Lou-Pascal Tremblay s’ouvre sur la maladie de sa mère
Samuel Pradier
Lou-Pascal Tremblay a accepté de se joindre aux ambassadeurs de la 10e édition de la campagne Noeudvembre pour Procure, en soutien aux hommes atteints du cancer de la prostate. Son regard sur la maladie et le milieu hospitalier a changé depuis que sa famille a été touchée par le cancer et qu’il incarne le docteur Jacob Faubert dans la série STAT. Il nous a parlé de cette campagne contre le cancer de la prostate, de mode, mais aussi de la manière dont il vit sa masculinité.
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Lou-Pascal, pourquoi avoir accepté de participer à la campagne Noeudvembre?
Il y a quelques années, on a appris que ma mère était atteinte d’un cancer de l’utérus assez virulent. On s’était fait dire qu’il n’y avait pas d’option de guérison ni de traitement possible, jusqu’à ce qu’elle soit choisie pour tester une nouvelle médication. Ça fait trois ans et demi qu’elle se bat contre la maladie, et on peut maintenant parler de rémission grâce à ce nouveau traitement. J’ai une éternelle reconnaissance envers le corps hospitalier d’avoir pris soin de ma mère à ce point-là. Depuis, tout ce qui touche au cancer vient me chercher. Je suis également associé à des plateformes sur lesquelles les gens paient pour nous demander d’envoyer des messages à leur entourage, et j’avais déjà décidé d’envoyer ces revenus à la Fondation de la recherche sur le cancer.
Est-ce que le fait de jouer un médecin dans STAT t’a aussi sensibilisé à la cause?
Absolument. Jouer un médecin m’a fait réaliser à quel point la vie est fragile, à quel point c'est important de faire des suivis avec son médecin de famille afin de détecter les premiers symptômes de maladie le plus rapidement possible pour s’assurer un bon rétablissement.
Le cancer de la prostate est vraiment un bon exemple, parce que c’est un cancer très virulent, et surtout très sournois. Il n’y a pas beaucoup de symptômes au départ, et si on ne fait pas de suivi avec son médecin, on peut arriver à un stade où il va être trop tard pour guérir. Mais si on le détecte plus tôt, il y a moyen de s’en sortir.
Quelle est ta réaction face à la maladie?
Je ressens beaucoup d’injustice et d’incompréhension face à la maladie. J’ai été super chanceux parce que je n’ai jamais été malade. Je me sens privilégié. Mais dès que la maladie s’attaque aux gens autour de moi, je vis ça comme une injustice.
Tu as 28 ans. C’est un peu normal à ton âge de ressentir une certaine invincibilité face à la maladie, non?
Encore là, STAT m’a fait réaliser que la vie peut être fragile et qu’un accident ou la maladie, ça peut arriver à tout le monde. J’ai toujours été super téméraire. J’ai fait beaucoup de parachute, de la moto, des sports extrêmes... Je suis le genre de gars qui allait se nourrir dans l’adrénaline et le danger. Or, depuis j’ai commencé à jouer dans cette série, j’ai réalisé à quel point on est à un accident de ne plus avoir la même qualité de vie. Ça m’a vraiment ralenti. Je ne sais pas si c’est la peur ou la maturité, mais ça m’incite à réaliser que je suis chanceux, car il y a plein de moments où je me suis mis en danger.
Est-ce que travailler au quotidien dans un hôpital, même s’il est faux, a changé ta vision du milieu médical?
C’est sûr. Ce qui est assez fou, c’est que j’ai parfois l’impression d’être plus souvent Jacob Faubert que Lou-Pascal Tremblay, vu le nombre d’heures que je passe sur le plateau chaque semaine. Tout ça a forcément changé ma perception des médecins, de l’hôpital, des préposés... Pour moi, ce sont des superhéros indispensables qui travaillent dans des conditions terribles. Le pire, c’est que la seule chose qu’on trouve à faire, c’est de se plaindre de notre système de santé et de l’attente aux urgences. On a pourtant un service impeccable qui est accessible et gratuit. J’ai un respect infini envers le personnel du milieu médical. Et puis, il faut dire que, lorsque c’est vraiment grave, on est pris en charge rapidement.
