Les groupes écologistes perdent leur crédibilité dans la politique
L’abandon de la taxe carbone au Canada n’a pas été dénoncé


Mario Dumont
Tous les lobbys tournent autour de la politique et finissent par en faire un peu. Néanmoins, lorsqu’on se définit comme porteur d’une grande cause, il faut toujours garder cette cause à l’avant-scène. Surtout, il faut éviter d’être entraîné dans la joute partisane.
Les groupes écologistes par exemple devraient souligner et encourager tous les bons coups en matière environnementale, sans égard aux partis politiques. À la limite, ils devraient même pousser tous les partis à collaborer pour l’avancement de leurs priorités.
Depuis quelques semaines, ils sont à crédibilité zéro. Leurs décisions paraissent motivées par des préférences politiques ou des amitiés. Vraiment, leurs prises de position (et peut-être encore plus leurs silences) ne s’expliquent pas en regardant les enjeux eux-mêmes.
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Taxe carbone
Prenons par exemple la décision la plus lourde de portée de l’année: l’abandon de la taxe carbone. Le Canada s’était engagé dans les Accords de Paris à mettre un prix sur le carbone pour forcer une réduction des émissions. Justin Trudeau a donc implanté cette taxe.
Cette mesure était cohérente. L’État ne gardait pas l’argent, mais le redonnait aux ménages. Résultat des courses, les familles qui consomment peu de pétrole sortaient gagnantes. La formule faisait payer les gros consommateurs.
Pour des raisons politiques, Mark Carney a décidé d’éliminer cette taxe. Il en a fait la promesse dans sa campagne à la chefferie. Pas de dénonciation de groupes comme Équiterre et Greenpeace. Curieux.
Journée sombre
Élu chef et premier ministre, Monsieur Carney a immédiatement confirmé la suspension de la taxe carbone, signifiant l’abandon du cœur de la stratégie environnementale du gouvernement. Le même jour, il a dégommé l’ancien militant écologiste Steven Guilbeault du ministère de l’Environnement.
Les groupes auraient dû décrier cette journée terrible pour la cause. Croyez-le ou non, aucun message de dénonciation de l’abandon de la taxe carbone. Pire encore, Greenpeace a publié un communiqué désignant Mark Carney comme un homme ayant une «profonde compréhension des enjeux».
Et ils ont trouvé un moyen de décrire la perte de Steven Guilbeault comme une opportunité de «faire avancer la protection de la nature en tant qu’élément clé de l’identité». En somme, Steven est notre ami, on aime les libéraux, ils n’ont jamais tort. Et dans ce communiqué comme dans leurs autres interventions, ils désignent un ennemi: les conservateurs.
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Legault
Le plus drôle, c’est qu’une seule province n’a pas annulé sa tarification du carbone, c’est le Québec. Nous avons un système différent soit une bourse du carbone en partenariat avec la Californie. Malgré l’écart de prix sur le litre d’essence créé par la situation, malgré la frustration de plusieurs automobilistes, François Legault garde le cap.
On aurait dû entendre les groupes verts applaudir, souligner à quel point le gouvernement de la CAQ est le plus vert au Canada. Pas un son. La gang à Legault, on ne les aime pas.
Les bons et les méchants, c’est divertissant à la lutte.