«Ça fâche, ça tanne, puis ça écœure»: les hôpitaux au bout du rouleau
TVA Nouvelles
L’équipe de TVA Nouvelles a eu un accès privilégié à la zone chaude, où on soigne les patients atteints de la COVID-19, de l’Hôpital de l’Enfant-Jésus, à Québec.
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Mardi, on y traitait le plus grand nombre de patients COVID depuis le début de la pandémie.150 personnes y étaient hospitalisées, dont 16 patients aux soins intensifs.
Le Dr Jean-François Shields, intensiviste et urgentologue au CHU de Québec, précise que la durée de séjour pour les patients sous assistance respiratoire est d’environ de 10 à 15 jours.
«Les gens souvent rentrent à l’hôpital, ça prend 24 à 48 heures à ce qu’ils compliquent de la COVID, qu’ils nécessitent plus d’oxygène, puis qu’on finisse par les admettre aux soins intensifs», précise le médecin.
Le Dr Shields souligne qu’il est de plus en plus inquiet de ne plus être en mesure de traiter tous les patients et de devoir mettre en place un protocole de priorisation.
« Un protocole de priorisation, c’est simple. C’est vous et votre conjointe qui vous présentez à l’urgence atteints de la COVID. On a un lit de disponible. Qui on met en soins palliatifs? Qui a accès aux lits de soins intensifs? C’est ça que ça veut dire, un protocole de priorisation», explique-t-il.
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Les gens admis aux soins intensifs en zone chaude sont d’ailleurs plus jeunes que lors des vagues précédentes. Ils ont en moyenne entre 40 et 50 ans.
«Ce qu’on remarque beaucoup, c’est que la clientèle qui est non vaccinée aux soins intensifs est surreprésentée et hautement malade, affirme le Dr Shields. C’est à peu près le trois quarts des gens qui sont aux soins intensifs qui ne sont pas vaccinés.»
Il précise aussi que des gens très jeunes, sans comorbidité, sont décédés. D’autres ont survécu, mais restent avec d’importantes séquelles au niveau fonctionnel.
La réadaptation qui s’ensuit peut être pénible.
«Quand on les retire du respirateur, ils ne recommencent pas leur vie normale 15 jours après, là. La plupart des gens, un an après, ils ne sont pas retournés au travail. Ce n’est pas juste une grippe. Ce n’est pas juste un rhume», insiste le Dr Shields.
«Une minorité de la population semble dire “bien non, la vaccination, c’est pas pour moi”, mais ça fâche, ça tanne, puis ça écœure», croit-il.
Avec la réouverture des écoles, et les hôpitaux qui sont de plus en plus au bout du rouleau, les spécialistes sont inquiets.
«Est-ce que ça va amener une recrudescence de cas si la circulation augmente?», se questionne le Dr Shields.
-Avec les informations d'Alain Laforest