L’as-tu vécu de cette façon avec ta maman?
En effet, elle a été très bien entourée, par des gens qui ne la faisaient pas se sentir comme un numéro. Ils en voient tellement que ça pourrait être le cas, mais quand ça compte, il y a vraiment une empathie et une personnalisation. L’Hôpital général juif et l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont sont les deux établissements où ma mère a été traitée, et les membres du personnel se sont bien investis à ses côtés.
Tu disais que tu étais très sportif. Dans les vestiaires, as-tu l’impression que les hommes se parlent plus facilement qu’avant de leur sexualité, de leurs faiblesses?
Tout à fait. J’ai des amis qui me parlent ouvertement de leur consultation auprès d’un sexologue avec leur conjointe, ou auprès d’un psychologue pour eux. Les commentaires négatifs ou irrespectueux sur les femmes ne passent plus, y compris dans les chambres de hockey. Il y a toujours quelqu’un qui va se lever pour dire que ça ne passe pas. Parler des problèmes qu’on peut avoir avec sa sexualité ou sa santé, ce n’est plus tabou. Les gars abordent de plus en plus ces sujets.
Noeudvembre est aussi une campagne qui met en avant la mode québécoise. Où te situes-tu face à l’évolution de la mode?
J’ai toujours senti que j’avais une responsabilité en tant que personnalité publique de faire preuve d’une certaine élégance. Je salue les gens comme Jay du Temple, un gars qui utilise sa popularité pour briser des codes, se mettre du vernis à ongles ou porter des jupes. Je trouve qu’on est rendus là. Tout ça fait partie du même mouvement — avec le nœud papillon et le cancer de la prostate, qui est encore tabou — d’accepter qui on est et de laisser notre fragilité s’exprimer. Je trouve qu’on progresse, et ça fait du bien.
As-tu l’impression de t’exprimer à travers ton look lorsque tu es en représentation?
Complètement. Même quand je suis tout seul à la maison et que je sais que je ne vais pas sortir, ça me prend des vêtements qui vont exprimer mon énergie de la journée. Quand je suis en représentation, c’est super important, parce que ça me donne vraiment confiance en moi. Les vêtements ont cette capacité de me faire me sentir invincible devant une foule ou un public. Dans les dernières années, j’ai commencé à investir dans des complets. Sartorialto m’a beaucoup inspiré à m’habiller comme l’homme classique.
Tu es un beau garçon, une sorte de sexe-symbole. En es-tu conscient? Si oui, comment utilises-tu ça?
En fait, c’est plutôt quelque chose qui m’a nui dans les dernières années. Je suis quelqu’un de discret, je suis même assez timide par moments. Je suis souvent très concentré, surtout sur un plateau. Mais j’ai un casting qui peut lancer un message d’arrogance. Ça donne l’impression que je suis au-dessus de mes affaires, alors qu’au fond de moi, c’est complètement l’inverse. En même temps, je pense que si tu parlais au plus beau gars du monde, il te dirait qu’il ne se voit pas comme les autres le voient. Je suis un peu dans cette situation. Je vois bien que j’ai quelque chose, mais je ne suis pas capable de l’assimiler. Je n’aime pas qu’on me complimente par rapport à ça, ça me gêne.
Comment définirais-tu ta propre masculinité?
Je n’en ai pas énormément. Je suis vraiment quelqu’un de super sensible. J’ai été élevé seulement avec des femmes: avec deux sœurs et ma mère. J’ai une certaine douceur en moi. Remarque que je fais des choses qui sont associées aux gars: j’ai beaucoup joué au football, au hockey, j’ai fait de la moto... Je dégage un côté un peu masculin, mais je me questionne encore aujourd’hui sur la place de la virilité et du sentiment de devoir être le pourvoyeur de la famille.
On peut voir Lou-Pascal Tremblay dans la série STAT du lundi au jeudi à 19 h, à Radio-Canada. Pour participer à la campagne Noeudvembre de Procure, on peut acheter un nœud papillon signé Philippe Dubuc au prix de 45 $ sur le site procure.ca.
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