L’Ukraine se prépare à la chute de Marioupol et à un assaut russe dans l’est
AFP
Les forces ukrainiennes ont dit lundi se préparer à la chute de Marioupol, un port stratégique du sud-est assiégé depuis plus de 40 jours par l’armée russe et largement détruit. Portrait de la situation.
L'«ultime bataille» à Marioupol
«Selon nos informations, l’ennemi a presque terminé sa préparation pour un assaut sur l’est. L’attaque aura lieu très prochainement», a averti le porte-parole du ministère ukrainien de la Défense, Oleksandre Motouzianik.
«Aujourd’hui sera probablement l’ultime bataille» à Marioupol, «car nos munitions s’épuisent», a écrit lundi sur Facebook la 36e brigade de la marine nationale des forces armées ukrainiennes, qui combat dans cette ville.
Plus d'un mois de combat
Les Russes font depuis des semaines le siège de Marioupol, dont la prise leur permettrait de consolider leurs gains territoriaux sur la bande côtière le long de la mer d’Azov en reliant les régions du Donbass à la péninsule de Crimée, annexée par Moscou en 2014.
«Ce sera la mort pour certains d’entre nous et la captivité pour les autres. Nous ne savons pas ce qu’il va se passer, mais nous vous demandons vraiment de vous souvenir (de nous) avec un mot gentil», a demandé la 36e brigade aux Ukrainiens.
«Pendant plus d’un mois, nous avons combattu sans réapprovisionnement en munitions, sans nourriture, sans eau», faisant «le possible et l’impossible», a ajouté cette unité, précisant que «la moitié» de ses membres sont blessés.
Marioupol détruite
«Je suis le premier à trouver la force de dire» que les forces ukrainiennes ne peuvent pas libérer Marioupol, «c’est désormais impossible militairement», avait déclaré dimanche soir sur Youtube Oleksiï Arestovitch, un conseiller du président ukrainien Volodymyr Zelensky.
S’adressant lundi à l’Assemblée nationale de Corée du Sud par visioconférence, M. Zelensky a affirmé que la Russie avait «complètement détruit» Marioupol, et dit redouter que des «dizaines de milliers de personnes» y aient péri.
«C’était une ville d’un demi-million d’habitants. Les occupants l’ont assiégée et n’ont même pas permis d’y acheminer l’eau et les vivres. Les Russes (...) l’ont réduite en cendres».
Il a accusé la Russie de vouloir faire de cette ville martyre «un exemple», appelant la Corée du Sud à aider son pays en lui fournissant des équipements militaires, «des avions aux tanks».
Les forces ukrainiennes ont par ailleurs continué ce weekend à fortifier leurs positions dans l’est, autour du Donbass et dans cette région, dont une partie est contrôlée depuis 2014 par des séparatistes prorusses.
Après avoir revu ses plans à la baisse et retiré ses troupes de la région de Kyïv et du nord de l’Ukraine, Moscou a fait de la conquête totale du Donbass son objectif prioritaire.
«Enfer humanitaire»
Des analystes estiment que le président russe Vladimir Poutine, embourbé face à la résistance acharnée des Ukrainiens, veut obtenir une victoire dans cette région avant le défilé militaire du 9 mai marquant sur la Place Rouge la victoire soviétique sur les nazis.
«La semaine prochaine», «les troupes russes passeront à des opérations encore plus importantes dans l’est», a averti dimanche soir M. Zelensky.
«La bataille pour le Donbass durera plusieurs jours, et pendant ces jours nos villes pourraient être complètement détruites », a prédit pour sa part sur Facebook Serguiï Gaïdaï, le gouverneur de la région de Lougansk, dans le Donbass, en appelant de nouveau les civils à quitter la région. Selon lui, «le scénario de Marioupol peut se répéter dans la région de Lougansk».
Le ministère de la Défense russe a accusé dimanche les Ukrainiens et les Occidentaux de provocations «monstrueuses et sans pitié» et de meurtres de civils à Lougansk.
Frappes aériennes et les bombardements
Vendredi, toujours dans l’est, une frappe de missile russe devant la gare de Kramatorsk avait fait 57 morts, dont au moins cinq enfants.
Alors que la population tente de fuir la région, les frappes aériennes et les bombardements continuent: dimanche à Kharkiv (est), la deuxième ville du pays, et dans sa banlieue, ils ont fait au moins 11 morts, dont un enfant de 7 ans, et 14 blessés, selon les autorités régionales.