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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Les nouveaux habits de nos vieilles peurs

Photo d'archives, Agence QMI
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Photo portrait de Joseph Facal

Joseph Facal

15 avril
15 avril à 0h05
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Cette drôle de campagne électorale me rend nostalgique.

Jacques Parizeau, l'un de mes mentors, nous a légué une multitude de réalisations qui ont puissamment façonné le Québec moderne.

Mais son legs le plus important tient, selon moi, à ce qu’il a essayé d’incarner par son attitude.

Jacques Parizeau projetait la confiance en soi et le refus de se laisser dominer par la peur.

La peur, le manque de confiance, le sentiment d’être condamnés aux rôles subalternes, voilà, pensait-il, les ennemis les plus insidieux des Québécois.

Ils sont tapis à l’intérieur de nous et, souvent, niés avec véhémence.

Non!

Cette peur est entretenue par ceux qui veulent que nous restions bien tranquilles.

Au pied de la statue de M. Parizeau, dans les jardins de l’Assemblée nationale, on a gravé une citation de lui, dont voici un extrait:

«N’ayez pas peur. N’ayez pas peur de vos rêves. N’ayez pas peur de construire une société qui soit à l’image de vos ambitions. N’ayez pas peur des obstacles que vous trouverez sur votre route. N’ayez pas peur de rêver.»

Je suis sûr que cet homme, qui a passé sa vie à tenter d’exorciser nos peurs, qui voulait fondamentalement nous décoloniser, ne serait pas fier du spectacle que nous offrons en ce moment.

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• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Richard Martineau, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

Il ne le dirait sans doute pas publiquement parce qu’il était plus poli que moi, mais il n’en penserait pas moins.

Car voilà bien la triste vérité: toute cette campagne électorale baigne dans la peur, et il n’y a pas de quoi être fiers de nous en ce moment.

Vraiment pas.

La peur brouille le jugement. Encore une fois. Comme si souvent dans le passé.

Et quand les repères éthiques sautent, les vestes se retournent.

Sommes-nous devant un choix entre la droite et la gauche? Pas vraiment.

Le Parti conservateur est à droite, le NPD à gauche, et le Bloc est souverainiste.

Le Parti libéral, lui, est un parti opportuniste et sans principes qui dira ce qu’il faut pour maximiser ses chances de gagner.

Sitôt Carney devenu chef, le PLC a largué ses positions de gauche et copié le programme conservateur.

Carney, un multimillionnaire habitué de Davos et des paradis fiscaux, serait un homme de gauche? Quelle blague!

Il n’a d’ailleurs pas perdu de temps avant de rejeter une demande du Québec: non à davantage de pouvoirs dans la nomination des juges.

Pareil

Faudrait-il alors choisir en fonction de Trump?

Ça veut dire quoi, exactement?

Que le Canada soit gouverné par Carney ou par Poilievre, leurs politiques face aux États-Unis seront très similaires parce que leurs options sont réduites: contre-tarifs, aide aux secteurs les plus touchés, diversification de nos partenariats économiques.

Même le Mexique, aussi lié que nous à l’économie américaine, plus pauvre pourtant, reste digne et garde la tête froide.

Mais chez nous, tout s’achète et tout se vend, y compris les consciences.

Non, vraiment, il n’y a pas de quoi être fiers.

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