Les pays riches doivent payer pour les conséquences des phénomènes météo extrêmes
Anne-Sophie Poiré
Les pays riches devraient payer pour les pertes et les dommages causés par les phénomènes météo extrêmes, qui touchent davantage les pays en développement. C’est du moins ce que défend le V20, qui regroupe les 58 États les plus vulnérables aux changements climatiques.
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Il faut savoir que les 58 États membres du V20 – ils étaient 20 lors de la création du groupe en 2015 – sont responsables d’à peine 5% des émissions de gaz à effet de serre (GES) mondiales. Ce sont eux qui sont pourtant aux prises avec les pires impacts de la crise climatique, sans avoir les moyens d’y faire face.
Le G20, qui comprend des pays développés comme les États-Unis, le Canada, l'Union européenne (UE) et les grandes économies émergentes comme la Chine, la Russie, le Brésil et l'Inde, représente pour sa part 80% des émissions mondiales de GES.
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Les pays ayant le moins contribué à la crise climatique sont donc ceux qui en ressentent le plus les conséquences.
Pour faire pression, le V20 envisage d’arrêter de rembourser sa dette collective de 685 milliards $ jusqu'à ce que les banques s'attaquent aux changements climatiques, rapportait le New York Times la semaine dernière. Ils considèrent ces prêts comme une «injustice».
De l’argent pour réduire les «pertes et les dommages»
Le V20 a présenté lundi ses propositions sur la manière dont les pays riches devraient payer pour «les pertes et les dommages» provoqués par les événements météorologiques extrêmes.
Les 58 États membres font référence aux impacts les plus désastreux, comme ceux en Afrique de l’Est et dans la Corne de l’Afrique, où des millions de personnes souffrent de malnutrition sévère en raison de la sécheresse prolongée. Les températures n’y ont jamais été aussi élevées et les précipitations aussi faibles depuis 1981. Quatre saisons des pluies ratées consécutives ont mis cette portion du continent à sec, ont détruit les cultures et les troupeaux de bétail. Le manque d’eau potable accroît également le risque de choléra et d’autres maladies.
Les ravages provoqués par les récentes inondations au Pakistan – bien que le pays ne fasse pas partie du V20 – sont un autre exemple des «pertes et dommages» subis par les États vulnérables. Cet été, le pays a reçu ses plus grandes quantités de pluie en 30 ans.
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Une promesse qui n’a pas été tenue
Pour réussir à s’adapter aux changements climatiques, ces pays lourdement endettés ont besoin d’argent.
Si les dettes des membres du V20 étaient réduites de 30% et que cet argent était investi dans des projets comme l'amélioration des systèmes d'approvisionnement en eau ou la préservation des forêts de mangrove qui protègent les côtes des ouragans, «l'impact serait énorme», affirme l'ancien président des Maldives Mohamed Nasheed.
Le sommet des Nations unies sur le climat, la COP27, qui se tiendra à Charm el-Cheikh, en Égypte, à partir du 6 novembre prochain, se penchera justement sur cette question: les pays riches doivent-ils dédommager les pays pauvres qui en subissent les pires conséquences?
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Lors du sommet des Nations unies sur le climat à Copenhague, en 2009, les États les plus riches s’étaient d’ailleurs engagés à verser 100 milliards $ par année aux États les plus pauvres d'ici 2020, afin de les aider à s'adapter à la crise climatique.
Cette promesse n'a pas été tenue, a conclu un rapport d’un groupe d’experts indépendants pour l’ONU, publié en 2020.
– Avec les informations du Guardian et du New York Times