Maïka Desnoyers aborde sans tabou ses chirurgies plastiques
Samuel Pradier
Avant de pouvoir régler ses problèmes, il faut savoir d’où on vient et faire face à ses démons. C’est le parcours qu’a fait Maïka Desnoyers et qu’elle raconte dans son nouveau livre, S’aimer à temps plein: Mon cheminement vers le bonheur. Elle dévoile ses secrets les plus intimes, ses chirurgies et ses traitements esthétiques, mais aussi ses problèmes de dépendance et ceux qu’elle a face à la nourriture, ainsi que sa démarche de guérison. Nous l’avons rencontrée pour connaître sa méthode afin d’arriver à notre tour à être notre meilleure amie.
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Maïka, comment est née l’idée de ce livre?
Quand j’ai accouché de ma fille, Livia, j’avais 33 ans. J’ai vu mon corps changer et ma fatigue s’accentuer. De gros changements se sont passés en moi, tant sur le plan physique que sur le plan psychologique, mais ils n’étaient pas forcément positifs. J’étais aussi très dure envers moi-même — on dit souvent qu’on est notre pire ennemi! Je pense que c’est en s’analysant qu’on peut arriver à se comprendre. J’ai donc voulu mettre sur papier tous les changements qui s’étaient passés depuis, dans le but de les régler ou de les accepter. Et je me suis dit que ça pourrait être inspirant pour les lecteurs de faire la même chose. J’ai toujours besoin de sentir que je peux aider les autres. J’ai écrit ce livre pour inspirer d’autres femmes, et ça m’aide aussi.
Ce livre est comme un journal intime, où tu racontes tout, même des choses très intimes. Pourquoi aller aussi loin?
On évolue dans un monde où Internet et les réseaux sociaux sont très présents, mais beaucoup mettent des filtres et ne nous présentent qu’une partie de la réalité sur ces plateformes. C’est exactement ce que je ne veux pas. Je ne mets jamais de filtres sur Instagram ou sur TikTok. J’ai donc volontairement eu envie de parler des conseils pour entamer la démarche de s’aimer moments moins glorieux qu’on ne monde où Internet et les réseaux sociaux sont très présents, mais beaucoup mettent des filtres et ne nous présentent qu’une partie de la réalité sur ces plateformes. J’aborde toutes les choses auxquelles j’ai eu recours pour essayer de m’aimer plus, la chirurgie plastique, les soins esthétiques...Je parle de celles que j’ai aimées, mais aussi de celles que j’ai regrettées. C’était difficile à écrire, parce que je pensais que les gens me jugeraient.
En même temps, c’est ce qui est le plus intéressant. Beaucoup ont déjà essayé de faire des retouches ici ou là, mais personne ne se vante d’un soin qui ne donne pas le résultat escompté. Pourquoi as-tu voulu être aussi franche?
Je voulais que les gens puissent se reconnaître dans mon livre. On me dit souvent que j’arrive à mettre des mots sur des émotions que les gens ont pu ressentir. On vit toutes sortes de moments un peu croches dans la vie, et je sais que je ne suis pas la seule à en vivre. Si je les vis, des milliers d’autres les vivent aussi. Si je révèle comment je me sentais à ce moment-là, je me dis que ça va peut-être en aider d’autres à se comprendre. Je montre aussi que je vis ces événements et qu’ensuite je passe à autre chose. Pour moi, ce ne sont pas que des erreurs; il y a aussi des choses positives. Par exemple, j’ai décidé de dire que je prenais des antidépresseurs depuis longtemps, parce que c’est habituellement tabou d’en parler. Quelque 90 % des gens font semblant que tout est parfait et que tout va bien dans leur vie. Tant mieux pour eux. Mais moi, pour arriver à être heureuse, il a fallu que j’aille chercher de l’aide. Si personne ne s’ouvre sur cette réalité, la majorité des gens vont encore penser que c’est régresser que de demander de l’aide. Je ne voulais pas ça.
Tu évoques notamment ta chirurgie mammaire et ta liposuccion au niveau des chevilles. Dirais-tu que ce sont des opérations qui t’ont apporté du positif?
Pour les chevilles, c’était une maladie que peu de gens connaissent. J’étais maigre, mais j’avais de gros mollets à cause de cette maladie. J’ai aussi fait une chirurgie mammaire après avoir accouché et allaité, à cause d’un relâchement musculaire. Personne ne m’avait parlé de ça avant. Ce sont des choses qui peuvent arriver à tout le monde et qu’on ne connaît pas beaucoup.
À la lecture de ton livre, on constate que tu as beaucoup violenté ton corps pour essayer de t’aimer. En étais-tu consciente?
