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L'article provient de Le Journal de Montréal

Les hôpitaux face à des choix difficiles: ils doivent libérer 600 lits supplémentaires

Le Journal avait eu droit à une visite de l’Hôpital de Verdun en février 2021, où les employés épuisés reprenaient leur souffle après une deuxième vague de COVID-19. Ils craignaient l’arrivée d’une troisième vague et l’histoire leur a donné raison.
Le Journal avait eu droit à une visite de l’Hôpital de Verdun en février 2021, où les employés épuisés reprenaient leur souffle après une deuxième vague de COVID-19. Ils craignaient l’arrivée d’une troisième vague et l’histoire leur a donné raison. Photo Hugo Duchaine
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Photo portrait de Patrick Bellerose

Patrick Bellerose

2022-01-18T23:30:43Z
2022-01-19T02:52:02Z
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Les hôpitaux du Québec doivent libérer dès maintenant des lits de patients qui peuvent être suivis en externe, en plus de se préparer à diminuer la qualité des soins dans l’éventualité où la situation se détériore davantage.  

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« Si on m’avait demandé un jour si je travaillerais à un tel document, j’aurais répondu : jamais, c’est inconcevable. Mais on est rendus là », a confié le président de l’Association des spécialistes en médecine interne du Québec, le Dr Hoang Duong, lors d’une présentation aux médias.

Québec dévoilait son Guide pour la priorisation et la gestion des hospitalisations de courte durée, destiné à faire face à la hausse des hospitalisations causée par la pandémie conjuguée à la pénurie de main-d’œuvre dans le réseau de la santé.

Il a été rédigé par le Comité éthique COVID-19, présidé par Marie-Ève Bouthillier. 

La première phase du document prévoit de libérer les lits consacrés aux « soins alternatifs », les soins accordés aux patients qui peuvent continuer d’être suivis en externe. Ceux-ci devront soit retourner à la maison, soit en CHSLD ou en RPA, où ils recevront des soins à domicile. 

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Le ministère de la Santé espère ainsi dégager environ 600 lits supplémentaires pour faire face à la pression de la cinquième vague.

« Ça existe déjà, la gestion des lits, mais on va beaucoup plus loin [pour] avoir un suivi extrêmement étroit de notre utilisation de nos lits de courte durée », a expliqué la directrice générale des services hospitaliers, Lucie Poitras.

  • Écoutez l'entrevue de Philippe-Vincent Foisy avec  Marie-Ève Bouthillier, présidente du comité d'éthique COVID-19 et Dr Hoang Duong, président de l’Association des spécialistes en médecine interne du Québec, sur QUB radio: 

Scénario catastrophe

Si la situation perdure, Québec envisage ensuite de réduire la qualité des soins pendant une période de quatre à six semaines afin de pouvoir continuer à soigner l’ensemble de la population. 

Dans une conférence de presse séparée aux côtés du ministre de la Santé Christian Dubé, la sous-ministre Lucie Opatrny a illustré la proposition ainsi : « Au lieu de donner du A+ à peu de monde, donner un soin de [niveau] B à tous » pour une période déterminée. 

Cette seconde phase n’est toutefois pas mise en application pour le moment. Mais le réseau doit se préparer au pire. 

Retour du personnel

Malgré ces considérations inquiétantes, le ministre Dubé a aussi offert quelques informations encourageantes mardi.

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La hausse des hospitalisations ralentit et près de 8000 travailleurs de la santé sont de retour au boulot. 

Soulignant que « le système de santé est au bouchon », M. Dubé a de nouveau invité la population à aller chercher une troisième dose du vaccin contre la COVID-19, afin de soulager la pression sur les hôpitaux.  


Certaines mesures  

  • Envisagées si la situation se détériore  
  • Priorisation possible des soins intensifs et des chirurgies  
  • Assurer des soins hors de l’hôpital, notamment dans les cliniques de GMF  
  • Transferts vers des hôpitaux d’autres régions  
  • Mobiliser des volontaires dans la population pour aider  
  • Impliquer les familles pour des soins de base    

Source : ministère de la Santé

La pilule anti-COVID réservée aux immunosupprimés  

En raison de l’approvisionnement limité, la pilule anti-COVID de Pfizer, nommée Paxlovid, sera d’abord réservée aux adultes immunosupprimés non hospitalisés. 

Un médecin qui suit ce type de patients, notamment ceux atteints d’un cancer, pourra en faire la prescription.  

C’est que le nombre de comprimés antiviraux qui seront envoyés par Ottawa en janvier permettra de traiter uniquement 6300 patients.

Le mois suivant, le nombre sera similaire (6200), avant de grimper à 19 000 en mars. 

Dans l’immédiat, le Paxlovid n’est donc pas une solution miracle pour venir à bout de la pandémie. 

Mais il s’agit d’une arme de plus dans l’arsenal du gouvernement pour désengorger les soins intensifs.

Même si les tests du fabricant démontrent qu’il faut traiter 19 patients pour éviter une hospitalisation ou un décès, la sous-ministre Lucie Opatrny, assure qu’il s’agit d’un ratio « très efficace » en termes d’hospitalisations. 

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Le pic des hospitalisations n’est toujours pas atteint  

La hausse des hospitalisations ralentit, mais le pic n’est pas encore atteint et le personnel de la santé devra d’abord composer avec le plateau de la cinquième vague avant de pouvoir souffler un peu, a expliqué Christian Dubé. 

Lundi, on enregistrait 85 nouvelles entrées, selon l’INSPQ, contre 337 trois jours auparavant. « La tendance, pour nous, est favorable, en ce moment », dit le ministre de la Santé. 

M. Dubé avait également de bonnes nouvelles du côté des travailleurs : 8000 d’entre eux sont revenus dans le réseau. Mais il reste tout de même 12 000 employés qui ne peuvent travailler en raison de la COVID-19, sans compter les milliers déjà absents pour d’autres raisons. 

Face à cette situation qui demeure tendue dans les hôpitaux, le ministre estime qu’il est trop tôt pour envisager un déconfinement. 

« Notre priorité, pour moi, elle est claire, c’est de limiter les hospitalisations », dit-il, en ajoutant comprendre « que les gens soient tannés ». 

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