Louis Morissette va parler du scandale de Guy Cloutier dans son spectacle
Raphaël Gendron-Martin
«Ce que mon milieu va penser de mon retour, je ne peux pas dire que je m’en sacre. Je ne veux pas faire un show poche.» Pour l’année de ses 50 ans – qu’il vient de fêter le 19 juillet –, Louis Morissette a décidé de revenir au stand-up. Dans ce spectacle solo, écrit en collaboration avec François Avard, l’humoriste, devenu producteur, prend le pari de «l’authenticité à 100%». «Je dis tout», lance celui qui parle sur scène de son côté arrogant et de sa femme, Véro, mais aussi du scandale qui a éclaboussé sa famille avec son beau-père Guy Cloutier.
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Inspiré par le spectacle 700 Sundays, de Billy Crystal, Louis Morissette a décidé d’écrire sur son parcours de vie et de carrière. «Cela coïncidait avec la postpandémie, qui amenait des questionnements», dit-il, rencontré dans les bureaux de sa compagnie, Groupe KO. J’arrive à 50 ans, je sens que je suis moins téflon, moins béton. Je suis un peu plus usé par quelques controverses et plusieurs années à rouler dans le tapis.»
Dans ce spectacle, Louis Morissette parle bien sûr de sa femme, Véronique Cloutier, qui partage sa vie depuis plus de 20 ans. «Je ne peux pas parler de mes enfants et de ma vie sans parler d’elle. On est mariés ensemble, on travaille ensemble, on a traversé des tempêtes ensemble. C’est sûr qu’elle est présente.»
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«L’histoire de Guy a tout changé»
Parlant de tempête, la plus grosse qu’il a vécue est sans contredit celle touchant son beau-père, Guy Cloutier, qui a été incarcéré en 2005 pour avoir abusé sexuellement de Nathalie Simard. Louis Morissette n’a pas voulu ignorer ce scandale dans son spectacle. Il va même jusqu’à dire que cet événement a tracé la suite de sa carrière.
«Tout ce qui est arrivé dans la famille de Véro, comment on l’a vécu, j’en parle parce que ç’a défini aussi beaucoup une partie de ma carrière, puis de comment on allait gérer nos affaires, Véro et moi. L’histoire de Guy a tout changé du jour au lendemain. Ç’a été triste pour plein de gens, à plein de niveaux. C’était horrible, en fait. Mais peut-être qu’aujourd’hui, je ne serais pas là [chez KO]. Peut-être que je n’aurais pas ça. À un moment donné, il y a des affaires, des coups de poing dans le ventre qui donnent de belles choses.»
«Le destin est parfois difficile à prédire, poursuit-il. Je n'aurais jamais écrit mon histoire en sortant de l'École de l'humour. Je n'aurais jamais pu tracer le portrait que j'ai aujourd'hui. Mais il y a des beaux côtés et il y a eu des côtés tough [difficiles]. On va parler des deux [dans le spectacle]. [...] Je pense que ça peut être drôle, même dans le tough. En fait, je te confirme que c'est drôle même dans le tough. Mais il faut que ce soit dans l'authenticité, dans la vérité. »
Arrogant et frondeur
Aujourd’hui producteur reconnu et respecté, Louis Morissette raconte avoir développé un côté arrogant et frondeur, qui l’a longtemps suivi, quand il a commencé à fréquenter Véro, en 2001. «J’ai été très arrogant publiquement, pour me cacher, pour me donner une contenance, dit-il. En sortant avec Véro, j’ai été propulsé. Je suis devenu plus connu du jour au lendemain. Il y avait des opportunités sur les plateaux de grandes émissions de télé et je n’étais pas toujours prêt nécessairement. Mon réflexe a été de fronter (prétendre) beaucoup. Fake it till you make it. [faire semblant jusqu’à ce ça fonctionne].»
