Les armes du pays de Trump: voyez des photos inédites de la perquisition menée par la police chez Leonardo Rizzuto
Les policiers avaient saisi deux pistolets prohibés et 5 grammes de cocaïne, mais le fils de Vito Rizzuto a finalement été acquitté

Eric Thibault, Félix Séguin et Maxime Deland
La majorité des armes à feu saisies par nos forces de l'ordre, au Québec et ailleurs au pays, proviennent des États-Unis de Donald Trump, qui reste bien silencieux sur ce fléau. Le président américain préfère accuser le Canada d’inonder son pays de fentanyl pour justifier sa guerre commerciale à coups de tarifs. Des documents policiers inédits obtenus par notre Bureau d'enquête et l'Agence QMI viennent mettre des visages sur des bénéficiaires de cette contrebande d'armes alimentée par nos voisins du Sud. Il s’agit de plusieurs gros noms de la mafia montréalaise, dont les pistolets prohibés ont été saisis dans leur cuisine, leur salon ou leur bureau.
Le matin du 19 novembre 2015, Leonardo Rizzuto se prépare à accompagner son fils à un tournoi de hockey à Gatineau, quand il entend cogner à la porte de sa résidence du quartier Sainte-Dorothée, à Laval.
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L’avocat, dont le célèbre père Vito Rizzuto fut le parrain de la mafia italienne durant trois décennies, ouvre la porte. Devant lui, le sergent-détective Cédric Aubut l’avise qu’il est en état d’arrestation pour gangstérisme et complot pour trafic de cocaïne.

L’enquêteur, qui participe à l’opération Magot avec ses collègues de l’Escouade régionale mixte de lutte contre le crime organisé de Montréal (ERM), l’informe aussi qu’il détient un mandat autorisant les policiers à mener une perquisition chez lui.
Pendant que M. Rizzuto est escorté au quartier général de la Sûreté du Québec pour son interrogatoire, les policiers de l’ERM fouillent la maison de fond en comble.

Deux pistolets, dont un chargé
Dans la cuisine, au-dessus du réfrigérateur, ils trouvent deux pistolets semi-automatiques dissimulés dans le coin d’une armoire, ainsi qu’une quarantaine de balles.

Le premier est de marque Walther, un modèle P99, de calibre .40, semi-automatique et chargé à bloc.

Le numéro de série de l’arme, gravé sur le canon, a été effacé – vraisemblablement avant d’être vendu en contrebande – pour empêcher les autorités d’en retracer la provenance et de remonter jusqu’à son détenteur.

Comment? Possiblement à l’aide d’une perceuse, à l’instar du délateur Stéphane «Godasse» Gagné, qui expliquait aux policiers que lui et son «parrain» chez les Hells Angels, René «Balloune» Charlebois, ont «drillé des guns» susceptibles de servir à commettre des crimes.
Le second est de marque Browning, un modèle 25 Standard, de calibre 6.35. Celui-là n’est pas chargé et son numéro de série est intact: 255856.
Les deux armes et les munitions seront déposées sur le comptoir en marbre de l’îlot de la cuisine, puis photographiées. Ces clichés seront reproduits dans un rapport de police.

Cocaïne et toge d’avocat
Puis, dans une garde-robe, ils trouvent un sachet de plastique contenant cinq grammes de cocaïne, à l'intérieur de la poche d'un chic veston de marque Hugo Boss.

Ils immortalisent leur trouvaille, en plus de prendre plusieurs autres photos qui apparaîtront dans le même rapport.
On y voit une photo encadrée qui se trouvait sur un meuble de la maison, prise en l’an 2000, où Vito Rizzuto, souriant, prend la pose, alors qu’il est flanqué de ses deux fils: Leonardo à sa gauche, et l’aîné, Nick Jr., à sa droite.

Nick Rizzuto Jr. a été tué par balles dans le quartier Notre-Dame-de-Grâce, en décembre 2009, pendant que son père était incarcéré aux États-Unis. Vito Rizzuto est décédé des suites d'un cancer, en décembre 2013.
Dans le rapport de l’ERM, on peut aussi voir la toge d’avocat de Leonardo Rizzuto sur laquelle son nom est brodé, et son permis permettant d’exercer cette profession, que lui a décerné le Barreau du Québec le 7 mai 1999.


Acquitté
Les policiers trouvent également une somme d’environ 50 000$ en argent liquide sur place, dont 3000$ cachés dans un bas de nylon.

«L’expertise scientifique» a permis aux policiers de retracer l’origine des armes, mentionnera le juge Daniel Bédard durant les procédures judiciaires. Même celle du pistolet dont le numéro de série avait été altéré.

Toutefois, après 27 mois d’emprisonnement provisoire, Leonardo Rizzuto sera acquitté de toutes les accusations portées contre lui dans cette affaire. Les tribunaux vont conclure que l’accusé avait fait l’objet d’écoute électronique illégale dans cette enquête et qu’ainsi, les policiers n’avaient pas de motifs suffisants pour aller fouiller sa demeure.

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