En relisant les épreuves, j’ai pris conscience à quel point j’étais dure envers moi-même, mais c’était la réalité. Je ne pense pas qu’il faut nécessairement passer par là pour arriver à s’aimer, mais il faut arriver à mettre des mots sur nos émotions. J’ai 37 ans, et tout ça s’est passé sur une longue période. On ne prend jamais le temps de faire le bilan de tout ce qu’on a fait endurer à notre corps et à notre esprit... Je suis sûre que beaucoup d’entre nous se sont fait vivre énormément de choses.
L’autre constat est que tu essaies de t’aimer principalement à travers le regard des autres...
Toujours, parce que les commentaires que j’ai eus venaient des autres, surtout lorsque j’étais plus jeune. Mes chevilles, je savais qu’elles étaient grosses, parce que je faisais de la rétention d’eau, mais c’est à force d’entendre les autres m’en parler que c’est devenu un problème. Ma poitrine, ce n’était pas la fin du monde, mais il y avait aussi le regard des autres. Concernant mon plus récent problème de prise de poids, c’est davantage lié à mon propre regard sur moi-même, quand je me vois dans le miroir.
Pourquoi ne cesses-tu pas d’accorder de l’importance au regard des autres?
C’est difficile parce que c’est souvent mon propre regard que je transpose dans celui des autres. Quand les gens me disent quelque chose, si ça vient me toucher, c’est parce que je le pense aussi. Si quelqu’un me dit que mes cheveux sont moches, ça ne me dérange pas. Si j’aime ma couleur et ma coupe de cheveux, ça ne me touchera pas, je ne vais pas y repenser le lendemain. Mais si on me fait un commentaire sur un aspect de mon corps qui me dérange, c’est comme gratter le bobo.
Sachant que tu étais aussi fragile, pourquoi as-tu choisi un métier public?
Quand j’ai commencé une carrière médiatique, je n’étais pas fragile. Je n’avais pas de problème à ce moment-là, je m’aimais physiquement, dans l’ensemble. Personne ne s’aime totalement. Aujourd’hui, je dirais que, physiquement, je me tolère, et je suis contente d’arriver à l’exprimer. Les gens sont souvent gênés de le dire. Avant de sortir ce livre dans lequel je dis que je me trouve grosse, je l’ai fait lire à des amis qui ont des problèmes d’obésité et à des gens qui sont plus minces que moi, et ils ont tous été émus. Je suis allée chercher des points dans lesquels ils se retrouvaient. Je ne suis pas dans le jugement: je dis simplement comment moi je me sens face à moi-même.
Tu donnes des pistes de solutions à des problèmes, mais étonnamment, tu ne les appliques pas forcément. Pourquoi?
Parce que c’est difficile. On sait tous quoi faire dans la vie pour aller mieux. Je sais que j’ai tous les outils pour arriver à régler ce que je n’aime pas, mais je ne les utilise pas, car c’est extrêmement difficile. J’explique, par exemple, que je mange beaucoup; le goût de la nourriture me fait du bien. Mais j’ai du mal à me restreindre. On a souvent honte de ce qu’on est, parce qu’on se sent tout seul. Mais ce n’est pas vrai, on n’est pas tout seul à vivre ces genres de choses; c’est pour cela qu’il faut en parler. On pense qu’on est seul à vivre nos malheurs, mais on ne l’est pas.
Tu racontes tes discussions avec Étienne, qui te dit qu’il t’aime comme tu es et que tu dois régler tes problèmes d’estime. Pourquoi cette parole ne percole-t-elle pas dans ton esprit?
Je ne m’aime pas, donc je ne le crois pas. Je bloque. Je ne le verrais pas me dire que ça le dégoûte que j’aie pris du poids; il est trop fin pour ça. Moi, je me regarde dans le miroir et je m’écoeure. Ça fait aussi partie de mon problème d’anxiété.
À la fin du livre, tu tends vers une reprise en main bienveillante. Où en es-tu sur ce plan?
Ça va un peu mieux. J’ai compris qu’une personne qui voudrait apprendre à s’aimer à temps plein devrait suivre le chemin que j’ai fait. Elle doit mettre sur papier tous ses problèmes: ça va lui permettre d’en prendre conscience. Je vais mieux dans mon rapport à la nourriture aussi. En l’écrivant, j’ai vu que ça n’avait pas d’allure. Je prends plus conscience de ce que je mange. Même chose avec mes achats compulsifs. J’essaie de me parler à moi-même, de me raisonner avant de commander. Écrire le livre et le relire par la suite m’a permis de faire un grand cheminement.
Le livre S’aimer à temps plein: Mon cheminement vers le bonheur est disponible dans toutes les librairies.