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Culture

Louis-David Morasse révèle son deuxième métier

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Michèle Lemieux

2024-10-04T10:00:00Z
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Pendant 25 ans, Louis-David Morasse nous a offert des personnages tantôt attachants, tantôt polarisants. Actuellement, c’est dans Alertes qu’il relève un véritable défi d’acteur... tout en pratiquant un autre métier.

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Louis-David, on vous voit actuellement dans Alertes. Est-ce un rôle particulièrement exigeant à tenir?

Oui, c’est le rôle le plus exigeant que j’aie eu à tenir dans ma carrière. Le scénario est tellement bien écrit que nous volons de surprise en surprise. L’équipe est formidable. C’est une belle grosse partition à jouer.

On ne vous avait jamais vu dans ce genre de personnage.

Non. L’année dernière, j’avais auditionné pour un autre rôle, mais on m’a suggéré de prendre le risque d’attendre le prochain. On me voyait vraiment dans l’autre. J’ai repassé une audition pour Laurent Bélanger et j’ai été choisi. Pour tenir ce rôle, je suis content d’avoir beaucoup d’expérience. J’ai une fille du même âge que celle du personnage...

L’homme a aussi été touché?

Oui, ça touche n’importe quel parent. Je me suis servi de ce que j’ai. Je suis très proche de ma fille. Nous avons une relation père-fille très forte. La fille de mon personnage disparaît et meurt. C’est une progression. J’ai toujours été en faveur d’une certaine pudeur pour que le spectateur soit ému. Mais là, je n’avais pas le choix d’ouvrir les vannes et de pleurer en masse. Le rôle est intense du début à la fin. À un moment donné, j’avais peur d’être redondant, caricatural ou d’ennuyer le téléspectateur, mais je pense que nous avons relevé le défi. C’est difficile de jouer dans ces zones et de rester crédible. Je me suis assuré de garder ça vivant.

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Vous avez d’autres projets à l’agenda?

Je joue dans STAT de manière occasionnelle et j’ai un autre projet dont je ne peux pas parler pour le moment. Je suis maintenant membre du conseil d’administration de l’Union des artistes. Nous travaillons fort avec le monde politique et les différentes associations du milieu. Nous sommes en période de crise. C’est difficile d’aller chercher des sous. Il faut sauver notre culture francophone, qui est fragile. Nos enfants regardent les plateformes internationales. Le petit village gaulois que nous formons a été chanceux de survivre jusqu’à maintenant. Pour conserver notre auditoire, il faudrait une plateforme unique, mettre sur pied un Netflix québécois pour qu’on continue de consommer notre culture.

Photo : Patrick Seguin / TVA Pu
Photo : Patrick Seguin / TVA Pu

Le téléroman 4 et demi... a-t-il été votre première série?

Oui, je sortais de l’école. J’ai 28 ans de carrière. J’ai joué dans 35 téléséries. J’en ai, du kilométrage... (sourire) On m’avait proposé ce personnage de poète, rôle que je devais tenir pour deux scènes. Pierre Poirier et Sylvie Lussier ont vraiment aimé ce que j’avais fait et ils ont écrit pour Renaud pendant quatre ans. C’était avant les réseaux sociaux. Les gens nous envoyaient des lettres manuscrites à Radio-Canada. Mon personnage était détestable. Bisexuel, il couchait avec la mère et la fille. Les gens m’haïssaient! Je recevais des lettres d’injures. La dernière année, tout le monde aimait mon personnage.

Photo : / SRC
Photo : / SRC

C’est un rôle qui a eu un grand impact sur votre carrière?

