L’infertilité en hausse: le Québec n'est pas épargné


Geneviève Lajoie
L’infertilité est en hausse et la Belle Province n’est pas épargnée par ce phénomène mondial, explique le fertologue Pierre Miron, pionnier de la fécondation in vitro au Québec.
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«Définitivement, il y a une augmentation des problèmes de fertilité, tant chez la femme que chez l'homme, il y a vraiment une atteinte, constate-t-il. Il y a même des gens qui prédisent qu'en 2045, il y aura peut-être la moitié des hommes qui seront infertiles».
Chez monsieur, l’observation de cette tendance est plus facile et passe par l’analyse de la qualité du sperme au microscope. C’est parfois contesté, mais la majorité des articles scientifiques démontrent une détérioration des spermatozoïdes, qui ne sont plus en nombre suffisant et plus assez mobiles, souligne le fondateur de la clinique Fertilys.
Il se souvient d’une étude lorsqu’il pilotait jadis le programme d’insémination artificielle à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont qui démontrait une réduction du nombre de spermatozoïdes d’année en année. «On voyait des chutes de la numération».
Une analyse publiée dans The Lancet en mai 2024 constate une baisse continue de la fertilité, alors que le taux de fécondité mondial a chuté de 4,84 en 1950 à 2,23 en 2021. Le nombre d’enfants par femme est même sous le seuil de remplacement dans plus de la moitié des pays et territoires. Et l’avenir n’est pas plus rose: le taux de fécondité mondial pourrait baisser à 1,83 en 2050, selon les projections.
L’environnement et le McDonald’s
Bien sûr, il y a des causes sociales, comme le fait que les couples ont des enfants à un âge plus avancé qu’avant. La fertilité des femmes, par exemple, diminue progressivement à partir de 35 ans. Mais c’est loin d’être le seul facteur.
«On est exposés quotidiennement à des toxiques environnementaux, des perturbateurs endocriniens, [...] la pollution», souligne le Dr Miron.
Sans parler des habitudes de vie qui influencent aussi la fertilité. Pierre Miron évoque les problèmes de surpoids, les aliments transformés, la malbouffe, le tabagisme ou la drogue.
«Il y a des études où ils ont mis des jeunes sur une diète de McDonald's tout le temps, on voit une chute importante de la mobilité des spermatozoïdes», insiste-t-il.
La famille, la base d’une société
Le recours à la procréation médicalement assistée est conséquemment en hausse, une augmentation qui ne risque pas de s’essouffler, si l'on en croit le Dr Miron.
«La cellule familiale, c'est la base d'une société, ça ne changera pas. Donc les gens qui essaient de fonder une famille, qui ne sont pas capables, ils ont besoin d'aide», renchérit le fertologue.
Sa clinique Fertilys a fait le choix il y a trois ans de se désaffilier du programme public, qui prévoit la gratuité d’un traitement de fécondation in vitro. Mais les patients qui fréquentent sa clinique ont tout de même droit au crédit d’impôt remboursable.
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