5 ans après son AVC, Josée Boudreault se confie sur l’importance d’être bienveillant envers soi-même
Michèle Lemieux
Victime d’un AVC il y a cinq ans, la conférencière et auteure aurait pu se laisser abattre, mais au contraire! D’un naturel optimiste, Josée Boudreault a continué à mettre en pratique des clés essentielles au bonheur en prenant soin d’elle et en évitant de se juger. Avec son amoureux, Louis-Philippe Rivard, elle nous fait part de ses réflexions dans Sois ta meilleure amie même quand la vie te surprend. Un hymne à l’indulgence et à la bienveillance envers soi.
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Josée et Louis-Philippe, donnez-vous toujours des conférences?
Josée: Nous n’avons jamais arrêté. Nous sommes à présent deux à les faire, et je trouve que c’est mieux qu’avant. Nous avons du plaisir ensemble.
Louis-Philippe: Nous donnons deux conférences en présentiel et en virtuel: une qui parle de la vie de couple et une qui parle de bonheur. En raison des événe- ments de la dernière année et demie, nous avons ajusté cette dernière.
En outre, vous avez sorti un troisième livre.
L.-P.: Sois ta meilleure amie même si la vie te surprend fait suite à Sois ta meilleure amie et Sois ta meilleure amie encore plus!
J.: Ça fait cinq ans que j’ai eu mon AVC. Jamais je n’ai dit que je n’étais pas heu- reuse. Je suis encore pleine de vie et dans le bonheur au boutte! Ce que je propose, ça marche!
Vous proposez toutes sortes de conseils.
L.-P.: Oui. L’AVC a bouleversé sa vie. Ça aurait pu tout changer, mais ce n’est pas le cas. Nous avons compilé tout ce qui nous semble avoir aidé Josée à être plus heu- reuse. Par exemple, ne pas avoir peur de l’imperfection. Si Josée avait attendu d’être parfaite pour donner des conférences, nous n’en aurions pas encore fait! Souvent, le désir de perfection nous paralyse, mais c’est parfois une excuse pour ne rien faire. Josée prend soin d’elle, elle est sa meilleure amie, elle ne se juge pas quand elle vit des choses plus difficiles, comme avoir du mal à s’exprimer. Elle a toujours fait preuve de beaucoup d’humour et très vite elle nous a donné le droit de rire de ses erreurs. Comme elle riait d’elle, cette autodérision nous a vraiment aidés. Nous vivons tous des changements non désirés. Il faut quand même trouver le moyen d’être joyeux.
Josée, vous avez déjà confié que vous appréciez votre vie en vous disant que vous pourriez ne plus être des nôtres?
J.: Oui, même si je pense rarement à cela. Je suis encore en vie, et c’est le plus important. Je suis vraiment chanceuse.
L.-P.: J’y pense plus souvent que Josée. J’ai vécu les choses dif féremment. Pendant qu’elle se faisait opérer, moi, j’étais dans l’attente à l’hôpital. J’ai eu très peur de la perdre. Je me disais qu’elle ne se souviendrait peutêtre pas de moi à son réveil, qu’elle allait peutêtre être en fauteuil roulant, qu’elle pourrait être paralysée, qu’elle ne parlerait peutêtre plus. Le médecin m’a dit que c’était une grosse opération et qu’il ne pouvait pas prévoir dans quel état Josée serait après. Finalement, elle ne pouvait pas dire mon nom, mais elle se souvenait de moi.
J.: Je savais que j’avais trois enfants, mais j’avais oublié com ment ils s’appelaient. Je n’avais plus qu’un mot: «Envoye!» J’en ai fait du chemin avec ce mot! (rires)
L.-P.: Au début, elle était paralysée du côté droit, mais lente ment, tout est revenu à la normale.
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Comment avez-vous surmonté cette épreuve?
L.-P.: Quand il y a un changement, nous nous accrochons souvent au passé. Que ce soit lors d’une épreuve ou avec la pandémie, quand les choses changent, il faut essayer de faire autre chose.
J.: Il faut rester positif. Les filles n’ont jamais trouvé que ce que je vivais n’était pas drôle. Nous avons toujours été heureux quand même.
Votre attitude a dû faciliter les choses.
L.-P.: Ce n’était pas toujours drôle, mais nous étions conscients que nous avions l’occasion d’inspirer nos enfants. Pas tout de suite, mais plus tard. Si elles font face à des difficultés un jour, elles vont peutêtre penser à leur mère et s’inspirer d’elle.
J.: Louis-Philippe a été formidable, lui aussi. Nous sommes ensemble pour la vie, et je le pense vraiment. Nous sommes forts, ensemble. Je sais qu’il est le meilleur partenaire pour moi et inversement.
L.-P.: Nous sommes ensemble pour les bonnes raisons. Quand c’est arrivé, très rapidement Josée a fait la paix avec le passé et s’est faite à l’idée que rien ne serait plus jamais comme avant. Accepter, ce n’est pas abandonner: c’est voir la réalité en face. Il faut accepter ces choses sur lesquelles on n’a pas de contrôle pour nous concentrer sur celles sur lesquelles nous en avons.
J.: Nous ne sommes pas tous pareils sur ce plan. Certains ont besoin de beaucoup de temps. Nous, nous nous sommes vite adaptés. J’ai compris qu’on peut faire le mieux possible, et qu’au fond, les gens aiment qu’on soit vrai, et c’est ça le plus important.
Josée, diriez-vous que vous avez réussi à devenir votre meilleure amie?
J.: Oui. En fait, je l’étais avant. Je faisais attention à moi et j’ai continué à le faire. Tout se passe à l’intérieur de soi. C’est une question d’attitude. La vie est courte, la vie est belle, il faut faire avec ce qu’elle nous offre.
L.-P.: Josée se connaît bien. Elle sait ce qui est bon pour elle et ce qui fonctionne pour elle. Elle sait se parler: elle est bien veillante envers ellemême. C’est ça, être sa meilleure amie. Parfois, compte tenu de notre façon de nous traiter, on est notre pire intimidateur... Josée se trouve bonne et même si elle se trompe, elle trouve le moyen d’en rire.
Sois ta meilleure amie même quand la vie te surprend est publié chez Un monde différent.
Le couple sera au Salon du livre de Montréal en novembre.
Pour en savoir plus sur ses conférences: joseeboudreault.com.