Les épargnants doivent miser sur le court terme
Michel Girard
L’année 2021 s’est avérée vraiment désolante au chapitre des placements axés sur le rendement d’intérêt. Plusieurs d’entre eux terminent d’ailleurs l’année dans le rouge.
Les certificats de placement garanti (CPG) et les dépôts à terme offerts par les institutions bancaires ont rapporté des « pinottes », le rendement tournant autour d’un demi-point de pourcentage (0,5 %) pour le terme d’un an.
Ce n’était guère mieux avec les obligations négociables émises par le fédéral, les provinces et les municipalités.
Quant aux fonds communs d’obligations et autres titres à revenu fixe, et aux fonds négociés en Bourse (FNB) portant sur les obligations, ils ont pour la plupart accusé des reculs.
Les indices obligataires de référence ont enregistré des baisses allant de 4,5 à 8,5 %.
HAUSSE DES TAUX DIRECTEURS
La cause ? En raison de la solide croissance économique et de l’inflation galopante lors des derniers mois, beaucoup de pression est exercée sur les banques centrales, comme la Banque du Canada et la Réserve fédérale américaine, pour qu’elles recommencent à hausser leurs taux directeurs respectifs.
Bien qu’elles n’aient pas encore enclenché le processus haussier, le marché obligataire, lui, est déjà en mode d’augmentation des taux d’intérêt.
C’est ce qui explique pourquoi la valeur marchande des obligations négociables a baissé depuis le début de l’année, faisant ainsi reculer les FNB d’obligations et les fonds communs d’obligations et de titres de revenu fixe.
Je rappelle que la valeur des obligations négociables augmente lorsque les taux d’intérêt baissent et, vice-versa, recule lorsque les taux augmentent, comme c’est le cas depuis quelques mois.
PRÉVISIONS 2022
Les économistes des institutions bancaires et des firmes de courtage s’attendent à plusieurs hausses successives des taux directeurs des banques centrales en 2022 et 2023.
Par exemple, à la Financière Banque Nationale, on prévoit que le taux directeur de la Réserve fédérale (FED) passera de 0,25 % (actuellement) à 2,00 % à la fin de 2023. Du côté de la Banque du Canada, le taux devrait passer de 0,25 % à 1,75 % lors de la même période de deux ans.
Chez Desjardins, les économistes voient le taux directeur de la FED atteindre 1,75 % à la fin de 2023 et le taux de la Banque du Canada, 1,50 %.
Par conséquent, toute la structure des taux d’intérêt va emboîter le pas. C’est donc dire que les placements conservateurs comme les certificats de placement garanti, les dépôts à terme, les obligations d’Épargne Placements Québec devraient finalement rapporter un meilleur rendement d’intérêt que présentement.
Concernant les émissions des obligations négociables, les émetteurs (gouvernements, municipalités, corporations) devraient également offrir aux investisseurs un meilleur rendement d’intérêt.
Le marché obligataire resterait donc sous pression puisque la valeur marchande des obligations en circulation risque de baisser davantage au fil des futures hausses successives des taux directeurs.
MAIS...
Est-ce que ces prévisions de hausse des taux d’intérêt vont réellement se concrétiser ?
C’est la question de l’heure en cette catastrophique nouvelle vague de COVID-19 avec l’OMICRON, laquelle pourrait évidemment nuire à la reprise économique.
Si tel est le cas, les hausses des taux directeurs des banques centrales pourraient être décalées dans le temps.
Quoi qu’il advienne, j’inviterais les épargnants à miser actuellement sur le court terme.
LES CPG
Pour les CPG d’un an, les institutions bancaires les plus généreuses sont : Equitable Bank (1,43 %), Banque Laurentienne (1,30 %), Home Equity Bank (1,31 %), Home Trust Company (1,46 %), ICICI Bank Canada (1,38 %), General Bank of Canada (1,46 %), B2B Bank (1,30 %).
À titre de comparaison, sachez qu’Épargne Placements Québec n’offre que 0,60 % pour le terme d’un an de ses obligations à taux fixe. Et ce n’est guère mieux avec la plupart de nos grandes institutions bancaires.