Les membres des communautés LGBTQ+ des États-Unis pourraient-ils se réfugier au Canada?

Samuel Roberge
La Cour fédérale devra statuer sur la question des Américains issus des communautés LGBTQ+ qui se sentent persécutés aux États-Unis, à savoir s’ils peuvent obtenir le statut de réfugié au Canada, indique un avocat spécialisé en immigration.
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De nombreux avocats canadiens auraient remarqué qu’il y a de plus en plus d’Américains membres des communautés LGBTQ+ qui font la demande pour devenir réfugiés politiques au Canada. Or, les balises à savoir si ce droit peut leur être accordé ne sont pas encore implantées.
«C’est un juge de la Cour fédérale canadienne qui sera obligé de trancher. Ça va être une décision importante et qui pourra avoir de grandes ramifications en termes de notre vision des choses par rapport aux Américains», informe Me Joel Etienne au micro de Richard Martineau à QUB radio et télé, en simultané au 99,5 FM Montréal mercredi soir.
La question réside dans la définition de la persécution et de la discrimination. M. Etienne explique qu’il y a une grande différence entre les deux termes.
«La discrimination, ça existe partout, dans toutes les communautés, toutes les sociétés, toutes les tribus, mentionne-t-il. Et donc, on ne pourrait pas avoir une situation où 25 millions de Noirs américains arrivent au Canada et disent: “On est discriminés, on a subi de la discrimination aux États-Unis. Maintenant, protégez-nous.”»
• Sur le même sujet, écoutez cet épisode balado tiré de l'émission de Richard Martineau, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
Il faut observer à savoir si une personne qui se fait discriminer dans un pays a des solutions offertes par l’État, telles que des «tribunaux administratifs» ou des «avenues de législation» pour se protéger face à cette situation.
La persécution, quant à elle, c’est lorsque l’État n’est pas en mesure d’offrir quoi que ce soit pour protéger les droits de ses citoyens.
«Il n’y a pas de cour de justice qui va vous aider, il n’y a pas de législateurs ou de députés, etc. La protection policière n’existera pas pour vous, etc. C’est là où on s’engage vers la persécution», affirme Me Etienne.
Dans le cas des États-Unis, qui sont un État de droit, le pays possède cette structure judiciaire. Toutefois, le pays de l’Oncle Sam glisse tranquillement vers des valeurs autoritaires, depuis que Donald Trump est à la Maison-Blanche, ce qui pourrait influencer la décision de la Cour fédérale du Canada, selon l’avocat.
«Il y a une sorte de silence social qui fait en sorte que même le barreau américain ne se prononce pas. Les sénateurs sont tranquilles, les cours de justice ne sont pas engagées. C’est là où on tombe vraiment à l’ère dictatoriale», fait-il remarquer.
Écoutez l’entrevue intégrale de Me Joel Etienne dans l’extrait sonore ci-haut.