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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Englué dans le «partygate», Boris Johnson lutte pour sa survie politique

Le premier ministre britannique, Boris Johnson
Le premier ministre britannique, Boris Johnson Photo AFP
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AFP

2022-01-12T13:24:24Z
2022-01-14T02:02:47Z
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LONDRES | Visé par des appels à la démission au sein même de sa majorité, Boris Johnson bataille pour son maintien à la tête du gouvernement britannique après son mea culpa pour sa présence à une fête à Downing Street en plein confinement en 2020. 

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La situation s’est encore compliquée jeudi après des révélations du média The Telegraph faisant état d’une autre fête à Downing Street, toujours en plein confinement, mais cette fois à la veille des funérailles du prince Philip, l’époux de la reine Elizabeth, alors que le pays était en deuil national.

Déjà accablé par une série d’autres scandales, le dirigeant conservateur âgé de 57 ans a présenté ses excuses mercredi au Parlement pour avoir participé à une fête le 20 mai 2020 dans les jardins de sa résidence officielle, affirmant avoir alors pensé qu’il s’agissait d’une réunion de travail. 

L’événement, pour lequel une invitation avait été envoyée par son secrétaire à une centaine de personnes avec la suggestion d’amener leurs bouteilles, s’est déroulé pendant une période traumatisante pour les Britanniques. En pleine première vague de Covid-19, seules deux personnes étaient autorisées à se retrouver à l’extérieur et nombre de Britanniques n’ont pas pu dire adieu à leurs proches mourants.

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Immédiatement, les partis de l’opposition, les travaillistes en tête qui l’ont accusé de mensonge, ont réclamé sa démission, tandis que les membres de son gouvernement lui ont dans leur majorité apporté leur soutien, sur Twitter ou dans les médias.

Le sujet ne fait toutefois pas l’unanimité dans les rangs des conservateurs, qui louaient jusqu’à récemment la capacité de Boris Johnson à séduire, avec sa promesse de réaliser le Brexit, les classes populaires du nord de l’Angleterre naguère acquises au Labour.

Photo AFP
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«Mort vivant»

L’appui très timoré que lui a apporté un poids lourd de l’exécutif, le ministre des Finances Rishi Sunak, perçu comme un potentiel candidat au poste de premier ministre, a été ainsi largement commenté.

En déplacement dans le Devon (sud-ouest de l’Angleterre) tandis que le chef du gouvernement affrontait les foudres des députés, M. Sunak a mis huit heures à se ranger derrière lui, via un tweet dans lequel il insiste sur son propre engagement pour l’emploi au Royaume-Uni. 

«Le premier ministre a bien fait de présenter ses excuses et je soutiens sa demande de faire preuve de patience» en attendant les résultats de l’enquête interne menée par la haute fonctionnaire Sue Gray, a-t-il sobrement déclaré. 

Attendues au mieux la semaine prochaine, les conclusions de cette enquête interne s’annoncent désormais déterminantes pour le destin de Boris Johnson. 

Raillée pour la ligne qu’elle suit consistant à ne pas enquêter a posteriori en matière de violation des règles anticovid, la police de Londres a annoncé jeudi soir qu’elle réexaminerait sa façon de voir les choses si l’enquête interne mettait en évidence de potentielles infractions pénales.

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Signe des fissures qui lézardent l’unité du parti au pouvoir, la révolte gronde aussi chez les conservateurs écossais, qui jugent sa position intenable, et des députés tories à Westminster. 

Comme Roger Gale, pour qui Boris Johnson est un «mort vivant», certains élus se sont ouvertement dits favorables à un vote de défiance au sein du Parti conservateur afin de le pousser vers la sortie. 

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«La position du premier ministre est intenable et je pense qu’on ne doit pas laisser les conclusions d’une fonctionnaire déterminer son avenir», a acquiescé un autre député, William Wragg, le vice-président du puissant «comité 1922», responsable de l’organisation parlementaire de la formation. «Il revient au Parti conservateur, si ce n’est au premier ministre lui-même, de prendre cette décision», a-t-il ajouté sur la BBC. 

Ce scandale vient s’ajouter à d’autres révélations sur des fêtes organisées dans les cercles du pouvoir pendant les périodes de confinement des deux dernières années, ainsi qu’à des accusations de corruption et de favoritisme. 

