Les vaccinés représentent 50% des nouveaux cas: le vaccin toujours efficace?
Gabriel Ouimet
Alors que la pandémie reprend des forces au Québec, les vaccinés représentent environ 50% des nouveaux cas de COVID-19. Est-ce dire que le vaccin ne fonctionne pas? Non, répond le Dr Alain Lamarre, virologue, professeur et chercheur en immunologie à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS). On vous explique.
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Christian Dubé rapportait hier, en conférence de presse, que plus de 30 000 personnes avaient contracté le virus au cours des 28 derniers jours dans la province et qu’un nombre important de ces nouveaux cas étaient dus aux personnes non vaccinées.
«Cinq cent cinquante de ces cas sont allés à l’hôpital, dont 150 aux soins intensifs. Les non adéquatement vaccinés représentent plus de 50% des nouveaux cas, et deux tiers des cas aux soins intensifs», a-t-il mentionné.
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Pourquoi autant de vaccinés?
C’est donc dire que presque la moitié des personnes nouvellement infectées étaient adéquatement vaccinées. Comment l'expliquer? Ce serait notamment parce que ces personnes «représentent une bien plus grosse portion de la population», selon le Dr Lamarre.
Effectivement, les vaccinés représentent 90% de la population admissible à la vaccination. Il est donc statistiquement vraisemblable qu’une bonne partie des nouvelles infections soient détectées dans ce groupe. Les non-vaccinés, qui ne représentent que 10% de la population admissible au vaccin, représentent quant à eux l'autre moitié des nouveaux cas.
Et les chiffres de la dernière semaine et demie (du 6 au 14 décembre), partagés par Santé Québec, sont clairs: comparativement à une personne doublement vaccinée, les non-vaccinés sont en moyenne trois fois plus à risque de contracter le virus, et environ 15 fois plus à risque d’être hospitalisés.
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Les vaccins ne sont pas efficaces à 100%
Une autre raison explique que certaines personnes adéquatement vaccinées contractent le virus: les vaccins ne protègent pas complètement.
«Même dans les études cliniques, dans les meilleures conditions, on avait des résultats entre 90 et 95% d’efficacité. Il reste donc 5 à 10% de gens qui ne sont pas tout à fait protégés», explique Alain Lamarre.
De manière générale, ces 5 à 10% de vaccinés représentent toutefois des cas asymptomatiques ou peu sévères, poursuit le virologue, ajoutant que le vaccin est «très efficace» contre les formes plus sévères de la COVID-19.
Attention aux mesures sanitaires
Autre constat: certaines personnes vaccinées ont tendance à délaisser – en partie du moins – d’autres consignes sanitaires, comme la distanciation et le lavage des mains, par exemple, ce qui est déconseillé.
«Nous devons continuer à appliquer les mesures sanitaires, vaccinés ou pas», dit-il.
L’immunité n’est pas la même pour tout le monde
Ensuite, il faut comprendre que l’immunité dépend d’une multitude de facteurs qui varient d’un individu à l’autre.
«Chaque système immunitaire est différent, donc les gens ne répondent pas tous de la même façon à un vaccin. Il y a des prédispositions génétiques qui font en sorte que certaines personnes répondent mieux que d’autres. Certains facteurs, comme l’âge ou la comorbidité, ont aussi un impact», explique le virologue.
D’ailleurs, l’efficacité des vaccins a tendance à diminuer plus rapidement chez ces personnes, les rendant plus à risque de contracter le virus.
«L’immunité ne reste pas au niveau maximal toute notre vie. On sait qu’après six mois, différentes études ont montré que l’immunité peut diminuer de façon importante», poursuit-il.
Cette baisse d’immunité, combinée à l’arrivée du variant Omicron dans la province, devrait, selon lui, inciter les gens à se prévaloir d’une troisième dose de vaccin quand cela sera possible.
«Actuellement, c’est difficile d’obtenir des rendez-vous, donc ce n’est pas qu’une question de volonté, mais, quand il y aura des plages offertes, il ne faut pas hésiter à y aller, puisque ça fait juste augmenter notre immunité», conclut-il.