«Les séries, on oublie ça l'an prochain»
Étienne Bouchard
TERREBONNE – Les partisans les plus féroces du Canadien feraient mieux de s’y faire : la saison 2022-2023 de leurs favoris sera très loin d’être la meilleure de l’histoire de la concession et il leur faudra user de patience dans les mois, voire les années, à venir.
Voilà l’opinion de certaines personnalités du hockey rencontrées mardi avant-midi au club de golf Le Mirage, lors de l’Invitation Serge Savard. À l’image de plusieurs amateurs et journalistes suivant les faits et gestes du Tricolore, elles savent bien que la plupart des équipes de la section Atlantique ont effectué des embauches importantes ou conservé leurs principaux acquis. À Montréal, l’entraîneur-chef Martin St-Louis s’en remettra surtout à la fougue de ses jeunes.
Pour les fidèles de la Sainte-Flanelle, il est à espérer que ce soit le cas, car la défensive est encore plus poreuse avec le départ d’Alexander Romanov, tandis que le portrait devant le filet demeure nébuleux en raison de l’incertitude continuelle entourant Carey Price.
«C’est une formation en transition. Il y a de bons jeunes, avec les [Nick] Suzuki et [Cole] Caufield, ils effectueront un pas dans la bonne direction. Et je suis content de leur premier choix [Juraj Slafkovsky]. Sauf que la compétition dans la ligue est tellement forte. Il n’y a rien de garanti et ce n’est pas facile. Des clubs essaient de gagner depuis 50 ans; regardez Toronto. Ils ont les outils, mais ils n’ont pas remporté la coupe Stanley depuis 1967, a évalué l’ex-attaquant du Canadien Pierre Mondou, aussi un ancien responsable du recrutement de l’organisation. Le Colorado est un exemple montrant qu’avec un bon développement, on peut gagner dans le hockey d’aujourd’hui.»
«Le Canadien devrait s’améliorer, mais il faut laisser les jeunes se développer. Avec quelques changements, ça pourrait être un peu mieux, surtout si Price est là», a de son côté spécifié l’ex-défenseur Guy Lapointe.
Oublions les séries!
Pour Gilbert Delorme, également à Terrebonne, les misères du Tricolore ne sont pas à la veille de se terminer.
«Les séries, on oublie ça l’an prochain. Le processus sera long. Il faut faire de la place et confiance aux jeunes. Donnons de la glace à Suzuki et Caufield. Si on réussit cela, l’équipe sera de nouveau compétitive dans quelques années, a-t-il mentionné, tout en disant s’attendre au retour en force de Jonathan Drouin. Par contre, je n’ai pas aimé la transaction Romanov. C’était un gars qui patinait et frappait. En revanche, ça offrira l’occasion aux Jordan Harris, Kaiden Guhle, Justin Barron et autres [jeunes défenseurs] de montrer leur savoir-faire.»
«Si les joueurs se donnent et travaillent, les gens seront fiers du Canadien. Les partisans d’ici connaissent leur hockey et savent qui s’efforce et qui se "pogne le beigne".»
Le son de cloche est similaire chez l’ex-arbitre et animateur radiophonique Ron Fournier, qui a défié le parcours du Mirage. À ses yeux, il faut éviter les comparaisons avec l’époque glorieuse du Bleu-Blanc-Rouge. Le contexte a changé, les visages aussi. Et, la réalité est impossible à nier : Montréal a fini dans la cave du classement général en 2021-2022.
«On connaît Suzuki et Caufield, mais le reste, bien, on se demande d’où ils viennent. C’est une question que doit se poser l’entraîneur. De quoi sont-ils faits? Parle-t-on de guerriers? Combien de temps faudra-t-il pour retrouver une équipe compétitive? Si j’ai un qualificatif pour décrire ma pensée, c’est patience. Ça pourrait prendre 3-4-5 ans, a-t-il affirmé. On peut utiliser tous les termes possibles, mais il y aura de belles soirées où Caufield nous fera lever de notre siège et d’autres, décevantes.»