Boris Johnson, arrivé triomphalement au pouvoir en juillet 2019, a depuis vu sa popularité longtemps inoxydable dégringoler dans les sondages. L’un d’eux, réalisé par YouGov pour le Times avant ses excuses, donne au Labour une large avance de dix points, une première en près d’une décennie. 

Jeudi, le chef du gouvernement a échappé aux caméras et aux questions des médias : cas contact Covid, il a annulé une visite prévue dans un centre de vaccination. 


Voici les fêtes illégales qui plongent Boris Johnson dans l'embarras    

Fête de Noël, pot de départ, vins et fromages au soleil... Le gouvernement de Boris Johnson et les cercles du pouvoir sont montrés du doigt pour une dizaine de fêtes organisées en pleine pandémie quand les Britanniques devaient drastiquement réduire leurs contacts.

15 mai 2020     

Une photo publiée dans la presse montre le premier ministre, sa femme Carrie (alors sa fiancée) et des collaborateurs partageant planches de fromages et verres de vin dans le jardin de Downing Street. Alors que de tels moments de sociabilité étaient proscrits durant le premier confinement, Boris Johnson a évoqué «des gens au travail, parlant de travail».  

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20 mai 2020     

Une centaine de personnes sont invitées, dans un courriel envoyé par le secrétaire particulier en chef de Boris Johnson, Martin Reynolds, à venir «profiter du beau temps» pour un pot «avec distanciation sociale» dans les jardins de la résidence du premier ministre. Les Britanniques ne pouvaient alors légalement rencontrer qu’une personne à l’extérieur, dans un lieu public. Une quarantaine de personnes y auraient finalement participé, dont Boris Johnson et Carrie. Le dirigeant n’a pas fait de commentaire.  

13 novembre 2020     

Les médias font état d’une fête avec des collaborateurs dans l’appartement de fonction de Boris Johnson. Le dirigeant assure que «les règles ont tout le temps été respectées». Un deuxième confinement était alors en cours au Royaume-Uni. 

27 novembre 2020     

Un pot de départ aurait été organisé pour une collaboratrice du 10 Downing Street, durant lequel M. Johnson aurait fait un discours malgré le confinement. Une cinquantaine se seraient trouvées massées dans une pièce.

10 décembre 2020     

Le ministère de l’Éducation a confirmé la tenue d’une fête où une vingtaine de personnes s’étaient retrouvées le 10 décembre autour de quelques «verres et canapés». Après le confinement, des restrictions étaient alors en vigueur à Londres qui interdisaient à différents foyers de se rencontrer à l’intérieur. 

14 décembre 2020     

Après la publication d’une photo dans la presse, le Parti conservateur a reconnu une fête non autorisée à son quartier général londonien, organisée par l’équipe du candidat d’alors à la mairie de Londres, Shaun Bailey. Ce dernier a depuis démissionné de la présidence du comité police et crime de l’assemblée de la capitale britannique. 

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15 décembre 2020     

Le Sunday Mirror publie une photo du premier ministre, flanqué de deux collaborateurs, participant à un quiz en ligne. Downing Street a admis que le dirigeant avait «brièvement» participé à l’événement, soulignant qu’il était virtuel. 

16 décembre 2020     

Le ministère des Transports a présenté des excuses pour une fête de Noël «inappropriée» organisée dans ses locaux.  

18 décembre 2020     

Une conseillère de Boris Johnson a démissionné après avoir plaisanté, dans une vidéo devenue virale, sur une fête qui aurait réuni une quarantaine de personnes ce jour-là à Downing Street. Se disant «furieux», le premier ministre a affirmé qu’il lui avait «été assuré à plusieurs reprises» depuis le début de l’affaire qu’«il n’y avait pas eu de fête» et qu’«aucune règle» n’avait été enfreinte.  

D’autres infractions aux règles anti-COVID     

Ancien influent conseiller de Boris Johnson et cerveau de la campagne victorieuse pour le Brexit, Dominic Cummings avait reconnu au printemps 2020 avoir contrevenu aux règles anti-COVID en effectuant des déplacements avec sa famille en plein confinement, ce qui était interdit. En juin dernier, le ministre de la Santé Matt Hancock avait démissionné pour avoir enfreint les règles sanitaires en entretenant une liaison avec une conseillère. 

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