeling; je fais confiance à la vie. Si ça arrive, ça arrive. Je pense que plus tu vieillis, plus tu essaies de choisir tes projets si tu en as le privilège. C’est encore mieux si tu peux aussi choisir le monde avec qui tu as le goût de travailler. Moi, je veux m’entourer de gens qui respectent les autres et qui me poussent à devenir meilleur. Tout ça dans la bonne humeur. La réalisation, c’est une manière différente de créer. J’ai toujours aimé le travail d’équipe. En réalisant, je me sers de mon expérience de comédien. J’ai toujours aimé diriger les acteurs, faire de la mise en scène et trouver la façon la plus originale de raconter une histoire.
Ça t’a toujours attiré?
À l’époque de Lance et compte, j’étais ado. Si j’avais une scène à jouer le matin et une autre le soir, je passais la journée sur le plateau. Je gossais tous les techniciens pour apprendre! Dans ce temps-là, Serge Desrosiers était directeur de la photographie et il me faisait cadrer les répétitions. Il m’embarquait aussi sur le dolly et il me faisait essayer la steady cam à l’heure du lunch. J’ai toujours aimé le langage de la caméra, je trouve que c’est comme un autre personnage.
Est-ce difficile de tourner avec des chevaux?
Oui, en raison de la température qu’on ne peut pas contrôler. S’il y a des orages, on ne peut pas tourner dehors. Aussi, il faut respecter le rythme du cheval. Par exemple, si j’ai fait deux prises et que je souhaite en faire une autre, mais que le cheval est fatigué, il doit aller se reposer. Et s’il fait soleil, il faut qu’il aille un peu à l’ombre. Il faut prendre soin des animaux et, avec le rythme de tournage d’aujourd’hui, il faut savoir se revirer de bord rapidement. On fait d’autres prises pendant ce temps-là. J’utilise un drone aussi, parce que je veux qu’on voie la nature majestueuse de l’endroit. C’est magnifique: il y a la montagne, les vergers, un petit lac... C’est important pour moi de montrer tout ça. Et bien sûr, il faut miser sur les relations et la proximité que les êtres humains ont avec les chevaux.
As-tu d’autres projets de réalisation?
Oui, on va terminer la deuxième saison de l’émission Avec pas de plan! (avec Guillaume Lemay-Thivierge et Émily Bégin) tout de suite après le tournage de la série Les cavaliers. On part pour la Gaspésie, où on va tourner durant 12 jours.
Est-ce que la prochaine étape pour toi serait de réaliser un long métrage?
J’aimerais vraiment ça! Un film ou une série télé de six épisodes. Contrairement à un film, tu peux développer davantage les personnages dans une série de six épisodes. Ça ne s’étire pas non plus comme une série de 13 ou 26 épisodes. Tu as un peu plus de sous pour moins longtemps. Ça, ce serait vraiment mon trip: faire une série un peu plus courte avec de l’action. Ce que j’aime aussi avec les chevaux sur le plateau des Cavaliers, c’est que je ne tourne pas seulement du dialogue; on est tout le temps dans l’action. Par exemple, les acteurs parlent tout en transportant des balles de foin. Je suis aussi un acteur d’action, j’aime beaucoup l’aspect physique.
Comment as-tu fait tes débuts en réalisation?
J’ai commencé en faisant du making of; je pense que c’était pour Les pieds dans le vide, le film de parachutisme de Guillaume Lemay-Thivierge. Ensuite, j’ai fait des vidéoclips, de la pub et des courts métrages. J’ai fait de la caméra conventionnelle, du drone et de la caméra sous-marine.
Est-ce qu’il y a des acteurs qui travaillent avec toi et avec qui tu as déjà joué?
Hubert Proulx. Nous nous sommes connus dans Virginie, alors que j’avais 22 ans. Il est venu tourner sur Les cavaliers pendant une journée. C’était pour un petit rôle. J’étais vraiment content qu’il accepte, parce que ça convenait tellement que ce soit lui! Il joue le père d’un des jeunes qui travaillent au camp équestre. C’est un gars qui a fait de la tournée internationale avec les cirques équestres comme Cavalia, alors il manœuvre des chevaux en les montant debout. Il est un peu cowboy! Hubert voulait délaisser les rôles de méchants. Là, c’est un rôle comique, léger et le fun. Il est tellement bon, naturel et drôle! Ça «fitte» parfaitement! Pour ce qui est de Fanny Mallette, c’était la première fois que je travaillais avec elle. Son rôle est très intéressant. En plus, je connais quelqu’un qui a vécu un peu la même histoire que son personnage, mais en patinage artistique. Ève (son personnage) était au plus haut niveau en compétition équestre; elle s’en allait même aux Olympiques. Cependant, elle s’est blessée pour des raisons qu’on ignore. Est-ce que c’était la faute du cheval ou la sienne? Elle est tombée dans une grosse dépression, parce qu’elle n’a pas vécu son rêve. Elle est encore sur les antidépresseurs lorsqu’elle commence à coacher les jeunes. Toujours blessée et aigrie, elle leur fait vivre un peu un calvaire.
Tu aimes travailler avec de jeunes acteurs?
Oui, et ils sont super bons! Je n’avais pas de craintes, mais tu te dis quand même que ce sont des ados... Est-ce qu’ils vont apprendre leurs textes? Est-ce qu’ils vont être sur la coche ou sur le party? (rires) Je ne voulais pas que ça fasse trop «jeunesse» non plus dans le ton. Je voulais que ce soit réel. Parfois, on prend les jeunes un peu pour des idiots dans l’écriture. On essaie d’écrire comme ils parlent, mais ça ne marche pas. Dans les répétitions, je disais aux jeunes: «Donnez-nous-en! Si ce mot-là ne marche pas, on le changera.» Je trouve ça le fun de travailler avec eux.
Sinon, que fais-tu quand tu ne travailles pas?
J’ai un terrain au lac Taureau; je suis en train d’y construire un chalet avec des amis. Notre objectif est de fêter le jour de l’An à cet endroit. J’ai besoin d’être dans la nature. Je viens de Saint-Quentin, au Nouveau-Brunswick, et j’y retourne huit ou neuf fois par année. Ça me prend ça!
La deuxième saison des Cavaliers sera présentée en 2024, d’abord à Unis TV, puis sur Club illico.
Jason réalise aussi la série jeunesse Défense d’entrer!, offerte sur Tou.tv.