Les tendances de la tech en 2022
Agence France-Presse
Des voitures autonomes au métavers, le monde de la tech bruisse de promesses. En 2022, Waymo (Google) va continuer à tester ses véhicules sans chauffeurs dans différentes villes américaines et Facebook, devenu Meta, va ajouter des briques à la construction de son métavers, un univers parallèle accessible via la réalité virtuelle et la réalité augmentée.
Mais ces visions futuristes ne vont pas se matérialiser au quotidien avant longtemps. Le point sur les tendances à suivre dès l'année prochaine.
Viandes et fromages biotech
«2022 sera l'avènement de la nourriture fabriquée à partir de protéines végétales», prédit David Bchiri, président de la société de consultants Fabernovel aux États-Unis.
De New York à San Francisco, les alternatives à la viande sont devenues des produits de base dans de nombreux ménages, notamment grâce à Beyond Meat et Impossible Food, dont les aliments à base de végétaux se rapprochent de la texture, de la saveur et des prix d'un steak haché de boeuf, notamment.
Leur offre répond notamment à la demande des écologistes: l'élevage industriel est responsable de 14% des émissions anthropiques de gaz à effets de serre, selon les Nations unies.
D'ici 2027, le marché mondial des viandes à base de plantes devrait représenter 35 milliards de dollars (contre 13,5 milliards en 2020), notamment grâce à l'expansion au-delà des États-Unis, selon un rapport de Research and Markets.
«Les produits sont mûrs et bons. On va voir des groupes agroalimentaires racheter des marques qui démarrent et on va basculer de l'innovation à l'industrialisation», assure David Bchiri.
Les fromages ne sont pas épargnés: la marque Babybel a lancé cette année des produits vegan.
Web décentralisé
La première phase du web a été celle de la création des blogues et des sites internet, comme Yahoo, eBay ou Amazon. Est venu ensuite le web 2.0, l'ère actuelle, dominée par les réseaux sociaux et le partage de contenus.
Les plateformes comme Facebook et YouTube «ont le contrôle et récoltent les revenus» publicitaires, résume Benedict Evans, un analyste indépendant spécialiste de la Silicon Valley.
Sur le web 3.0, «les utilisateurs, créateurs et développeurs possèdent des parts (du site) et peuvent voter», comme dans une coopérative, a-t-il expliqué récemment dans son podcast.
Cette nouvelle étape est fondée sur la technologie de blockchain, qui a permis l'essor des cryptomonnaies (bitcoin, ethereum, etc.) et des NFT (certificats d'authenticité numérique pour des contenus en ligne).
«On parle beaucoup de finance décentralisée, mais je pense qu'en 2022, on va voir des cas d'usage plus localisés, qui vont rentrer dans la vie de tous les jours», intervient David Bchiri.
La ville de Miami, en Floride, a récolté plus de 20 millions de dollars grâce à sa cryptomonnaie, créée en collaboration avec CityCoins, un protocole open source conçu spécialement pour les municipalités qui cherchent des moyens alternatifs de lever des fonds. New York s'est aussi lancée début novembre.
Mais ces technologies ont un impact environnemental non négligeable, à cause des besoins massifs en électricité des réseaux d'ordinateurs et centres de données, maillons de la blockchain.
Monopoles remis en question
Le pouvoir immense des GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) hérisse les autorités depuis des années. L'Europe prend des mesures, la Russie et la Chine les encadrent ou les censurent, et en 2021 l'Amérique s'est armée pour en découdre.
Son angle d'attaque: le droit de la concurrence. Plusieurs enquêtes et procédures judiciaires sont en cours contre ces sociétés, accusées d'abus de position dominante.
L'autorité américaine de la concurrence (FTC) estime par exemple que Facebook a racheté Instagram et WhatsApp pour écraser tout risque de concurrence future.
Le groupe de Mark Zuckerberg se trouve dans une position particulièrement difficile après la fuite massive de documents internes orchestrée par une lanceuse d'alerte, montrant que les dirigeants de l'entreprise sont au courant des torts causés par ses applications, notamment pour les plus jeunes et la démocratie.
Les élus américains, de leur côté, ont approuvé en commission des projets de loi qui remettent en cause la domination des GAFA.
L'explosion des cryptomonnaies inquiète aussi les régulateurs. En septembre la Banque centrale chinoise a même jugé que toutes les transactions financières impliquant des cryptomonnaies étaient illégales.
Gare aux rançongiciels
Les attaques au rançongiciel et les vols de données confidentielles devraient continuer à grande échelle en 2022.
Entre la hausse de la valeur des cryptomonnaies et les difficultés des autorités à appréhender les pirates, le chantage numérique a décollé. Il consiste à pirater le réseau informatique d'une organisation et à lui demander une rançon en cryptomonnaie en échange du code pour retrouver l'accès à ses machines.
«Avec 495 millions d'attaques au rançongiciel enregistrées à ce jour, 2021 est déjà l'année la plus coûteuse et la plus dangereuse», notait la société de cybersécurité SonicWall en octobre.
«En 2022, le sujet principal pour moi et mes collègues va être le rançongiciel. C'est trop lucratif» pour ne pas continuer, a écrit Sandra Joyce, directrice du renseignement pour la firme de cybersécurité Mandiant.
Et selon l'ONG américaine Identity Theft Resource Center, les fuites de données vont aussi battre des records.