L’immigration, un sujet trop «délicat», selon François Legault
Legault préfère mettre ses demandes au fédéral sur la glace


Geneviève Lajoie
François Legault ne monte pas au front pour réclamer à Justin Trudeau des pouvoirs du fédéral en matière d’immigration durant la campagne électorale, car le sujet est trop «délicat».
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Le chef de la CAQ sort échaudé des controverses entourant plusieurs de ses déclarations sur les nouveaux arrivants, qui ont mis le feu aux poudres non seulement au début du marathon électoral, mais dans les derniers mois. Au point où il ne souhaite plus aborder cet enjeu pourtant fondamental pour le Québec, qui est aux prises avec de graves problèmes de pénurie de main-d’œuvre.
«C’est délicat, l’immigration. C’est délicat de parler d’immigration; il y en a qui s’amusent rapidement à faire des amalgames», lâche le premier ministre sortant, dans une entrevue éditoriale accordée à notre Bureau parlementaire en marge de la campagne.
Au printemps, François Legault avait subi les foudres de l’opposition après avoir déclaré que le Québec risquait de devenir «une Louisiane» si Ottawa ne lui cédait pas les pleins pouvoirs en immigration. On l’avait également accusé de manquer de cœur et de diviser le Québec en qualifiant l’histoire réussie d’intégration d’un élu libéral d’origine colombienne «d’anecdote». Sans parler du lien qu’il a fait entre la violence et l’immigration en début de campagne.
«Je dis qu’il faut les intégrer au français et même ça, c’est délicat. Vous avez vu comme moi, il y avait des députés libéraux qui disaient: “C'est ben effrayant de dire ça!”», se désole le chef caquiste.
François Legault assure ne pas avoir changé d’idée quant aux pouvoirs que devrait assumer le Québec en matière d’immigration, mais il n’est plus aussi incisif. Le rapatriement des pouvoirs n’est plus impératif. «La demande la plus importante au gouvernement fédéral, c’est la demande d’exiger que les nouveaux arrivants parlent français le plus possible et idéalement, qu’ils soient choisis par le gouvernement du Québec.»
- Écoutez l'entrevue intégrale avec François Legault réalisée par Geneviève Lajoie, Rémi Nadeau et Antoine Robitaille pour le compte du Journal et QUB radio :
«Vent de face» pour le 3e lien
S’il y a un autre sujet délicat pour François Legault, c’est le troisième lien controversé entre Québec et Lévis. Le premier ministre sortant reconnaît qu’il a un «vent de face» dans ce dossier.
«J'aurais pas dû le dire comme ça, mais il y a des gens à Montréal, incluant des chefs de parti, qui essaient de ridiculiser ce projet-là, alors qu'on en a besoin!», plaide le chef de la CAQ.
Selon lui, ce n’est pas parce que ses réponses sur le bitube sous-fluvial de 6,5 milliards $ ne sont pas satisfaisantes que le sujet fait les manchettes. «J’ai eu des questions chaque jour là-dessus depuis 25 jours; à un moment donné, justement, c’est pas moi qui choisis les questions des journalistes!», peste-t-il.
Aux yeux de François Legault, si la CAQ ne séduit pas tant les jeunes, ce n’est pas en raison du tunnel à quatre voies sous le fleuve Saint-Laurent qui plombe le bilan environnemental. «Ce que je trouve malheureux, c’est que pour les jeunes, la priorité, ça ne devrait pas juste être l’environnement, ça devrait être l’éducation.»
François Legault a répété qu’il n’exclut pas de faire un troisième mandat comme premier ministre, s’il est encore populaire auprès des Québécois et que sa santé le lui permet.
À ceux qui lui trouvent un air maussade ces jours-ci dans les mêlées de presse, le chef de la CAQ rétorque que les questions incessantes sur le tunnel l’exaspèrent. «Bien, écoutez, ça fait 25 jours que je me fais parler du troisième lien, j’aimerais ça vous voir à ma place», dit-il en s’esclaffant.
– Avec la collaboration d'Antoine Robitaille et Rémi Nadeau
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