Des menaces d’une «guerre préventive» avec la France dans les médias russes
Samuel Roberge | TVA Nouvelles
La machine de propagande russe a monté le ton d'un cran cette semaine à la suite des sorties publiques du président français, Emmanuel Macron, à la fin février.
• À lire aussi: Ukraine: trois civils tués, 12 blessés dans des frappes dans l'Est
• À lire aussi: La désinformation anti-Ukraine parasite l'UE à quelques mois des élections
• À lire aussi: L'Ukraine ne hissera «jamais» le drapeau blanc, répond Kyïv au pape
Selon les informations de BFMTV, des animateurs et des politiciens à la télévision russe ont émis des propos très violents à l’égard de la France, évoquant même l’idée d’une «guerre préventive».
L’animateur de la chaîne Rossiya-1, Vladimir Soloviev – le propagandiste en chef du Kremlin reconnu pour ses opinions très provocatrices – a même entretenu une discussion cette semaine à savoir quelle ville européenne devait être rasée en premier dans l’éventualité d’une guerre avec l’Occident.
[ 🇷🇺 RUSSIE | 🇺🇦 UKRAINE ]
— (Little) Think Tank (@L_ThinkTank) March 6, 2024
🔸 Sur la télévision d’état russe, des intervenants discutent de quelle ville européenne doit être rasée en premier : « Je n’arrive pas à me décider entre Paris et Marseille ».pic.twitter.com/757oZwvntY
«Nous devrions faire une guerre préventive. Macron fournit des tanks, moi je ferais des frappes préventives contre la France en tant que belligérant», a aussi déclaré M. Soloviev.
Les invités sur le plateau ont également penché dans ce sens.
Andrey Gurulyov, un ancien général de l’armée russe à la retraite, a soulevé que «si [la Russie] frappe la France une fois, ce sera la fin de tout ça».
Attention, France!
— Anton Gerashchenko (@Gerashchenko_en) January 9, 2023
Propagandists are threatening with a preemptive strike. pic.twitter.com/Jy2JDvohgv
«Tout le monde aura peur, je vous le dis, poursuit-il. Personne ne voudra aller en Ukraine. Pas besoin d’engager notre potentiel stratégique, nous avons assez d’armes pour détruire la France ou la Grande-Bretagne.»
Vladimir Poutine a besoin d’un cessez-le-feu
Selon l’analyste français Guillaume Ancell, les réactions dans les médias officiels russes prouvent que les déclarations du président français «affectent directement le régime de Poutine».
M. Ancell écrit sur son blogue Ne pas subir, que le «régime réagit très mal aux propos du président français et fait délivrer des menaces explicites».
«Poutine craint la tension créée par le président Macron qui devient un véritable obstacle à ses desseins impériaux», ajoute-t-il.
Pour que Poutine puisse poursuivre avec «ses aventures dévastatrices», l’analyste croit que le président russe a besoin d’un cessez-le-feu.
Face à la guerre en #Ukraine, les masques politiques tombent
— Guillaume ANCEL 🌊 (@guillaume_ancel) March 9, 2024
Alors que cette 3° année de guerre laissait craindre une forme de lassitude, le prdt #Macron anime depuis 2 semaines un débat crucial pour la sécurité de la #France et de toute l’#Europehttps://t.co/odPkknLl26
«Son armée est trop abîmée par ces deux années de guerre pour conquérir l’Ukraine et soumettre ce voisin qui ne lui avait rien demandé, mais qui n’est pas prêt à se laisser martyriser», explique-t-il.
D’après les arguments de l’ancien officier français, ce serait pour cette raison que l’armée russe continue de garder le pied sur l’accélérateur, même si son rythme de production de l’équipement militaire pourrait facilement gagner la guerre d’attrition contre l’Ukraine qui dénonce de plus en plus les retards dans la livraison d’armes par les pays occidentaux.
«Poutine exerce donc une pression maximale sur le front, au prix de pertes colossales, alors que les Ukrainiens souffrent du désengagement américain depuis décembre et de l’incapacité jusque-là des Européens à prendre le relais pour qu’ils puissent se défendre», affirme M. Ancell.
Cependant, l’analyste soutient que l’idée d’une mobilisation européenne effraie Vladimir Poutine puisqu’elle pourrait grandement fragiliser son régime en prolongeant la guerre en Ukraine.
- Dans les trolleries, Jean-Denis Scott revient avec humour sur l'actualité via QUB :
Position de l'Europe face à la Russie
Avec l’essoufflement de l’aide américaine à l’Ukraine dans son conflit qui entre dans sa troisième année, l’Europe se retrouve ainsi seule devant la Russie qui continue de faire planer sa menace nucléaire.
Le président Macron a été le premier à prendre les devants dans cette initiative européenne et il s'est tenu face à Poutine en multipliant les sorties publiques.
Il a d’ailleurs surpris la communauté internationale le 26 février dernier en déclarant qu’il n’excluait pas la possibilité d’envoyer des soldats occidentaux en Ukraine.
Le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, a toutefois précisé le 8 mars que l’option d’envoyer des «troupes au sol combattantes» n’était pas sur la table après les nombreuses réactions des dirigeants européens.
N’empêche que les déclarations du président français n'ont pas seulement soulevé des réponses dans les pays de l’Union européenne. Les propos d’Emmanuel Macron ont fait fortement réagir le régime de Vladimir Poutine.