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L'article provient de TVA Sports
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Les rassurantes confidences du père de Juraj Slafkovsky

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Anthony Martineau

2022-08-19T17:50:15Z
2022-08-31T12:47:56Z
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Nul besoin d’être détenteur d’un doctorat en psychologie pour comprendre que la prochaine saison des Canadiens ne sera pas ce qu’il y a de plus rose. Du moins, c’est clairement ce que le fameux «papier» laisse croire. 

En jetant un œil à l’actuelle formation du Tricolore, on constate rapidement deux problématiques majeures qui auraient le potentiel d’handicaper toutes les équipes du circuit Bettman.

D’une part, ce club ne possède pas de défenseur numéro un, de véritable quart-arrière pour relancer/appuyer son attaque. D’autre part, le statut du gardien numéro un de l’équipe, Carey Price, apparaît plus nébuleux que jamais. 

«Bien honnêtement, je ne sais pas s'il y a une voie qui lui permettrait de jouer cette saison», a récemment laissé tomber Kent Hughes en point de presse.

Pourtant, malgré ce portrait aux allures aussi grisâtres qu’un ciel de la mi-novembre dans la métropole, l’engouement chez les partisans du CH est bien présent en vue de la campagne 2022-2023. Étrange? Pas tant que ça.

La principale raison de cette excitation se résume en deux mots : Juraj Slafkovsky. 

En juillet dernier, Montréal, qui détenait la toute première sélection du repêchage pour la première fois depuis 1980, a jeté son dévolu sur cet habile attaquant slovaque de 6 pieds 4 pouces et 229 livres. À maintes reprises au cours des derniers mois, ce colosse a démontré de très belles choses contre des joueurs professionnels d’âge adulte.

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On sait donc Slafkovsky grandement talentueux. Ce que plusieurs se demandent maintenant, et la question aurait été la même pour quiconque aurait été repêché à ce rang par le CH, c’est s’il saura gérer la pression et les attentes du marché montréalais, tout en s'avérant performant sur les glaces de la LNH.

L’auteur de ces lignes a donc eu l’idée de se tourner vers deux hommes qui, de par leurs perspectives basées sur des contextes différents, en savent beaucoup plus sur le prometteur patineur que le commun des mortels: son père, Juraj Slafkovsky senior et un expérimenté recruteur de l'organisation du Tricolore.

La parole au paternel, d'abord.

«Il pourra supporter tout ce que le marché de Montréal et la LNH lui offriront comme défi. Au fil du temps, il est devenu équilibré et calme.»

Portrait complet d'un joueur très attendu dans la Belle Province.

Rapidement au-dessus de la mêlée

D’entrée de jeu, Juraj Slafkovsky senior explique la façon dont son fils a connecté avec la patinoire pour la première fois. 

«Sa mère l’avait amené au patinage libre à la patinoire du quartier. À peine quelques mois plus tard, il a demandé à s’inscrire au hockey! Avec un ami, il a débuté au sein du club de hockey local HC Kosice.»

Rapidement, raconte l'homme, son fils, qui a aussi remporté plus jeune de nombreux championnats nationaux de floorball, a démontré une indéniable aisance sur la glace. 

Faut-il s’étonner des rapides succès du slovaque? En jetant un coup d’œil à son arbre généalogique, pas vraiment. En fait, pas besoin de remonter très haut pour comprendre que l’attaquant a une bonne génétique. 

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«Ma femme, la mère de Juraj, a eu une belle carrière de natation au niveau junior en Slovaquie. Elle a également participé aux championnats européens de natation longue distance, mais à cette époque, les conditions de développement dans ce sport n'étaient pas, chez nous, aussi bonnes que dans d'autres pays.»

«Dans le cas de Juraj, dès son plus jeune âge, il était physiquement plus mature que ses coéquipiers et dès l'âge de 12 ans environ, il a commencé à jouer dans des catégories supérieures. Je me souviens qu'à 13 ans, il jouait contre des garçons de 17 ans dans la ligue slovaque U18.»

Effectuez un bref retour dans le temps pour quelques secondes. À 13 ans, auriez-vous été en mesure de vous épanouir dans une ligue exclusivement réservée aux joueurs de 17 ans? Pour la majorité des gens, poser la question est l'équivalent d'y répondre. 

La recette du succès 

Comment obtenir le meilleur de Juraj Slafkovsky? Pour son père, la réponse est simple. 

«Il faut lui donner des opportunités, lors des matchs. Il doit avoir beaucoup de temps de glace».

Il enchaîne avec un exemple concret et lourd de sens pour appuyer ses dires. 

«L’an dernier, Juraj a prouvé sa valeur et démontré tout ce qu’il savait faire lors de nombreux matchs avec l’équipe nationale slovaque. Craig Ramsey, l’entraîneur du club, a rapidement compris comment l’utiliser. À son retour en Liiga avec le TPS Turku, Juraj a été employé davantage et les résultats sont venus, même si ce club joue un étrange hockey ultra défensif.»

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Par «démontrer tout ce qu’il savait faire avec l’équipe nationale», le père du nouvel espoir des Canadiens fait notamment allusion au titre de Joueur par excellence des derniers Jeux olympiques obtenu par son fils en vertu d’une impressionnante fiche de sept buts en sept matchs. Il a enchaîné avec neuf points en huit parties lors du Championnat du monde, présenté quelques mois plus tard. 

 «Il est un joueur de hockey spécial», confirme sans hésiter le recruteur d'expérience des Canadiens présenté en introduction. L'homme, dans le cadre de cet exercice, a préféré garder l'anonymat.

