Les mystères du couvre-feu
Mario Dumont
Est-il scientifiquement démontré, hors de tout doute raisonnable, que le couvre-feu fonctionne ? Voici la question qui semble en perturber certains. Faut-il y répondre avec des études implacables ? Avec le pendule du professeur Tournesol ? Ou avec un peu de logique ?
D’abord, nous ne pensions pas redémarrer la nouvelle année avec autant de mesures sanitaires en place. La vague Omicron a foudroyé la planète et nous n’y échappons pas.
Ne me sortez plus la phrase : « ll faudra apprendre à vivre avec la COVID. » Elle est devenue totalement vide. C’est précisément ce que nous avons fait tout l’automne, vivre avec la COVID, grâce au vaccin, aux masques et à quelques mesures minimales. Mais lorsqu’une vague avec une telle propagation se pointe, l’expression « vivre avec la COVID » ne veut plus rien dire.
Le Québec avait prévu 700 lits COVID dans son système de santé. Cela fut largement suffisant tout l’automne. Avec Omicron qui circule, nos hôpitaux ont maintenant plus du double de ce nombre. Tout ça s’est passé en plus de deux semaines à peine.
En somme, espérons que la vague Omicron soit la dernière. Parce que lorsqu’une vague frappe, nos gouvernements n’ont aucun autre choix que de réagir. C’est ce qu’a fait le gouvernement du Québec avec sa série d’annonces déprimantes du temps des Fêtes.
Le couvre-feu
Toutes les mesures imposent des restrictions malheureuses et désagréables. Fermer des établissements de force, empêcher des gens de se voir, tout cela n’est acceptable qu’en cas de force majeure.
Le couvre-feu demeure néanmoins une mesure symboliquement plus dérangeante encore que toutes les autres. L’idée que le gouvernement vous empêche de sortir de chez vous est bouleversante en soi. À chaque occasion, elle provoque des discussions enflammées.
À écouter certains, le couvre-feu serait acceptable si des études scientifiques en démontraient incontestablement l’efficacité. Une démonstration quasi impossible. Les pays qui ont appliqué cette mesure l’ont fait au pire d’une vague de propagation, alors que des dizaines d’autres mesures étaient en vigueur.
Comment déterminer quelle part de la baisse des cas serait attribuable au couvre-feu plutôt qu’à la fermeture des restaurants ou des écoles ? On peut tenter l’exercice d’isoler des facteurs en sciences sociales. Mais ces études doivent comparer diverses situations dans divers pays. Elles resteront approximatives et prendront des années. Le gouvernement prend des décisions dans l’immédiat.
La science
Rien n’est plus à la mode que de citer la science. Encore faut-il avoir le bon jugement de trouver dans la science ce qui est l’essentiel. Encore faut-il combiner la science et la logique. Dans le cas du couvre-feu, la donnée scientifique essentielle est d’une magnifique simplicité : le virus est contagieux.
Pour réduire la propagation, il faut couper les contacts entre les personnes. Une personne (pas un travailleur essentiel) qui circule sur la route à minuit, lorsque tout est fermé, elle revient d’où ?
De lire un roman dans le stationnement d’un cinéma fermé ? Ou d’un party, ce qu’on demande d’éviter ? Si vous pouvez répondre, vous êtes un grand scientifique.