Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

Les révélations de la pandémie

Photo d'archives, Agence QMI
Partager
Photo portrait de Mathieu Bock-Côté

Mathieu Bock-Côté

2022-01-22T10:00:00Z
Partager

À l’échelle de l’histoire, on dira de la crise de la COVID-19 qu’elle aura révélé à la société québécoise des tares qu’elle préférait ne pas voir.

Santé

D’abord celles du système de santé. Un système exemplaire disait-on. On comprend que ce n’était qu’une illusion. Il était à ce point en mauvais état qu’il aura entraîné la société québécoise au grand complet dans ses tourments depuis deux ans. Alors qu’ailleurs dans le monde, on parvient peu à peu à restaurer les libertés suspendues, chez nous, la moindre bouffée d’air pourrait jeter le système de santé par terre. 

Ensuite celles de notre rapport à la jeunesse. On ne cesse de se raconter des histoires pour ne pas s’avouer que la jeune génération est la sacrifiée invisible de la pandémie. Les rituels essentiels qui permettent la formation du caractère au moment du passage à l’âge adulte lui sont interdits. Ces effets ne se calculent pas immédiatement. Ils sont pourtant évidents. Cette mutilation invisible se fera sentir un jour. Et je ne parle même pas des enfants.

Écoutez Les idées mènent le monde, une série balado qui cherche a éclairer, à travers le travail des intellectuels, les grands enjeux de sociétés.

Aussi, la crise aura révélé à quel point la société québécoise traite facilement à la manière de besoins négligeables ceux de l’âme humaine. Si j’ai si souvent défendu les restaurants, ce n’est pas d’abord pour le plaisir d’y manger, mais parce que l’être humain a besoin de lieux de convivialité, où il brise le rythme quotidien, où il peut honorer les si belles lois de l’amitié. Traiter les relations humaines comme des relations sociales non essentielles est absolument intenable dans la durée.

Unanimisme

Enfin, nous aurons vu l’envers de notre capacité à l’unité. J’aime que le peuple québécois soit capable de se rassembler devant l’épreuve. Mais cela nous pousse quelquefois à célébrer un consensus étouffant qui entrave les débats les plus nécessaires. Notre unanimisme nous pousse au conformisme. On s’en désolera avec raison.

Publicité
Publicité