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L'article provient de Le Journal de Montréal
Santé

L’OMS se défend après l’annonce du retrait américain

AFP
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2025-02-03T15:20:13Z
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Le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a balayé lundi les critiques de Donald Trump après l’annonce du retrait américain de l’organisation, conseillant à Washington de faire plutôt des «suggestions» de réforme. 

• À lire aussi: Branle-bas de combat à l’OMS pour s’adapter avant le départ des États-Unis

«Nous regrettons cette décision et nous espérons que les États-Unis», premier donateur de l’OMS, «vont la reconsidérer», a déclaré M. Tedros, devant le Conseil exécutif de l’OMS, qui se réunit du 3 au 11 février à Genève.

Il a rappelé que des mesures d’économies ont déjà été prises ces derniers jours pour affronter le départ américain mais a plaidé en faveur d’un «dialogue constructif pour préserver et renforcer les relations historiques entre l’OMS et les États-Unis».

Les États-Unis avaient entamé des démarches pour quitter l’OMS lors du premier mandat de M. Trump en 2020. Son successeur Joe Biden y avait mis un terme, avant le retrait effectif.

Donald Trump justifie sa décision par l’écart entre les contributions financières américaines et chinoises et accuse l’OMS d’» arnaquer» les États-Unis, principal donateur de l’organisation à hauteur d’un plus de 16% de son budget.

Le décret rappelle que les États-Unis avaient décidé de se retirer en 2020 en raison notamment de la «mauvaise gestion» par l’OMS de la pandémie de Covid-19, «de son incapacité à adopter d’urgence les réformes nécessaires et de son incapacité à faire preuve d’indépendance vis-à-vis de l’influence politique inappropriée d’États membres».

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M. Tedros a balayé ces accusations, faisant valoir qu’» au cours des sept dernières années (...) l’OMS a mis en œuvre les réformes les plus profondes et les plus vastes de son histoire», que ce soit en matière de stratégie, partenariats, financement, personnel ou culture.

«Gardienne de la santé mondiale» 

«Nous croyons en l’amélioration continue et nous serions heureux de recevoir des suggestions des États-Unis, et de tous les États membres, sur la manière dont nous pouvons mieux vous servir, vous et les peuples du monde. Aussi, bien que nous fassions de nombreuses réformes, les suggestions supplémentaires sont les bienvenues», a affirmé le chef de l’OMS.

Il a défendu les mesures prises face au Covid et réfuté les accusations d’influence, assurant que «l’OMS est impartiale». Il a aussi souligné que l’OMS s’efforçait d’élargir sa base de contributeurs pour réduire sa «dépendance excessive à l’égard d’une poignée de donateurs».

De nombreux responsables et délégués de plusieurs pays lui ont apporté leur soutien, dont la vice-Secrétaire générale de l’ONU, Amina Mohammed : «L’OMS est la gardienne de la santé mondiale».

Le représentant français Gregory Emery, directeur général de la Santé, a souligné que «face aux crises qui redessinent le monde, nous avons plus que jamais besoin d’une OMS forte, légitime et efficace».

Soulignant le «rôle central» de l’OMS, la Chine appelle à définir des «indicateurs de performance du rapport coût-efficacité au niveau de l’utilisation des contributions des États membres», a déclaré pour sa part le représentant chinois, indiquant que son pays demande plus d’» efficacité» et de «transparence» et espère que l’organisation «se concentre sur ses responsabilités essentielles».

Le Dr Asher Salmon, responsable au sein du ministère israélien de la Santé, a dit craindre qu’il y ait «une perte d’intérêt» vis-à-vis de l’OMS après le retrait américain, appelant à «éviter un effet domino».

Énumérant ce que l’OMS devait faire, il a appelé à «aller plus loin» dans les réformes structurelles, «et ce y compris en recentrant l’organisation sur ses fonctions essentielles» liées notamment à la santé publique et aux urgences.

Le retrait américain, qui entrera en vigueur fin janvier 2026, sera au cœur des discussions du Conseil exécutif de l’OMS, composé de 34 pays élus, lors de l’examen du budget 2026-2027 (sur deux ans).

Le projet prévoit plus de 7,4 milliards de dollars, soit 639 millions de plus que le précédent. Le départ américain risque de peser dans la balance. La décision finale sur le budget sera prise en mai, lors de la réunion annuelle des membres de l’OMS.

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