Mesures sanitaires: les restos laissés à eux-mêmes
Julien McEvoy | Journal de Montréal
« Les restaurants ne peuvent pas rester fermés longtemps, sinon on va perdre 40 % de l’industrie. »
C’est ce qu’estime Nicolas Filiatrault, vice-président finances et administration chez Benny & Co. La chaîne québécoise de rôtisseries compte 71 restaurants et une « certaine » marge de manœuvre en raison de son importante équipe.
« On est une soixantaine dans les bureaux. Notre équipe d’approvisionnement est capable de trouver un produit de remplacement assez facilement », illustre le vice-président, qui siège au comité exécutif de l’association Restaurants Canada.
Car avec la fameuse chaîne d’approvisionnement qui fait des siennes, même le Coca-Cola est en rupture de stock.
« On travaille d’arrache-pied, mais comment font tous ceux qui n’ont pas la chance d’avoir une telle équipe ? » demande M. Filiatrault.
Et ce n’est là qu’un petit exemple.
Le nœud du problème, bien sûr, est que les salles à manger sont fermées une fois de plus, ce qui complique la vie des restaurateurs.
« Est-ce qu’ils vont nous fermer avec l’apparition de chaque nouveau variant ? », demande encore le cadre de Benny & Co.
L’industrie de la restauration « encaisse constamment les coups » depuis bientôt deux ans, dit-il, « sans que les statistiques montrent que les éclosions sont chez nous ».
Pour la semaine du 5 au 11 décembre 2021, soit les plus récents chiffres de l’Institut national de santé publique du Québec, on comptait 802 cas de COVID-19 en milieu de travail, dont 40 dans le secteur de l’hébergement et de la restauration.
Écoutez le résumé du journaliste Olivier Bourque sur QUB radio:
Le gouvernement moins préparé
Benny & Co, qui compte 2100 employés, est une entreprise familiale et privée.
« On n’est pas Tim Hortons, qui a un financement illimité avec les marchés boursiers, ni McDonald’s, qui a l’oreille du gouvernement », explique M. Filiatrault.
Avec cette vague de COVID, « le gouvernement semble un peu moins préparé et c’est un peu plus difficile ».
Il donne l’exemple des tests rapides. Afin de continuer ses activités, la chaîne a fait une demande à Québec, le 11 décembre, pour en obtenir.
« C’est quasiment impossible, comme pour les citoyens », dit-il.
Le 24 décembre, il a donc fait aller ses contacts pour en trouver lui-même.
« On a payé le gros prix, mais au moins ça nous permet d’opérer et de tester notre staff », dit-il.
Car avec la lenteur observée récemment pour l’obtention des résultats de tests PCR dans le réseau public, « on ne pouvait pas se permettre qu’un employé ne soit pas certain s’il a la COVID et reste 10 jours chez lui ».
Nicolas Filiatrault se réjouit d’ailleurs de la décision de Québec de faire passer la période d’isolement de 10 à cinq jours pour les personnes doublement vaccinées ayant obtenu un test positif à la COVID-19.
Écoutez La Rencontre Daoust-Martineau avec Yves Daoust, directeur de la section Argent du journal de Montréal et du Journal de Québec, sur QUB radio :