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L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

Les grands chantiers de François Legault

Après 20 mois de pandémie, François Legault cherche à commencer à « tourner » cette page et peut-être même surtout à définir la « vision » plus large qu’il en a dégagée.
Après 20 mois de pandémie, François Legault cherche à commencer à « tourner » cette page et peut-être même surtout à définir la « vision » plus large qu’il en a dégagée. Photo Stevens LeBlanc
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Photo portrait de Josée Legault

Josée Legault

2021-10-20T09:00:00Z
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Le discours d’ouverture prononcé hier par le premier ministre François Legault pave habilement la voie au scrutin du 3 octobre 2022. Jalonnée de plusieurs « grands chantiers » à enclencher ou à poursuivre, l’année préélectorale s’annonce costaude pour le gouvernement.

Pour les partis d’opposition, déjà éclipsés par la CAQ, l’année s’annonce toutefois pénible. De toute évidence, l’ère Legault s’installe à demeure.

La CAQ trône toujours au sommet des sondages. Sa récolte éventuelle d’un deuxième mandat majoritaire est somme toute écrite dans le ciel.

Après 20 mois de pandémie, François Legault cherche non seulement à commencer à « tourner » cette page. Il vise aussi, peut-être même surtout, à définir la « vision » plus large qu’il en a dégagée.

Tout en déclinant sur plusieurs engagements sa marque de commerce nationaliste de « chef de la nation », la santé apparaît d’office comme le premier « grand chantier » d’entre tous.

Pas le choix. La pandémie a confirmé avec brutalité les multiples « dysfonctionnements », pour reprendre l’expression de M. Legault, du système de santé et des services sociaux.

Repenser et réparer

Cumulées depuis les compressions massives du gouvernement Bouchard, l’austérité et les « réformes » hyper centralisatrices du duo Couillard-Barrette, la liste des failles est interminable.

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Pour une société vieillissante, c’est terriblement inquiétant. M. Legault annonce donc une « vaste décentralisation » du réseau vers les régions. Elle devra cependant se faire aussi à l’intérieur même des méga CIUSSS.

Le fait est que tout ou presque est à repenser, à redresser et à réparer. Y compris les soins à domicile. L’embauche d’employés. L’accès à un médecin de famille.

Le « prendre soin » des personnes les plus vulnérables, jeunes ou vieux. Le chantier sur les proches aidants, malgré qu’il soit avancé, mérite également d’être accéléré.

Le discours du premier ministre ratissait tellement large, qu’en cela, il manquait nécessairement de détails. Partie remise, c’est à espérer, d’ici la campagne électorale.

Son immense taux de popularité étant au beau fixe, qu’il finisse ou non par livrer l’entièreté de la marchandise promise hier est néanmoins un pari fort peu risqué pour lui et son parti.

ADN politique

De son discours et des chantiers existants, l’ADN de sa vision politique se précise ainsi de plus en plus, dont ses trois principaux pôles. 1) Nationaliste en toutes choses, incluant pour le développement économique et l’éducation. 2) Tourné vers les régions tout en disant chercher à renforcer le français à Montréal. 3) Restauration, partielle ou avancée, c’est à voir, d’un système de santé devenu incapable de répondre aux besoins réels des Québécois.

Bref, le discours de François Legault est celui d’un premier ministre promettant d’être le réparateur d’un Québec amoché, avouons-le, depuis bien avant la pandémie.

Que ce soit sur le front de la santé, de l’éducation ou de la défense du français, il hérite de trois décennies de négligence navrante des gouvernements précédents. Aucune fierté, là, c’est sûr. 

Et que dire du ici et maintenant : crise du logement, urgence climatique, coût de la vie qui s’emballe et marché immobilier de plus en plus inaccessible ? 

Les pots cassés à réparer sont tellement nombreux qu’on se demande bien par quel bout prendre une commande aussi large. 

Au fait, comment mange-t-on un éléphant, déjà ? Une bouchée à la fois, dit-on. 

Les retards pris par le Québec appellent toutefois d’y mettre les bouchées doubles... et plus vite qu’on ne le pense.

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