Les humains pourraient devenir plus violents en raison du réchauffement climatique
Gabriel Ouimet
Des chercheurs ont enfermé des gens dans une pièce chauffée à plus de 30 degrés Celsius et les ont soumis à différents tests. L’objectif: déterminer si la chaleur pouvait rendre les humains plus violents. Les résultats ont été pires qu’ils ne l’imaginaient et pourraient avoir des implications majeures pour la paix dans le monde alors que la planète se réchauffe.
Pendant plus de six ans, des chercheurs de l’Université de Californie à Berkeley ont amené des groupes d’étudiants dans deux pièces: une première dans laquelle la température était de 20 degrés Celsius et une deuxième chauffée à plus de 30 degrés Celsius. Les participants ne savaient pas que la température des pièces variait ni qu’elle était contrôlée.
Une fois dans leur salle respective, les étudiants passaient au moins une heure à participer à divers jeux, dont un intitulé La joie de la destruction. Le jeu a été conçu de façon à être «une mesure directe du comportement agressif et antisocial», selon Edward Miguel, le chercheur principal de l’étude.
Ce n’était toutefois pas les règles du jeu qui le rendait intéressant aux yeux des chercheurs, mais la manière dont les participants allaient réagir au score des autres joueurs.
Les étudiants, qui n’étaient pas en compétition directe, récoltaient des points chacun de leur côté. À la fin des parties, ils pouvaient voir le nombre de points récoltés par leurs camarades, sans savoir de qui il s’agissait. Ces points étaient cumulatifs de partie en partie et étaient échangeables contre un prix à la fin de l’expérience.
Les joueurs pouvaient aussi décider d’effacer les points des autres joueurs de façon anonymes. C’était d’ailleurs le point crucial de l’expérience, selon les chercheurs: les points enlevés n’étaient pas redistribués, ils étaient simplement effacés.
Les étudiants qui avaient été amenés dans la salle la plus chaude ont détruit les points jusqu’à 50% de fois plus souvent que ceux qui étaient confortables.
Le lien entre la chaleur et l’agressivité
Plusieurs analyses passées se sont intéressées au lien possible entre l’exposition à la chaleur et l’agressivité. Cependant, ce lien avait été étudié la plupart du temps dans des pays où il fait chaud et où la population fait face à de nombreux autres défis, comme une situation économique précaire.
En 2021, un rapport du National Bureau of Economic Research des États-Unis s’est toutefois intéressé aux tendances en matière de crimes violents dans 36 prisons du pays. Les chercheurs ont découvert que lors des jours de forte chaleur, le nombre d’actes violents commis par les détenus augmentait de 18%.
Le temps chaud fait bondir la température corporelle, augmentant du même coup le rythme cardiaque et la pression artérielle et provoquant une sensation de malaise qui peut notamment affecter notre capacité à gérer nos émotions.
Des recherches indiquent d’ailleurs que la capacité du corps à s’adapter à la chaleur en suant atteint sa limite quand la température monte entre 40 et 50 degrés Celsius, en fonction du taux d’humidité. On estime donc que plus les humains seront exposés à des températures semblables, plus ils deviendront violents.