Le bruit des klaxons, dangereux pour les oreilles des manifestants et des résidents
Francis Pilon, Agence QMI
Le bruit incessant des klaxons du «convoi de la liberté» au centre-ville d'Ottawa n'est pas juste difficile sur la santé mentale des résidents, mais aussi sur la santé des oreilles de tout le monde.
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Un expert en audiologie s’inquiète pour la santé des résidents au centre-ville d’Ottawa, qui sont incapables de dormir depuis maintenant 10 jours en raison de la torture des klaxons dans leur ville.
Le Journal a sillonné les rues de la capitale fédérale samedi, lors de la vaste manifestation, pour évaluer les conséquences du bruit venant des camionneurs. Les klaxons les plus puissants atteignaient 115 décibels sur notre sonomètre, soit l’équivalent d’un concert de musique.
«Ça peut clairement créer un effet sur l’audition. 115 décibels, ça peut causer un problème auditif temporaire, mais aussi permanent si on reste longtemps près de la source de bruits», confirme Tony Leroux, professeur titulaire à l’École d’orthophonie et d’audiologie de l’UdeM.
M. Leroux mentionne aussi que ces klaxons sont surtout dangereux pour les populations vulnérables, comme les enfants.
«On pense qu’ils sont plus sensibles. Ils pourraient donc acquérir plus facilement une perte auditive permanente ou encore avoir des acouphènes de manière permanente», prévient-il.
Samedi, devant le parlement, plusieurs dizaines d’enfants marchaient entre les camionneurs avec leurs parents. Sans bouchon et sans casque de protection pour les oreilles pour la grande majorité d’entre eux, a constaté Le Journal.
«Je m’inquiète pour les résidents, mais aussi pour la santé auditive des manifestants près des camions. Pour la population exposée à ça, c’est inquiétant dans le sens où des gens un moment donné vont perdre patience et peut-être poser des gestes violents», estime Tony Leroux.
Des manifestants distribuent d'ailleurs des bouchons à oreilles sur place.
400 plaintes
Entre le 28 janvier et le 4 février, la Ville d’Ottawa indique d’ailleurs qu'elle a reçu au moins 399 demandes de service concernant le bruit dans le secteur de la manifestation.
«On est juste tanné d’eux. Ils manquent tellement de respect. Moi et mon garçon de deux ans, on ne dort plus depuis que les camions sont ici. C’est juste horrible et ça empire jour après jour», lance Michael Robinson, tout en faisant des doigts d’honneur aux manifestants sur sa rue.
L'homme de 45 ans confie qu’il se réveille au son des klaxons vers 8h et n'arrive à dormir que vers 2h du matin en raison du long convoi de camions qui a élu domicile devant chez lui, sur l’avenue Laurier, au centre-ville.
Le professeur titulaire à l’École d’orthophonie et d’audiologie, Tony Leroux, rappelle qu’un bruit de 30 décibels est suffisant pour empêcher une personne de dormir. Or, à l’intérieur d’un bâtiment situé à un coin de rue du siège du «convoi pour la liberté», le niveau sonore des klaxons était d’environ 50 décibels.
«Tout le monde qui habite dans la tour ici a des impacts sur sa vie. Plusieurs d’entre nous ont arrêté de télétravailler parce que c’est impossible avec les klaxons. Certains sont aussi en arrêt de travail. Il faut que ça s'arrête», conclut Irlanda Corata, en regardant les drapeaux Freedom déambuler sur sa rue.
- Avec Olivier Faucher
- Regardez la rencontre Geneviève Pettersen avec Benoit Dutrizac en direct tous les jours 11 h 30 à QUB radio via l'app QUB et le site qub.ca :
Conseils pour survivre aux klaxons
- Mettre des bouchons pour dormir
- Installer son lit loin des fenêtres
- Camoufler le bruit avec du son agréable dans ses écouteurs durant la journée
Source: Tony Leroux, professeur titulaire à l’École d’orthophonie et d’audiologie à l’UdeM
Bruits partout à Ottawa
- 115 décibels (dB): sons des klaxons dans le convoi des camionneurs, soit l’équivalent d’un concert de musique
- 75 dB: le niveau sonore à deux coins de rue de la manifestation devant le parlement, sur le trottoir, est le même que celui d’une voiture
- 50 dB: le bruit dans notre bureau du centre-ville d’Ottawa équivaut à celui d’une laveuse
- 30 dB: le niveau sonore à ne pas excéder pour un sommeil de bonne qualité, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Or, il était de plus de 40 dB dans notre hôtel à Ottawa, ce week-end.