Des blindés occidentaux pour l'Ukraine, dans l'espoir d'une percée contre les Russes
Agence France-Presse
Mobilité, rapidité, agilité: les blindés français, américains et allemands promis par Paris, Washington et Berlin à l'Ukraine, sont censés permettre une percée face aux Russes, ce dont l'armée ukrainienne est désormais jugée capable par les Occidentaux.
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L'annonce mercredi par le président Emmanuel Macron de l'envoi d'un nombre non précisé de chars de combat légers AMX-10 RC, de fabrication française, marque une nouvelle montée en gamme des équipements livrés par l'OTAN à l'Ukraine, après de longs mois de réticences par crainte de pousser Moscou à l'escalade.
Les alliés européens de Kyïv ont déjà livré des chars de conception soviétique, mais jamais encore de chars de facture occidentale, malgré les demandes répétées de l'Ukraine.
Jeudi, les États-Unis et l'Allemagne ont annoncé l'envoi de blindés d'infanterie à l'Ukraine, de type Bradley côté américain et le modèle Marder côté allemand.
L'Allemagne, qui pourrait fournir à Kyïv entre 20 et 40 blindés Marder, a aussi promis de livrer à l'Ukraine une batterie de défense antiaérienne Patriot, comme l'ont déjà fait les États-Unis.
Alors que nombre d'observateurs redoutent une offensive russe d'ampleur d'ici au printemps, la livraison de ces blindés occidentaux à l'Ukraine pourrait la rapprocher «de la victoire», a jugé le ministère ukrainien de la Défense.
Mouvement
Les AMX-10 RC français, dont la production a commencé dans les années 1980, sont des chars de près de 25 tonnes dotés de canons de 105 mm, montés sur roues et non sur chenilles.
«Ce type (de blindés français), pensé en pleine Guerre froide pour affronter les Soviétiques, est du matériel mobile, fait pour aller vite et pour exploiter des percées potentielles. C'est un signal politique fort (du fait) que le soutien occidental ne s'essouffle pas. (....) On montre que l'on investit sur la victoire ukrainienne, sur leur capacité à reconquérir et pas seulement tenir le front», souligne à l'AFP Pierre Haroche, maître de conférence en sécurité internationale à l'université Queen Mary de Londres.
Cette capacité de mouvement est essentielle pour éviter un gel du front, souligne Thibault Fouillet, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS).
«Avec la guerre en Ukraine, on a un retour du blocage tactique avec une supériorité du feu, notamment d'artillerie, sur le mouvement», ce qui explique (...) le retour à de nombreuses positions fortifiées, à des tranchées qu'on voit fleurir», précise-t-il.
«Même des percées qui nous paraissent majeures, comme dans la zone de Kharkiv (nord-est), ne font avancer que de quelques dizaines de kilomètres, sans permettre de faire s'effondrer l'adversaire», ajoute ce spécialiste.
Vulnérabilité
Les blindés américains Bradley, de 25 à 30 tonnes, sont de leur côté équipés d'un canon de 25 mm et de missiles antichar. De leur côté, les Marder sont en service depuis les années 1970. Ce sont des blindés légers destinés au transport de troupes. Leur armement principal est un canon de 20 mm.
Jusqu'à présent, et malgré les demandes répétées de l'Ukraine, les États-Unis, l'Allemagne et la France ne sont pas enclins à fournir à Kyïv des chars lourds, américains Abrams, allemands Leopard 2 ou français Leclerc.
Les nouveaux blindés occidentaux promis restent «légers» dans leur catégorie.
Pour Pierre Razoux, le directeur académique de la Fondation méditerranéenne d'études stratégiques (FMES), le faible blindage des engins français le rend vulnérable aux frappes face, côté russe, à une «gamme complète de vieux chars T62-T72-T80 modernisés, beaucoup plus lourds».
«C'est l'agilité et la mobilité face à la puissance de feu. Le char léger permet de se positionner très vite mais, dès qu'il est touché, il est hors combat», précise-t-il.