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L'article provient de TVA Nouvelles
Monde

L’impact limité des restrictions économiques sur la Russie

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Anne Caroline Desplanques | Bureau parlementaire

2022-02-25T03:14:07Z
2022-02-25T03:28:32Z
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Le Canada, les États-Unis et l’Union européenne ont envoyé hier une salve de sanctions économiques sur la Russie, mais à court terme elles risquent fort de n’avoir que bien peu d’impact sur la trajectoire des bombes qui pleuvent sur l’Ukraine.

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Historiquement, on sait que « les sanctions économiques ne sont pas efficaces pour stopper les guerres », indique Dane Rowland, professeur à l’École des Affaires internationales Norman Paterson, à l’Université Carleton. Les sanctions n’ont d’ailleurs pas empêché Moscou d’annexer la Crimée en 2014, un autre territoire arraché à l’Ukraine.

« Au final, ces sanctions font plus mal aux gens ordinaires qu’au régime », déplore M. Rowland, qui travaille notamment sur l’économie des conflits et le maintien de la paix.

Importante réserve  

Les sanctions économiques, explique-t-il, sont efficaces comme outils dissuasifs avant qu’une guerre éclate, « mais là, on voit que les Russes ont fait leurs calculs et qu’ils considèrent qu’ils ont plus à gagner qu’à perdre ».

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Il faut dire qu’avant d’attaquer, Moscou a constitué d’importantes réserves pour pouvoir vivre en autarcie dans l’éventualité où le pays serait isolé économiquement. Fin 2021, les réserves d’or de la Russie s’élevaient à 2298,5 tonnes contre 450 tonnes en 2007, d’après le World Gold Council. 

À cela s’ajoute la hausse fulgurante du prix du pétrole provoquée par l’invasion, qui va bénéficier à l’économie russe, grande productrice d’hydrocarbures. Le baril a passé la barre des 100 $, une première depuis 2014.

 Consultez notre dossier complet sur l'invasion russe en Ukraine 

Isolement bancaire  

Seul exclure la Russie du système Swift, le réseau mondial de messagerie interbancaire, pourrait rapidement donner un grand coup à la Russie, indique M. Rowland. Ceci aurait pour conséquence de stopper l’import--export russe et de paralyser les banques. C’est ce que réclame Kiev, avec l’appui de Londres.

« Je ne serai pas diplomatique à ce sujet. Tous ceux qui doutent encore qu’il faille bannir la Russie de Swift doivent comprendre que le sang d’innocents ukrainiens, hommes, femmes et enfants, sera sur leurs mains », a déclaré sur Twitter hier le ministre des Affaires étrangères ukrainien, Dmytro Kuleba.

Mais le Canada et les États-Unis ne se sont pas encore résolus à utiliser cette arme économique et l’Allemagne et l’Italie s’y opposent. Il faut comprendre que « ça empêcherait l’Allemagne de payer son gaz à un moment où la demande est à son plus haut, en hiver », indique M. Rowland.

Écoutez l'entrevue de Patrick Déry avec Yann Breault, spécialiste de la politique étrangère de la Russie et des États de l’ex-URSS sur QUB radio : 

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