Illustrer l’horreur de la guerre: rencontre avec l’artiste ukrainienne Tanya Voskoboikyk
Élizabeth Ménard
Quitter son pays et tout laisser derrière par obligation, parce que notre vie en dépend: c’est ce que l’illustratrice Tanya Voskoboikyk voulait traduire sur la une de notre plus récent numéro consacré aux histoires tragiques des réfugiés ukrainiens.
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Les illustrations de Tanya Voskoboikyk ne portent habituellement pas sur la guerre. Ses créations sont colorées et pleines de vie, mais elle a accepté ce mandat du 24 heures sans hésiter.
«En fait, ça m’a fait du bien. Je n’avais pas dessiné depuis le début de la guerre alors ce fut un soulagement», confie-t-elle.
L’illustratrice s’est inspirée de ces photos qui ont fait le tour du monde où on voit de longues files d’attente de réfugiés à la frontière avec la Pologne.
«Je regardais les gens et j’essayais de capturer leur émotion, dit-elle. Ils ont quitté leur foyer, pas parce qu’ils ont envie de voyager, mais parce qu’ils n’ont pas le choix. Ils ont tout laissé derrière.»
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Sa vie en Ukraine
Pour la majeure partie de sa vie, Tanya a vécu en Ukraine. La femme de 28 ans a émigré au Canada avec ses parents et son mari il y a seulement un an.
Elle compte encore plusieurs membres de sa famille et des amis dans le pays qui fait face à l’envahisseur russe depuis le 24 février.
«Ma famille ne veut pas quitter pour le moment. Ils sont très patriotiques, je dirais. Ils veulent protéger leur maison et leur terre, explique l’illustratrice. Nous gardons cet espoir que la guerre va finir et que tout va bien se passer.»
Elle a aussi des amis qui sont près de la capitale, Kyïv, et ne peuvent simplement pas quitter parce que c’est trop dangereux.
«Ils sont dans le sous-sol de leur maison et depuis quatre jours nous n’avons plus vraiment de connexion avec eux. Nous sommes très inquiets», confie-t-elle.
D’autres ont tout perdu.
«J’ai des amis qui se construisaient une maison et elle a brûlé. Maintenant ils doivent quitter parce qu’il n’y a plus de place sécuritaire pour eux en Ukraine», souligne-t-elle.
Depuis le début de la guerre, Tanya confie avoir beaucoup de difficulté à travailler et même à penser à quoi que ce soit d’autre.
Mais elle garde espoir et avance un jour à la fois, dit-elle.