Les lectures passionnées de Debbie Lynch-White


Karine Vilder
Porte-parole de la 43e édition des Rendez-vous Québec Cinéma – qui va se dérouler du 19 au 27 février –, l’actrice Debbie Lynch-White prend ici la parole pour nous parler de ses lectures.
Avec quel roman avez-vous envie de commencer cet entretien?
Avec Y avait-il des limites si oui je les ai franchies mais c’était par amour ok, de Michelle Lapierre-Dallaire. C’est une de mes lectures marquantes. La plume de Michelle, qui est d’une lucidité désarmante, m’a beaucoup touchée et fait réfléchir sur les traumas d’enfance qu’on traîne, mais aussi sur notre capacité à briser les cycles et à se réparer. Ses mots comme pansements, un peu.

Dernièrement, qu’avez-vous lu de vraiment bon?
Amiante, de Sébastien Dulude. J’ai été soufflée par sa poésie, ses images, son humour intelligent et la douceur du personnage principal. Un très grand roman!

Quel roman aimeriez-vous qu’on adapte un jour au cinéma?
Rue Duplessis, de Jean-Philippe Pleau. J’aimerais voir se déployer cette histoire qui a touché tellement de gens. C’est une cellule familiale qui parle d’une grande partie du Québec, et l’angle des transfuges de classe amène à un partage de nos intimités de façon vraiment bouleversante. J’ai été chavirée par cette lecture et j’y pense encore très souvent.

En pensant à tous les livres que vous avez lus jusqu’à présent, lesquels ont été pour vous d’immenses coups de cœur?
- Quand je ne dis rien je pense encore, de Camille Readman-Prud'Homme. Sa façon de décrire les petites choses avec autant d’ampleur et de beauté m’a enivrée. De grandes leçons tiennent dans cette petite plaquette.

- Désirer à tout prix, de Tal Madesta. Un essai hyper intéressant sur l’impact du patriarcat dans nos vies sexuelles. Une belle déconstruction d’une forme de normalité qui nous invite à nous connecter un peu plus à nos réels envies et besoins.
- Entends-tu? Un essai sur le silence, de Vincent Fortier. Le silence! Un sujet qui me passionne! Vincent Fortier met de bonnes bases pour réfléchir à l’espace qu’on lui laisse, à ce qu’il déplace en nous et avec les autres, à ce qu’il permet d’ouvrir dans une société de bruits constants.

- Fourrer le feu, de Marjolaine Beauchamp. Une pépite d’or par une immense poétesse contemporaine québécoise. Je capote sur sa fougue et sa langue sans compromis.
Est-ce qu’il y a un livre qui, à vos yeux, est plus précieux que tout autre?
Oui, La Femme mystifiée, de Betty Friedan. C’est une bible féministe sur la place de la femme dans la société au fil des décennies. Je ne l’ai encore jamais lu au complet, mais j’y retourne sporadiquement pour lire des extraits et pour me rappeler d’où on vient et l’importance de nos luttes.

Vous vous rappelez le tout premier roman que vous avez adoré?
Je me souviens avoir été absorbée et ébranlée par Contes de la folie ordinaire, de Charles Bukowski, quand j’étais au secondaire. C’était une lecture qu’on devait faire dans le cours de français et j’avais trouvé la prof vraiment hot de nous proposer ça. Je me souviens de l’avoir lu en me disant souvent: «OK, on peut aussi écrire des choses comme ça dans des livres?»
Dans quoi allez-vous vous plonger dès que vous en aurez le temps?
Je suis très excitée de commencer le dernier de Mustapha Fahmi, La beauté de Cléopâtre. J’ai dévoré ses deux précédents livres, et la bienveillance de sa philosophie me fait du bien.
Et maintenant, avec quel roman avez-vous envie de terminer cet entretien?
Le nez qui voque, de Réjean Ducharme. Parce qu’on a tous et toutes besoin de plus de mots-valises et de ludisme, tout en nous reconnectant un peu avec notre ado intérieur et en entretenant la joie.
