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L'article provient de Bureau d'enquête

Un organisateur du parti de Valérie Plante réprimandé

Ce fier partisan de Projet Montréal est aussi fonctionnaire pour la Ville

Laurent Richer-Beaulieu affichait clairement ses couleurs dans sa photo de profil Facebook pendant la campagne électorale de l’automne dernier.
Laurent Richer-Beaulieu affichait clairement ses couleurs dans sa photo de profil Facebook pendant la campagne électorale de l’automne dernier. Tirée de Facebook
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Dominique Cambron-Goulet

21 juin 2022
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Un employé de la Ville de Montréal a enfreint son code d’éthique en œuvrant pour le parti politique de la mairesse Valérie Plante, a appris notre Bureau d’enquête.  

• À lire aussi: Malaise avec la F1 au sein du parti de Valérie Plante

Laurent Richer-Beaulieu, qui travaille dans l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, a fait l’objet d’une enquête interne cet hiver pour avoir participé à des «activités partisanes» interdites par le code d’éthique de la Ville. 

Selon nos informations, M. Richer-Beaulieu s’est fait taper sur les doigts pour avoir été bénévole pour Projet Montréal dans le cadre du recomptage judiciaire des résultats de l’élection de novembre dernier, dans le district de Tétreaultville. 

Au même moment, il était employé responsable du soutien aux élus. 

Quelques semaines plus tôt, il avait pris congé de ses fonctions pour travailler à la campagne de l’équipe du maire de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, Pierre Lessard-Blais, aussi de Projet Montréal. 

Malgré un rapport du contrôleur général de la Ville sur ses activités partisanes déposé ce printemps, M. Richer-Beaulieu n’a pas vu ses fonctions changer. Il est toujours chargé de faire le pont entre la fonction publique et les élus, y compris les deux de l’opposition, Ensemble Montréal, ce qui cause un malaise. 

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«En ayant du personnel qui est politisé, ça devient très compliqué de travailler. Il n’y a pas de lien de confiance avec les employés qui sont censés nous soutenir», juge le conseiller municipal du district de Tétreaultville, Julien Hénault-Ratelle. 

Sa collègue dans Louis-Riel, Alba Stella Zúñiga Ramos, croit que cette situation rend son travail d’élue «très complexe», notamment pour faire des suivis adéquats aux demandes des citoyens. 

Interdit de communiquer

Selon nos informations, le climat est tendu depuis des mois à l’arrondissement. 

Ici, on le voit en train de faire du porte-à-porte en 2017 avec l’actuel maire de Rosemont, François Limoges.
Ici, on le voit en train de faire du porte-à-porte en 2017 avec l’actuel maire de Rosemont, François Limoges. Tirée de Facebook

Les deux élus de l’opposition indiquent que le maire Lessard-Blais leur a interdit de communiquer avec les fonctionnaires, à l’exception des employés de soutien aux élus.

«Nos questions sont filtrées par cette équipe [avec M. Richer-Beaulieu, NDLR], affirme Mme Zúñiga Ramos. On nous revient toujours oralement et des fois on refuse de nous répondre.» 

Contacté par notre Bureau d’enquête, M. Richer-Beaulieu affirme avoir suivi les recommandations de son supérieur et des ressources humaines, avant de prendre un congé sans solde pour participer à la campagne électorale.  

Il n’a toutefois pas voulu répondre à notre question sur sa participation au recomptage judiciaire.  

«Si [ma] situation cause un malaise à une personne élue, cette dernière ne m’en a jamais fait part personnellement. Pendant 4 ans, j’ai accompli mes fonctions avec intégrité et loyauté envers la Ville», a-t-il indiqué dans un message écrit. 

Pas d’enjeu, selon le parti

La directrice de cabinet du maire Lessard-Blais, Marie Depelteau-Paquette, juge pour sa part que le sujet est clos depuis le rapport du contrôleur. 

«C’est un employé extrêmement compétent. Le directeur d’arrondissement ne m’a pas recommandé de le retirer ou modifier ses responsabilités. Je comprends que [les élus de l’opposition] n’aient pas confiance, mais ils n’ont pas plus confiance en moi», dit celle qui était auparavant directrice générale de Projet Montréal. 

Mme Depelteau-Paquette assure que la centralisation de l’information est une «question d’efficacité» et qu’il n’y «a pas de filtre».  

«C’est la façon de procéder depuis 2018 pour éviter de poser trop fréquemment les mêmes questions aux différentes directions», dit-elle. 

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