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Levée des mesures sanitaires: les antivax ont-ils gagné?

MARTIN ALARIE / AGENCE QMI / JOURNAL DE MONTREAL
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Photo portrait de Genevieve            Abran

Genevieve Abran

2022-02-18T22:41:32Z
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L’annonce de la levée de presque toutes les mesures sanitaires et du retrait progressif du passeport vaccinal au Québec arrive alors que des opposants au vaccin et aux mesures sanitaires se font entendre au Québec et partout au pays. Est-ce dire qu’ils ont gagné? Les gouvernements ont-ils plié face aux demandes des manifestants? Pas du tout, assurent deux expertes en santé publique.  

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«Non, [les manifestants antivaccins] n’ont pas gagné», insiste Vardit Ravitsky, présidente de l’Association internationale de bioéthique et professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal et à la Harvard Medical School.  

«Ce que je trouve frustrant, c’est cette impression qu’une minorité violente, agressive et raciste à Ottawa cause ce changement dans les mesures sanitaires», déplore-t-elle.   

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C’est la situation qui le permet  

Après deux ans de pandémie, elle a pourtant du mal à croire que certaines personnes peuvent penser que le gouvernement déconfine sans tenir compte de la science.  

Ce sont les données épidémiologiques qui justifient le retrait graduel des mesures sanitaires et du passeport vaccinal, poursuit-elle. «Avec le taux des hospitalisations qui se calme, il y a moins de justifications de mettre une pression sur la vaccination avec le passeport vaccinal.» 

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Rappelons que le ministre de la Santé, Christian Dubé, a annoncé plus tôt cette semaine que le passeport vaccinal serait progressivement retiré, avant de disparaître complètement le 14 mars prochain.  

Stevens LeBlanc/JOURNAL DE QUEBEC
Stevens LeBlanc/JOURNAL DE QUEBEC

Un plan de déconfinement sécuritaire  

Pour l’épidémiologiste Nimâ Machouf, le haut taux de vaccination au Québec et le faible degré de dangerosité du variant Omicron permettent au gouvernement de déconfiner de manière sécuritaire.  

Elle estime qu’environ trois millions de Québécois ont contracté la COVID-19 depuis l’arrivée du variant Omicron, ce qui réduit les risques liés au virus et la pression sur les hôpitaux.   

Photo d'archives Agence QMI, Toma Iczkovits
Photo d'archives Agence QMI, Toma Iczkovits

En février, le directeur national de santé publique par intérim, le Dr Luc Boileau, affirmait pour sa part qu’au moins deux millions de Québécois avaient été infectés par le virus depuis décembre.   

Stevens LeBlanc/JOURNAL DE QUEBEC
Stevens LeBlanc/JOURNAL DE QUEBEC

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Une question d’épuisement pandémique?  

Si les convois d’Ottawa et de Québec font beaucoup de bruit ces dernières semaines, l’écœurantite vis-à-vis des mesures sanitaires se fait ressentir bien au-delà de cette frange de la population.   

En janvier, un sondage Léger, commandé pour La Presse canadienne, révélait en effet que le taux de satisfaction face aux mesures sanitaires était passé de 79% au début du mois de novembre à 65% en date du 9 janvier.  

«On est rendu là», lance tout simplement Nimâ Machouf. Elle ne croit toutefois pas que cette fatigue pandémique a influencé les récentes annonces en lien avec le déconfinement.  

Il faut toutefois le reconnaître: l’efficacité des mesures mises en place par le gouvernement dépend de l'adhésion de la population. «On ne peut pas mettre des mesures si personne ne va les respecter», mentionne Vardit Ravitsky.   

Or, si un nouveau variant plus contagieux ou virulent venait à apparaître, les deux expertes sont persuadées que les Québécois seraient en faveur d’un retour de consignes sanitaires plus strictes. 

Le ministre Dubé a averti qu’il n’hésiterait pas à le rendre obligatoire à nouveau dans l’éventualité d’une prochaine vague. 

Avec des informations de Patrick Bellerose

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