 «Combien de patineurs ont, comme lui, brûlé les Jeux olympiques à 18 ans?», demande notre interlocuteur, en connaissant très bien la réponse.

«Juraj n’était vraiment pas convaincu...»

Dans les mois précédant le repêchage de la LNH, les meilleurs espoirs doivent répondre à une sempiternelle question. «Et puis, penses-tu que tu seras le premier joueur sélectionné»?

À l’image des autres patineurs de sa cuvée, et c’est tout à fait logique, Slafkovsky a, plus d’une centaine de fois, répété qu’il en était convaincu. En coulisses, toutefois, le jeune garçon avait quelques doutes. 

«Il n'était assurément pas certain au départ», confie son père.

«On pensait au top 3, surtout après les bonnes performances à Pékin et lors du Championnat du monde. Mais lorsque la direction du Tricolore nous a convoqué le jour même du repêchage pour une rencontre, nous avons commencé à nous questionner de plus en plus (rires).»

De son côté, le dépisteur du CH explique que la décision d'opter pour le Slovaque s'est prise en considérant l'immense coffre à outils qu'il trimballe avec lui depuis plusieurs années.

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«Nous avions, au sein de notre équipe, des joueurs au plus petit gabarit. Pour gagner, tu as besoin d’un peu de tout : de la vitesse, des habiletés et des joueurs plus imposants. Et ce qui est plaisant avec Juraj, ce qu’il possède tous ces éléments en même temps!»

Prêt à laisser sa marque dans les 32 villes de la LNH 

Juraj Slafkovsky est donc dorénavant et incontestablement un espoir des Canadiens. Tant physiquement que mentalement, il devra se montrer très solide s’il souhaite connaître du succès dans la LNH. 

Slafkovsky senior se fait toutefois très rassurant à ce sujet : son fils a fait ce qu’il fallait cet été et est prêt à tous les niveaux pour relever le «défi CH».

«Pendant son entraînement estival, il a principalement gagné de la masse musculaire au niveau du haut du corps. Il a aussi consacré une bonne partie de ses séances à son explosion sur patins.» 

Et une vidéo publiée cet été par le compte Twitter des Canadiens nous confirme que les jambes et le cardio de l'imposant ailier sont également en excellent (!) état.

Le père de Slafkovsky poursuit.

«Mentalement, tout est en place et je crois qu'il peut supporter la pression médiatique et tout le reste à Montréal. C'est un bon garçon au niveau humain. Il a toujours pris conseil auprès de nous.» 

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Le recruteur du Tricolore se montre lui aussi très optimiste quant au futur du jeune adulte dans la Ligue nationale.

«On voit en lui, à l'heure actuelle, un joueur très près de la LNH, car il est déjà extrêmement fort physiquement. Il va produire en Amérique du Nord. Pourquoi? Parce qu’il est tout simplement fort dans tous les départements. Fort sur la rondelle, fort dans les coins, fort devant le filet... Et il possède un tir extrêmement puissant. Juraj sera utilisé sur l’avantage numérique. Je m’attends à le voir marquer sa part de buts.»

Des paroles qu'on aime entendre, soyons francs. Mais jusqu'à quel point pourrait-t-il devenir dominant?

«Le "prime" d’un joueur arrive souvent à ses 28 ans, rappelle avec justesse le dépisteur. Le véritable plafond d’un jeune joueur de 17 ans est très difficile à déterminer. 

«Sera-t-il un Ovechkin, un Jagr? Probablement pas. Mais nous nous attendons à une bonne production de sa part, car il a montré qu’il pouvait créer de l’attaque partout où il est passé jusqu’ici. Je pense aussi que notre groupe d’entraîneurs est très bien pour la gestion des jeunes joueurs. Je suis très encouragé par Slafkovsky.»

Le père du nouveau no 20 des Canadiens enchaîne ensuite avec une remarque qui démontre une belle évolution de la part de son garçon sur le plan psychologique. Et ça aussi, c'est important.

«Peut-être que dans sa jeunesse, il était un peu plus instable et émotif. Il y a aussi eu des moments où les choses ne se sont pas bien passées au début de la dernière saison en Finlande. En fait, quelques semaines ont été difficiles d'un point de vue psychologique dans la dernière année. Mais je pense qu'il sait qu'il aura toujours du soutien dans sa famille. Au fil du temps, il est devenu équilibré et calme.»

Un outil manquant?

Papa croit tellement en son garçon que ni lui, ni sa femme ne l'accompagneront dans son périple en terres québécoises. 

«Je ne pense pas qu'il soit nécessaire d'être avec lui durant la prochaine saison. À l'âge de 14 ans, il a quitté la maison et a vécu pratiquement seul en Finlande pendant trois ans. Il sait prendre soin de lui. Nous comptons quand même nous rendre à Montréal à deux ou trois reprises cet hiver pour le voir jouer. Nous avons très hâte de nous déplacer chez vous!»

Juraj Slafkovsky senior est donc clairement convaincu que son fils possède tous les outils pour s’épanouir en tant que joueur des Canadiens.

Martin Chevalier / JdeM
Martin Chevalier / JdeM

En fait, presque tous les outils. Il lui manque peut-être une chose, précise-t-il. 

«La dernière fois, j’ai dû lui montrer comment nouer sa cravate, alors j'espère qu'il saura dorénavant s’y prendre par lui-même! (rires)»

Heureusement pour les partisans du CH, Slafkovsky, à défaut d’être le maître des nœuds de cravate, a démontré plus souvent qu'autrement qu'il savait se montrer très dominant sur une patinoire. 

Et ça, personne n'a eu à lui monter comment faire.

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