Les joueurs du CH viennent à la défense de Dominique Ducharme
Jean-François Chaumont
Pierre Gervais aimait travailler dans l’ombre. Mais avec la sortie de son livre, écrit par Mathias Brunet, l’ancien gérant de l’équipement du Canadien a dérogé de sa propre philosophie pour attirer les réflecteurs en sa direction.
À quelques heures du lancement officiel du roman, «Au cœur du vestiaire», Gervais se retrouvait comme l’un des sujets de discussion à l’intérieur de son ancien temple.
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Nick Suzuki, le capitaine, et Brendan Gallagher, l’un des adjoints, ont cherché à calmer une petite tempête, celle au sujet de Dominique Ducharme. Aux yeux de Gervais, Ducharme avait perdu son vestiaire l’an dernier.
«Il y avait de la frustration un peu partout, a reconnu Suzuki en parlant des derniers mois de Ducharme derrière le banc du CH. Mais je ne crois pas qu’il avait perdu son vestiaire. Nous respections tous l’homme. Il a bien fait quand il a pris les commandes de l’équipe. Il a conduit le groupe jusqu’à la finale de la Coupe Stanley. Mais l’année suivante était difficile. Je lui souhaite que du bien et j’espère qu’il reviendra au niveau de la LNH.»
«C’était une année difficile, a renchéri Gallagher. Et c’est évidemment très injuste de montrer du doigt une personne. Les joueurs, nous prenons autant de responsabilités que nous pouvons. C’est nous qui sommes sur la glace. Ça nous revient. Avec Dom, les gens ont tendance à oublier qu’on a atteint la finale et il faisait partie de ce groupe. Il est débarqué en cours de saison, il était la nouvelle voix. Il a contribué à la relance de l’équipe.»
La parfaite tempête
Suzuki a décrit la saison 2021-2022 comme une potion magique pour provoquer un gros coup de balai au sein de l’organisation.
«Les premiers mois de la saison étaient sombres pour tout le monde, s’est remémoré Suzuki. Nous cherchions des façons pour mieux jouer et pour gagner des matchs. Les entraîneurs et les joueurs voulaient trouver des solutions. Mais nous n’y parvenions pas. Il y avait de grandes attentes après notre parcours en séries. Nous nous retrouvions dans une position difficile et nous avions perdu plusieurs joueurs clés avec les Price, Weber, Perry et Edmundson. Il y a aussi la Covid-19 qui a frappé fort au sein de l’équipe. Pour un match en Floride, nous comptions sur trois joueurs seulement de la LNH. C’était la tempête parfaite.»
S’il a logiquement pris la défense de Ducharme, Gallagher a reconnu que Jeff Gorton et Kent Hughes ont pris la bonne décision en lui indiquant la sortie.
«On avait une nouvelle équipe et je pense que la bonne chose à faire à ce moment-là était d’amener Marty (Martin St-Louis), a souligné le numéro 11. Et c’était lui la nouvelle voix, la nouvelle occasion, le nouveau départ. Vous avez vu comment on a réagi à ça et on a fait la même chose avec Dom. Il y a un moment dans le sport professionnel où tu as besoin d’entendre une nouvelle voix et c’était le cas. Ce n’est pas que les gars ne respectaient pas Dom ou ne l’écoutaient pas. C’était juste un cas typique du besoin d’avoir une nouvelle voix.»
Une décennie avec Gervais
Gallagher n’a pas le sentiment que Gervais a dérogé au fameux code en dépoussiérant certains secrets du vestiaire et en critiquant d’anciens joueurs et dirigeants.
«Je sais qu’il a écrit un livre, mais je ne l’ai pas lu, a-t-il répliqué. Pour moi, j’adorais Gerv. J’ai passé une décennie avec lui, j’ai tellement de respect pour cet homme. Il a fait plusieurs choses pour moi. Il me facilitait la vie. Je me souviens du matin de son dernier match, nous lui avons offert un cadeau. Mais Gerv veut aussi bien faire avec son livre, il veut vendre des copies. Je ne connais pas le contenu du livre. Je peux simplement dire qu’il y avait un lien spécial entre Gerv et les joueurs. Il avait à cœur aussi la famille des joueurs.»
Suzuki et Gallagher ont reçu les bons mots de Gervais dans ce bouquin. Idem pour St-Louis.
«Le livre reste la perception de Gerv, a mentionné St-Louis. Tu peux demander à bien des gars et il y aura des perceptions différentes. C’est ce qu’il pensait. Est-ce toute la vérité? Je ne pense pas. C’est sa perception. Il a beaucoup d’expérience. Avec un regard de l’intérieur, il y a bien des gens qui le liront. Mais c’est la perception de Gerv, pas du CH.»