Les influenceurs moins fréquentables
Olivier Bourque | Journal de Montréal
Qu’est-ce qui a le plus choqué les Québécois cette semaine ? Le délestage à l’hôpital ? Les nouvelles mesures pour les anti-vaccins ? Le manque de dépistage ? Non ! Ce sont plutôt les perturbateurs de l’avion de Sunwing, identifiés comme influenceurs, qui ont provoqué les réactions négatives les plus fortes.
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Si bien que plusieurs se demandent maintenant si les entreprises voudront à nouveau s’associer à eux. Est-ce la fin des influenceurs ?
« Non, ce n’est pas la fin. Est-ce qu’au Québec, les gens seront plus frileux ? Peut-être [...] Mais pour ceux qui étaient dans l’avion, ils ont tué leur crédibilité. J’espère qu’ils n’auront plus de contrat », assure Camille Dg, une pionnière dans ce domaine.
Cette dernière a été l’une des premières à devenir influenceuse au Québec après une carrière comme animatrice. Maintenant, Camille Dg est une touche-à-tout et contrairement aux hurluberlus de Sunwing, elle mène sa carrière comme une femme d’affaires.
On n’est pas tous pareils !
« Personnellement, je n’aurais jamais fait ce voyage-là. Je ne serais jamais partie avec cette gang-là... Je ne suis jamais allée au Beach Club de ma vie (rires). On n’est pas tous pareils ! », dit-elle.
Depuis plusieurs années, Camille anime un blogue, gère les médias sociaux et collabore avec plusieurs entreprises.
Écoutez l'entrevue de Sophie Durocher avec Ann-Florence Brouillard, directrice générale de l'agence de communication Brouillard, sur QUB radio:
« J’ai trouvé cela choquant que les médias utilisent le mot influenceur. La plupart de ceux qui étaient dans l’avion ne sont pas influenceurs. Ça prend au moins 10 000 abonnés », assure-t-elle.
« Ce que je trouve triste [c’est] qu’il y a plusieurs créateurs de contenus qui sont excellents et qui n’auraient jamais fait cette erreur-là. On met toute une communauté dans le même panier », croit Camille Dg.
Pas le début de la fin
Luc Dupont, professeur au département de communications à l’Université d’Ottawa, est en accord, même s’il avoue que la pandémie a changé notre vision face à la superficialité véhiculée par certains influenceurs.
« En temps de pandémie, soudainement, ces personnes-là sont moins pertinentes. Mais ce n’est pas le début de la fin, car les plateformes sont de plus en plus puissantes. TikTok a généré plus de réactions que l’ensemble des plateformes de Google l’année passée », dit-il.
Il croit toutefois que les entreprises vont y penser à deux fois avant de s’associer.
« On va poser plus de questions qu’avant. On va vérifier le nombre d’abonnés, leur profil. On voudra mieux connaître l’influenceur, son positionnement, son image », poursuit-il.
Shop Santé sera plus prudente
Influenceur
C’est ce que fera l’entreprise de suppléments alimentaires Shop Santé qui avait misé sur l’image de Karl Sabourin, le célèbre candidat d’Occupation Double, l’un des éléments perturbateurs du vol de Sunwing.
« Oui, on va réfléchir un peu plus, mais on ne peut jamais prévoir ce que quelqu’un va faire dans le futur. Mais on va être plus prudent », indique Dominic Larose, copropriétaire de l’entreprise qui est en forte expansion au Québec avec bientôt 30 succursales.
Ce dernier explique que Sabourin a signé un seul contrat avec Shop Santé pour une publicité en 2020. Depuis, l’entreprise a éliminé toutes traces de lui sur son site Internet.
« Mais je ne vais pas barrer tous les influenceurs, pour une poignée d’individus qui n’utilisent pas très bien leur cerveau », lance M. Larose.
Même avis pour Camille Dg, qui croit que les entreprises ne vont pas se détourner des influenceurs.
« Les compagnies vont continuer parce que ça fonctionne, il y a un réel retour sur investissement », croit-elle.