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L'article provient de TVA Nouvelles
Politique

Surtaxe de 25% sur l’électricité: Doug Ford attaque, François Legault protège ses liens d’affaires

Photo d'Archives, REUTERS
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Photo portrait de Nicolas Lachance

Nicolas Lachance

11 mars
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Contrairement à Doug Ford qui impose un tarif de 25% sur les exportations d’électricité vers certains États américains, François Legault hésite encore à utiliser ce levier pour déranger Donald Trump. Québec veut préserver de bonnes relations avec ses partenaires d’affaires new-yorkais, selon l’expert Pierre-Olivier Pineau.

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La surtaxe de 25% sur les exportations d’électricité de l’Ontario «est essentiellement une stratégie de communication», note le spécialiste des politiques énergétiques de HEC Montréal Pierre-Olivier Pineau. Une décision politique et symbolique, évoque-t-il.

Il y a très peu de chances que la mesure ait un impact important sur les marchés américains et sur les marchés canadiens ou ontariens.

«Ce n’est pas une menace très sérieuse en termes d’approvisionnement d’électricité», explique-t-il. Avec les prix élevés de l’énergie aux États-Unis, les Américains risquent de continuer à faire affaire avec l’Ontario.

Cependant, soutient l’expert, en pleine guerre commerciale avec les États-Unis, il s’agit d’un «geste efficace» pour «mettre de la pression» sur l’administration Trump.

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L’Ontario démontre ainsi «l’absurdité des politiques» du président américain.

Le premier ministre du Québec, François Legault, croit aussi que les exportations d’électricité peuvent être un levier de négociation important avec les Américains, même s’il n’a pas encore mis ses menaces à exécution. 

«Il y a de gros contrats qui s’en viennent avec le Massachusetts puis avec New York, et je n’exclus rien, même la possibilité, dans ces contrats-là, d’augmenter le prix», a-t-il lancé hier lors d’un passage dans Terrebonne en vue de l’élection partielle la semaine prochaine.

Liens d’affaires

Pour le professeur Pineau, Québec veut s’assurer de maintenir de bonnes relations avec ses partenaires américains. L’imposition d’un tarif pourrait être perçue comme une mesure hostile et nuire à la réputation d’Hydro-Québec sur les marchés internationaux, a-t-il commenté hier, avant la sortie de M. Legault. 

Le Québec a signé un contrat d’exportation de 25 ans avec l’État de New York qui sera en fonction en 2026. Le gouvernement Legault prévoit d’ailleurs une hausse considérable des revenus d’Hydro-Québec grâce à ces futures exportations. Selon ses estimations, ils devraient passer à 2,6 G$ l’an prochain (+12,9%), puis à 3,9 G$ l’année suivante (+25,4%). Rompre ces contrats pourrait d’ailleurs coûter très cher aux Québécois.

D’ailleurs, le chef du Bloc Québécois, Yves-François Blanchet, s’oppose à l’imposition de surtaxe sur les exportations d’électricité du Québec aux États-Unis.

«Je pense que de dire à nos acheteurs d’énergie américains que nous ne sommes pas un fournisseur fiable n’est pas du tout un exercice salutaire», a-t-il dit.

– Avec la collaboration de Raphaël Pirro et Patrick Bellerose

Moins d’exportations vers les É.-U.

Au Québec, l’exportation d’électricité repose sur les surplus disponibles après la consommation intérieure. 

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Avant 2023, le Québec nageait dans les surplus. 

En 2023, les exportations ont chuté à cause des faibles précipitations. 

Les réservoirs d’Hydro-Québec étaient vides et les exportations sont passées de 8 TWh à 3 TWh pour New York. En 2024, les profits d’Hydro-Québec ont même fondu de 30%, toujours en raison des ventes d’électricité hors Québec qui étaient fortement en baisse.

Selon le professeur Pineau, l’absence de précipitations montre la vulnérabilité d’Hydro-Québec aux conditions climatiques et la nécessité de stratégies d’import-export flexibles.

Des échanges des deux côtés

L’Ontario imposera des tarifs de 25% sur les exportations qui se font sur le «marché spot» de l’électricité, soit une plateforme transactionnelle que l’on pourrait comparer à la Bourse. 

C’est également sur ce marché que le Québec transige l’électricité, car ses contrats à long terme avec les États de New York et le Massachusetts ne sont toujours pas en vigueur. 

Or, il s’agit d’un marché qui bouge énormément, et ce, d’heure en heure. Parfois, le Québec achète même de l’électricité à l’État de New York. 

C’était le cas lundi matin, alors que les Américains vendaient l’énergie à un prix plus faible que celui de la production québécoise. En 2023, le Québec a d’ailleurs acheté 1 TWh aux New-Yorkais.

Québec cherche la méthode

Selon nos informations, le gouvernement du Québec cherche une manière de pouvoir imposer des tarifs sur ses exportations d’électricité, comme l’Ontario. 

Les exportations d’électricité de l’Ontario vers le Michigan, le Minnesota et l’État de New York sont entrées en vigueur et représenteraient entre 300 000$ et 400 000$ par jour de revenus supplémentaires pour la province canadienne. 

L’hésitation du Québec viendrait en partie du fait que le Québec vend maintenant beaucoup moins d'électricité sur les marchés à court terme (spot) en raison de la faible quantité de ses réservoirs et des surplus dont il dispose. 

L’architecture d’affaires est ainsi différente. Contrairement à l’Ontario, le gouvernement Legault est lié par des contrats fermes avec les États-Unis.

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