Les gars, les menstruations, ça vous concerne aussi
Genevieve Abran
Les menstruations, c’est une affaire qui concerne aussi les hommes. À l’occasion de la Journée mondiale de l’hygiène menstruelle, des femmes nous expliquent pourquoi elles voudraient que tout le monde, pas juste les femmes, soit mieux informé sur le cycle menstruel.
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Depuis le secondaire, Manon Touffet subit cette méconnaissance qu’ont bien des hommes des menstruations. Elle se souvient encore de son enseignant d’éducation physique au secondaire qui, lors des cours de natation, notait lorsqu'une fille lui disait avoir ses règles. Et si elle avait le malheur d’évoquer ses règles deux cours d’affilée, il l’accusait de mentir pour manquer le cours.
Sauf que Manon doit composer, depuis l’âge de 12 ans, avec des menstruations abondantes et douloureuses. Déjà au secondaire, elle avait, certains mois, des saignements pendant plus de sept jours.
Malika Alaoui était dans le même bateau: elle se faisait souvent accuser d’«exagérer» lorsqu’elle ratait des cours tellement ses règles la faisaient souffrir. «Plusieurs personnes ne se rendent pas compte qu’on est toutes différentes», se désole la jeune femme.
Cycle menstruel 101
Parce que oui, messieurs (et mesdames!), le cycle menstruel varie d’une femme à l’autre.
Le cycle moyen est établi à 28 jours, mais il peut varier entre 21 et 35 jours – voire plus ou moins – et la plupart des femmes ont un cycle irrégulier, indique la directrice clinique du Centre de santé des femmes de Montréal, Geneviève Landry.
Le cycle débute au premier jour des règles et peut durer entre trois et huit jours, en moyenne. L’ovulation, c’est-à-dire le moment pendant lequel la femme est fertile, se situe généralement 14 jours avant le début du prochain cycle.
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Une responsabilité partagée
Ces connaissances de base sur le cycle menstruel, les hommes devraient les connaître. Pour Geneviève Landry, c’est une façon d'éviter que le fardeau repose entièrement sur les femmes.
«Ça repose sur les épaules de la femme de porter la fertilité et de la gérer, selon le désir de grossesse ou non. Mais l’homme aussi a un rôle à jouer dans la fertilité, l’ovule ne se féconde pas seul. Ça prend un spermatozoïde pour le féconder», rappelle celle qui est aussi infirmière.
«Si un homme comprend un peu mieux le cycle menstruel, ce que ça représente pour une femme ou à quel moment la période de fertilité arrive dans le cycle, ça permet de prendre ça en charge en couple, ensemble, et que ça soit moins lourd à porter pour la femme», poursuit-elle.
Ce n’est pas tout: les règles, «ça fait partie de la vie», insiste Geneviève Landry. Selon elle, il faut rappeler aux hommes que «ça fait partie intimement de la fertilité et que c’est parce que les femmes ont leurs règles qu’on est tous et toutes en vie aujourd’hui».
Le malaise des menstruations
Les tabous qui persistent autour des menstruations contribuent à la méconnaissance qu’en ont les hommes et même de nombreuses femmes.
«On a tous un tabou qui ne devrait pas être là», regrette Manon Touffet. À l’école, elle avait des codes avec ses amies pour parler des règles sans que personne d’autre ne le sache, se rappelle la Montréalaise de 21 ans. «J’aurais aimé que ça ne soit pas honteux», dit-elle.
«C’est vraiment important qu’on parle des règles comme étant quelque chose de tout à fait sain, dont personne ne doit avoir honte», affirme Geneviève Landry. Il faut être capable d’en parler «de façon claire [et concise], avec des mots précis», ajoute-t-elle.
Quoi faire pour que les menstruations soient moins taboues?
- Éduquer, dès un jeune âge, les hommes, mais aussi les femmes, sur les menstruations.
«Ça serait important que [les jeunes garçons] soient au courant de ce que sont les menstruations, pour les démystifier et [...] pour que ça devienne quelque chose de sain, de normal et qu’ils comprennent à quoi ça sert», affirme Geneviève Landry.
2. En parler ouvertement à la maison, sans tabou et sans gêne.
«Pour les garçons, [cela signifie] de voir une sœur qui a ses règles [et] de savoir c’est quoi. Une mère peut aussi amener son garçon quand elle achète ses produits d’hygiène et lui montrer c’est quoi, des serviettes hygiéniques, des tampons ou des culottes menstruelles», propose l’infirmière.
3. Inviter des infirmières à parler de menstruations dans les écoles.
«Actuellement, dans les écoles secondaires, la responsabilité de parler de sexualité et de puberté repose sur les épaules de professeurs qui n’ont pas nécessairement les connaissances, qui ne se sentent pas nécessairement à l’aise d’aborder ces sujets-là avec des jeunes», constate Geneviève Landry.