Les projets s’enchaînent pour François Arnaud
Daniel Daignault
La carrière de François Arnaud va bon train. On le verra sous peu au cinéma dans 23 décembre, mais en attendant, on peut admirer son talent dans le film La Switch, qui sera mis en ligne sur Crave le 13 novembre. Il y tient le rôle principal, celui d’un soldat qui rentre chez lui pour s’occuper de son père qui vit dans une petite ville. Pour que son personnage soit crédible, l’acteur a dû peaufiner ses apprentissages.
• À lire aussi: Découvrez enfin la première bande-annonce du film de Noël québécois «23 décembre»
• À lire aussi: Catherine Brunet prend une pause
The Switch est un film troublant. Pensez-vous que ceux qui ont été dans l’armée vont se reconnaître ou, du moins, comprendre votre personnage?
En effet, ça parle des répercussions de la guerre et du stress post-traumatique, mais de façon encore plus vaste. Je pense que ça parle aussi beaucoup de cette culture dans laquelle les hommes fétichisent une forme d’incapacité à dialoguer, du cercle de violence et de cette sorte de rage que ça crée. Le film traite aussi de cette incapacité pour les pères de parler à leurs fils de façon universelle, ce qui est accentué ici par l’expérience de la guerre.
Comment vous êtes-vous préparé à jouer Marc Leblanc, un homme qui sait manier des armes?
J’ai quand même souvent manié des armes à feu dans ma carrière. Le tir à longue distance, c’est vraiment précis, et comme j’ai un caractère assez nerveux, mes mouvements sont en général plus saccadés que ceux de ces personnages-là. Un mouvement ou une respiration de trop, et le tir est raté. Je devais trouver une sorte de calme, autant dans le maniement des armes, pour lequel j’ai eu des séances de formation, que dans la respiration et l’immobilité. J’ai beaucoup travaillé là-dessus.
Avez-vous aussi eu des séances pour bien maîtriser l’accent?
Oui, et c’est rare qu’un acteur prenne un accent de la région quand on joue au Québec. Soit on prend l’accent québécois, soit on va parler le français normatif ou international. C’est ce qu’on apprend à l’école de théâtre. Mais cette fois, c’était différent, parce que c’est un film franco-ontarien. Toute ma famille vient de l’Ontario, mes parents viennent d’Ottawa. Des Landriault — c’est le nom de ma mère —, il y en a beaucoup en Ontario français, beaucoup plus qu’au Québec. Il y a si peu de films franco-ontariens que c’était important pour nous que les gens qui le voient se reconnaissent et sentent que c’est un portrait honnête.
Vous avez beaucoup de scènes avec Sophie Desmarais, et on entend bien l’accent de vos personnages...
J’avais suggéré Sophie au réalisateur, parce que j’avais déjà travaillé avec elle, et elle a trouvé une fille, Julie Lapointe, pour nous aider avec l’accent. Julie vient de Timmins et ne travaille pas du tout dans le milieu, mais c’est avec elle qu’on est passé à travers tout le dialogue. On a réécrit toutes les répliques. On a travaillé les sons, mais on a aussi réécrit les sons comme ils doivent se dire. Ce n’est quand même pas un film où ça jase beaucoup, mais pour se sentir à l’aise d’incarner ce personnage, il fallait que l’accent soit crédible.
On a l’impression que, pour vous, un projet n’attend pas l’autre!
Il y a des projets qui se tournent en quatre mois, mais sur lesquels je ne fais que 10 jours de tournage, alors j’ai quand même du temps à moi. Parfois, il arrive que ça prenne des années avant que les films voient le jour, surtout dans le cas de films indépendants. Pour 23 décembre, on l’a tourné à l’hiver et au printemps, et ça sort le 25 novembre, c’est super. C’est le fun de voir rapidement le fruit de son travail, on a comme un sentiment d’accomplissement qui est immédiat. J’ai aussi tourné dans le remake de Plan B pour CBC en anglais. C’était la première fois que je travaillais avec Karine Vanasse et je l’ai trouvée super.
Tenez-vous un rôle important dans 23 décembre?
Il n’y a pas vraiment de rôle principal, on est plusieurs. C’est un peu sur le mode Love Actually. C’est une comédie chorale où les destins de plusieurs personnes s’entrecroisent. Le film est beaucoup centré autour du personnage de Virginie Fortin. La sœur de Virginie est jouée par Catherine Brunet, et on forme un couple, un petit peu le duo comique. Elle est enceinte, ils sont habitués à leur indépendance, et ils ont peur de perdre leur individualité et de tomber dans un carcan familial. On a eu tellement de plaisir! Parfois, on n’entendait pas «Action!» parce qu’on riait trop fort!
Vivez-vous en permanence aux États-Unis?
Plus ou moins. J’ai beaucoup voyagé ces dernières années et, depuis le début de la pandémie, j’ai été pas mal au Québec, en fait. Mais je vivais surtout à New York depuis sept ans. J’avais essayé de vivre à Los Angeles, mais c’était très dur de vivre dans un lieu aussi centré sur l’industrie du cinéma et de la télé. J’avais envie d’aller m’inspirer d’autres choses, et New York s’est imposée. Los Angeles a aussi tout à offrir, mais il faut savoir comment aller le chercher. À New York, ça vient à toi naturellement. Cela dit, je suis un petit peu tanné de l’hyperstimulation qu’on y retrouve. J’ai comme besoin d’un peu de tranquillité, et je pense que je peux trouver un bon mélange des deux à Los Angeles.
Souhaitez-vous travailler plus souvent au Québec?
Je suis très content d’avoir travaillé souvent ici ces dernières années. Les rôles qu’on m’a proposés étaient riches et diversifiés. Pouvoir passer de La Switch à 23 décembre, à Norbourg, à Au revoir le bonheur, je me sens tellement choyé! Pour le peu de contrôle qu’on réussit à avoir sur notre carrière, c’est quand même important pour moi de ne pas toujours faire la même chose et de me surprendre, de me mettre en danger.
Y a-t-il des projets en vue pour vous au Québec en 2023?
Non, rien pour l’instant. J’ai un autre film qui sortira en décembre, Marlowe, réalisé par Neil Jordan, avec qui j’avais fait Les Borgia. Liam Neeson, Jessica Lange et Diane Kruger sont de la distribution. C’est sur le détective Philip Marlowe, que Robert Mitchum jouait dans les années 1950. Puis je travaille sur une série qui a beaucoup de succès. Je ne peux rien dire parce que ça n’a pas encore été annoncé, mais j’en suis content.
• À lire aussi: India Desjardins partage de magnifiques photos de ses vacances avec son amoureux
Le film La Switch sortira sur Crave le 13 novembre. Le film 23 décembre prendra l’affiche le 25 novembre.
VOUS AIMEREZ AUSSI : 10 séries inspirées de personnes réelles: