Les gériatres mis de côté au début de la pandémie
Simon Baillargeon
L’ex-président de l’Association des médecins gériatres du Québec déplore le peu d’espace qui a été accordé à sa profession par les autorités gouvernementales au début de la pandémie.
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Au deuxième jour des audiences du volet national de la gestion de la crise de la COVID-19 dans les milieux d’hébergement pour aînés, au palais de justice de Québec, le Dr Serge Brazeau a dénoncé l’absence de gériatres au sein d’une cellule de crise mise en place au ministère de la Santé et des Services sociaux.
Ne comprenant pas pourquoi sa profession semblait mise de côté, il a joint la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) dès le 19 mars, afin que les gériatres puissent avoir une voix auprès du ministère.
Ce n’est que le 13 avril qu’un groupe d’experts en gériatrie a été créé. Cependant, il a été «surpris» de voir qu’on a demandé aux participants de signer un engagement de confidentialité. «Puis, on a nous a rapidement demandé de ne pas parler aux médias», a-t-il admis.
«Alors qu’il y avait urgence d’agir, je trouvais qu’il y avait beaucoup de lenteur dans nos travaux et beaucoup de volonté de rectitude», a ajouté le Dr Brazeau, insatisfait de la vitesse à laquelle progressait le comité.
Proches aidants
Le Dr Brazeau aurait aussi préféré voir les proches aidants revenir plus rapidement dans les CHSLD. S’il était d’accord avec l’idée de les exclure des établissements au début de la pandémie, il croit que les patients auraient bénéficié de leurs présences par la suite.
«Assez rapidement, on aurait voulu que les proches aidants soient formés, surveillés», a-t-il indiqué, énumérant les nombreuses conséquences découlant de leur absence auprès des résidents.
Il soutient avoir suggéré au printemps 2020 le déploiement de l’armée afin de s’assurer du respect des consignes sanitaires et ainsi permettre la présence d’un proche aidant. «Pourquoi l’armée ne sert pas à surveiller les proches aidants et le port de leur équipement de protection?» a-t-il questionné.
Dignité restaurée
L’arrivée de membres des Forces armées canadiennes (FAC) dans les CHSLD a eu «un effet décisif» sur la baisse du taux d’infection et du nombre de décès en plus de «restaurer la dignité de nos aînés», selon le brigadier-général Timothy Arsenault.
Celui qui était responsable de l’opération des FAC dans les CHSLD lors de la première vague de la pandémie a témoigné mardi matin du «rôle très important» des troupes dans les établissements.
«La présence de nos militaires dans un centre avait un effet sur le plan régional et ça permettait au ministère de réattribuer des ressources à un autre endroit. Donc, c’est très positif», a-t-il louangé.
Les FAC ont rapidement constaté, selon le brigadier-général Arsenault, que les employés des CHSLD se concentraient sur les «soins essentiels».
«C’est le constat qu’on a fait en arrivant. [La situation] a été rectifiée très rapidement aussitôt que les militaires sont arrivés sur le terrain dans les centres.»
La morphine pas responsable des décès
Par ailleurs, il est «totalement faux» de conclure que les patients atteints de détresse respiratoire ont été tués par la morphine qu’on leur a administrée au CHSLD Sainte-Dorothée de Laval, lors de la première vague de COVID-19.
La Dre Marjorie Tremblay, qui a créé le protocole de détresse respiratoire utilisé au CISSS de Laval, assure qu’ils sont bel et bien morts de leur maladie, contrairement à ce qui avait été dit lors des audiences du coroner portant sur cet établissement. Des familles de défunts avaient indiqué que le cocktail de médicament qui avait été administré à leur proche était en cause dans le décès.
«Il faut arrêter de penser que la morphine tue, a-t-elle lancé. C'est la COVID qui a tué les patients.»