Il dit avoir roulé lui-même sur cette marque de commerce de l’arrogance. «Jusqu'au point où tu te dis que tu n’es plus capable. Je ne sais pas combien de fois je me suis fait dire par du monde, quand j’allais au Centre Bell par exemple, "toi, tu t’en calisses, lâche pas!". Mais tu ne peux pas t’en calisser tant que ça. Il y a tout l’autre côté du gars qui a mal, qui a peur, qui a de la misère à sortir de son lit le matin. Tout ce côté-là, je n’en parlais pas. Là, je vais en parler.»
L’aventure des Morissette
Louis Morissette songeait à faire un spectacle solo depuis plus de dix ans. En 2012, il avait même écrit un one-man show complet. Mais en le présentant à des amis, il s’est rendu compte que le résultat n’était pas à la hauteur. Il a alors eu l’idée de retravailler les textes pour en faire un duo avec sa femme. Le spectacle Les Morissette était né.
De 2014 à 2017, Véro et Louis ont donné 300 spectacles devant plus de 250 000 spectateurs. À l’automne 2019, les Morissette annonçaient leur retour sur scène pour un deuxième spectacle, l’été suivant. En mars, la pandémie frappait.
Après avoir reporté maintes et maintes fois les dates de la tournée, Véro s’est tournée vers son mari. «Elle m’a dit à un moment donné: si je suis bien honnête, ça ne me tente plus, raconte Louis. C’est un signe. Arrête de déplacer les dates, on ne les fera juste pas. J’étais un peu déboussolé.»
«J’avais vraiment peur»
L’animatrice a alors dit à son conjoint que cette situation était peut-être la fenêtre qu’il espérait pour enfin faire son tour de piste en solo. Louis Morissette a travaillé sur ses textes pendant un an et au printemps, il s’est programmé sept spectacles dans des petites salles, à Longueuil, Terrebonne et Saint-Eustache.
«Je voulais me donner l’opportunité d’arrêter [après cette série], dit-il. Je voulais être en mesure de tirer la plogue. Parce que j’avais vraiment peur. En l’écrivant, je me demandais pourquoi je faisais ça.»
Et pourquoi le faisait-il? Parce qu’il voulait revenir à l’essence même de ce qui l'avait décidé à faire ce métier-là à l’École de l’humour, dans les années 1990, répond-il. «C’est ça que je voulais faire au début [du stand-up]. Ma carrière a tourné différemment.»
Les premiers spectacles-tests ont été concluants et l’humoriste a décidé d’aller de l’avant avec une résidence de 11 dates au mois d’août, à Val-Morin. Cet automne, il prévoit faire une quarantaine de spectacles de rodage. Et à l’hiver 2024, il lancera officiellement à Montréal son spectacle, mis en scène par Pascale Renaud-Hébert.
Avec fiston
Louis Morissette confie aborder cette nouvelle aventure du spectacle solo «avec énormément d’humilité». La seule pression qu’il dit se mettre est de livrer un bon spectacle. «Je ne veux pas faire une affaire gênante. La pression que j’ai par rapport à être le président de l’entreprise, c’est que je ne veux pas que des humoristes ne viennent pas travailler chez KO parce que le boss est ringard.»
Son fils, Justin, fera sa première partie à Val-Morin. Il l’a déjà fait une fois au printemps et aussi le 6 juillet dernier, alors que Louis a été invité à remplacer Jean-Marc Parent au pied levé, au Festival d'humour de l'Abitibi-Témiscamingue.
«Il a ce souhait-là d’être humoriste, dit Louis. Maintenant qu’il a 18 ans, il va dans les bars et il apprend son métier tranquillement. J’avoue que c’est un trip pour moi aussi. Je m’entends super bien avec mon garçon. On est des potes.»
« Je préfèrerais qu’il ne se presse pas à devenir humoriste tout de suite, poursuit Louis. Il n’a que 18 ans et je lui ai dit d’aller à la rencontre de lui-même un peu. [...] Je l’ai mis en garde contre la férocité, c’est un milieu très compétitif. Il y a des gens qui ne vont pas être gentils avec lui parce qu’il est notre enfant et d’autres qui seront trop gentils. »
Louis Morissette sera en rodage au Théâtre du Marais de Val-Morin, du 3 au 26 août. Pour toutes les dates: louismorissette.ca.
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