Oui, car à l’époque, il n’y avait pas d’enregistreur. Les gens regardaient la télé en direct. Au plus fort de 4 et demi..., il y avait 2,3 millions de téléspectateurs! J’ai été gâté. Par la suite, Sylvie et Pierre m’ont écrit un rôle dans L’auberge du chien noir. J’ai fait 13 ans au sein de cette série. Puis, je me suis retrouvé dans 5e rang pendant quatre ans. Nous avons fait 20 ou 25 ans ensemble. J’ai été chanceux. J’ai fait des contrats à long terme. Avec O’, ç’a été huit ans. Je suis bien conscient de ma chance. J’ai participé à des shows qui ont eu des cotes d’écoute de plus 1,2 million de téléspectateurs. J’ai été à l’antenne le lundi soir pendant 25 ans.

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À certains égards, c’est une autre époque?

Oui, et je considère que la classe moyenne des acteurs a disparu. On fait maintenant ce métier de façon parascolaire. Il faut faire un autre métier en parallèle. Pendant 25 ans, je pouvais gagner ma vie comme acteur, mais ça n’existe plus.

Faites-vous autre chose en parallèle?

Oui, je suis aussi ébéniste. Ça me permet de me ressourcer ailleurs, de voir d’autres gens. Ç’a été un passe-temps pendant 25 ans parce que ça faisait contrepoids à mon métier d’acteur, qui est dans ma tête. Couper un arbre, le transformer en planches puis en meuble ou en escalier, ça dure toute une vie.

Comment aviez-vous compris que vous étiez destiné au métier d’acteur?

Au secondaire, l’orienteur l’a su avant moi. En troisième secondaire, je suis monté sur scène et j’ai eu la piqûre. Ce n’était pas très encouragé, dans ma famille. Mon père était inquiet, et il avait raison de l’être. Il aurait voulu que je fasse une profession libérale. C’était un administrateur. Il aurait souhaité que je ne choisisse pas un métier instable.

Il souhaitait, à juste titre, plus de sécurité pour son fils?

Effectivement. Je suis entré au cégep dans un autre programme. L’orienteur avait prédit qu’un an plus tard, j’aboutirais ailleurs, et il avait raison. J’ai fait un an de cégep puis j’ai fait mes auditions et je suis entré à Sainte-Thérèse. Papa était très fier de son garçon... (sourire)

Avant de partir, il a vu son fils heureux, qui pratiquait le métier qu’il aimait?

Oui. Je l’ai accompagné jusqu’à la toute fin ce printemps. Nous avons vécu des moments très riches. C’était pendant le tournage d’Alertes. Je jouais de manière intense et je vivais de manière intense.

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L’accompagnement demeure un moment extraordinaire dans une vie.

Oui, et il m’a profondément changé. Mon métier de travailleur autonome a bien des défauts, mais il permet d’avoir du temps. J’en ai eu et j’ai passé trois semaines aux soins palliatifs avec mon père. À nous regarder dans le blanc des yeux. À vivre ce que nous avions à vivre. Jusqu’au dernier souffle. J’ai fait des allers-retours entre le plateau de tournage et les soins palliatifs.

Vous avez eu la chance d’être entouré d’une équipe compréhensive?

J’ai tenu à garder le secret, car je voulais qu’on joue la bonne affaire. Je ne voulais pas qu’on me regarde avec compassion ou pitié, que tout le monde soit ému et que ça me fasse brailler sans que ce soit pour la bonne raison. J’ai voulu rester concentré. Ça demande de la force, quand même... Je dirais que c’est l’expérience, l’apprentissage que j’ai fait auprès de grands acteurs avec qui j’ai eu la chance de travailler. Parfois, ils vivaient des moments difficiles, mais les tenaient secrets. Je me suis rendu compte que c’est nécessaire pour jouer la bonne affaire.

Votre mère, de son côté, a-t-elle vu toute votre carrière?

Oui, et elle a toujours conservé son coeur d’enfant. Comme spectatrice, elle est «premier degré». Si elle voit quelque chose à l’écran, elle m’appelle pour m’en parler. Au théâtre, si elle est dans la salle, elle me parle. Ça m’a toujours fait rire...

Alertes est diffusée les lundis à 21 h, à TVA, et est disponible en rattrapage à TVA+.

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