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Environnement

Un convoi polluant: combien de tonnes de GES au nom de la liberté?

MAXIME DELAND/AGENCE QMI
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Photo portrait de Anne-Sophie Poiré

Anne-Sophie Poiré

2022-01-31T23:09:58Z
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Des centaines de camions venus des quatre coins du pays pour occuper la capitale fédérale, ça émet beaucoup de CO2. Car le «convoi de la liberté» est celui des émissions de gaz à effet de serre aussi.

Un camion lourd consomme 50 litres de diesel par 100 kilomètres, en moyenne. Un litre de diesel émet 2,8 kg de GES. Chaque camion qui fait 1000 km va donc émettre 1,4 tonne de GES, résume le titulaire de la chaire en énergie de HEC Montréal, Pierre-Olivier Pineau.

Il suffit donc de multiplier par le nombre de camions, suggère-t-il.

Pour l’heure, il est impossible de connaître la quantité de poids lourds ayant réellement participé au convoi ni de ceux qui ont convergé vers le centre-ville de la capitale fédérale. Si certains ont parcouru la totalité des 4500 kilomètres séparant Vancouver d'Ottawa, d’autres ont rejoint la parade en cours de route.

• À lire aussi: Un mouvement d’extrême droite? Ce qu’il faut savoir sur le «convoi de la liberté» en route vers Ottawa

On sait toutefois que près de 2000 camionneurs étaient attendus par le Service de police d’Ottawa.

En s’appuyant sur la moyenne de 1000 km proposée par le professeur Pineau, il est permis de croire que ce sont près de 2800 tonnes de GES qui ont été émis au nom de la liberté.

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C’est l’équivalent des émissions annuelles totales de 283 Québécois.

La qualité de l’air 

Le nombre «inhabituel» de gros camions qui brûlent du diesel à Ottawa fera «augmenter la pollution», ont mis en garde plusieurs experts dimanche, dans un article du Journal de Montréal

Des camionneurs qui protestent depuis vendredi soir contre la vaccination obligatoire et la fin des mesures sanitaires sont rassemblés devant le parlement d'Ottawa, le lundi 31 janvier.
Des camionneurs qui protestent depuis vendredi soir contre la vaccination obligatoire et la fin des mesures sanitaires sont rassemblés devant le parlement d'Ottawa, le lundi 31 janvier. Joël Lemay / Agence QMI

«Lorsqu’il y a une concentration de voitures ou de camions au même endroit, ça peut amener une dégradation de la qualité de l’air particulièrement dans les conditions où il y a peu de vent et des températures froides», fait valoir André Cantin, météorologue pour Environnement Canada.

Lundi, la qualité de l’air était toujours «bonne» à Ottawa, selon le site de surveillance IQAir.

Une diminution de la circulation automobile en raison des barrages routiers est à considérer aussi. «Ça peut compenser», nuance M. Cantin.

• À lire aussi: Des camionneurs campent toujours à Ottawa, Trudeau réagit: ce qui s’est passé depuis vendredi

Le risque de pollution que pose cette manifestation pourrait tout de même prendre des jours avant de se mesurer, avance Éric Lavigne, épidémiologiste et professeur à l’Université d’Ottawa. 

Les moteurs au diesel «émettent des particules ultrafines comparativement à celles de moteurs normaux», détaille le spécialiste, en soulignant que cela peut se répercuter sur la santé des gens, comme les asthmatiques ou ceux qui souffrent d’autres problèmes de santé.

Le transport de marchandises pèse lourd 

«À voir autant de camions brûler du gaz au même endroit, la pollution des camions est manifeste», lance Andréanne Brazeau, analyste en mobilité pour Équiterre, qui rappelle que le transport de marchandises demeure un secteur qui rejette énormément de GES et de polluants atmosphériques, bien «au-delà de cet événement ponctuel».

«En fait, les émissions du transport de marchandises ne cessent de croître, notamment en raison de notre rythme de consommation et de la hausse du commerce en ligne», dit-elle.

MAXIME DELAND/AGENCE QMI
MAXIME DELAND/AGENCE QMI

En 2019, les émissions de GES des véhicules diesel lourds ont atteint 52 millions de tonnes (Mt), une augmentation d'environ 280% par rapport à 1990 et de 41% par rapport à 2005, rapporte le plus récent bilan canadien déposé à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques.

«Les émissions du transport de marchandises devraient dépasser celles des véhicules à passagers d’ici 2030 au Canada», prévient Mme Brazeau.

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