Les répercussions de la hausse du prix de l’essence sur les entreprises
Jean-François Tremblay | TVA Nouvelles
La hausse vertigineuse du prix des carburants représente tout un casse-tête pour plusieurs entreprises pour lesquelles l’essence est une dépense majeure.
Chez Intercar, par exemple, le président et directeur général (PDG), Hugo Gilbert, pensait revenir à la normale avec le déconfinement, mais voici qu’il y a cette majoration du prix du carburant.
«Ça met énormément de pression sur une entreprise comme la nôtre. On déconfine nos autobus tranquillement. On pensait que ça allait repartir après Omicron. Et ça repart. Mais le prix du diesel est un défi de plus à la sortie de crise», a expliqué M. Gilbert.
Avec une trentaine d'autobus pour passagers, l'entreprise demande à la Commission des transports du Québec la permission d’augmenter ses tarifs de 12% à partir du 1er avril.
«C'est notre plus grosse à vie, ce qu'on n’a jamais fait. Essentiellement à cause de l'augmentation du diesel qui est notre deuxième plus grosse dépense», a précisé le PDG d’Intercar.
Une surcharge sur le carburant de 14% vient aussi d'être ajoutée sur la facture pour la location d'un autocar.
«Il y a toujours des questions sur notre clientèle. Est-ce qu’elle va suivre ou non? Je pense qu'elle est sensible, par contre», a aussi dit Hugo Gilbert.
Pour sa flotte de 300 autobus scolaires, Intercar pourra profiter d’un mécanisme de compensation qui existe avec le ministère de l’Éducation. Ça amortit le choc.
En plus, Intercar a déjà converti 40% de ses autobus jaunes au propane.
«Ça nous permet d'avoir une moins grande dépendance au niveau du diesel qu'on avait avant, malgré tout. Le diesel augmente, mais le propane aussi augmente. En pourcentage, c'est moins élevé», estime M. Gilbert.
À la Société de Transport du Saguenay (STS), la pilule est grosse à avaler malgré un prix réduit sur le volume avec l'achat de deux millions et demi de litres de diesel par année.
«On avait budgété qu'on était à 92 cents. Présentement, on paye 1,18$ le litre. À toutes les fois qu'on a un cent de plus le litre, c'est 25 000 $ de plus par année. S'il resterait à 1,18$ le litre pendant toute l'année, on aurait un déficit de 650 000$», a expliqué le président par intérim de la STS, Michel Tremblay.
La Société devra peut-être avoir à puiser dans ses réserves qui étaient toutefois prévues également pour des pièces mécaniques, entre autres. Une aide de Québec serait aussi possible.
«Avec le gouvernement, je pense qu'il y a un programme d'urgence où on peut aller aussi. On va essayer de ne pas me demander de l'argent à la Ville de Saguenay», a ajouté M. Tremblay.
Les entreprises de livraisons également touchées
Pour les entreprises de livraison, l'essence est une dépense majeure. À Saguenay, les 15 véhicules de la compagnie Poly Livre Tout roulent 4500 kilomètres par jour, ce qui coûte déjà 9000$ par mois, mais ça va augmenter.
«C'est une dépense importante sur l'essence et un 1000$ par mois de plus facile sur mes véhicules. C'est sûr qu'à un moment donné, il va falloir augmenter les prix pour ça. Ça va avoir un impact sur les clients malheureusement», a expliqué le propriétaire de Poly Livre Tout, Fernand Duchesne.
Qu’en est-il des taxis?
Richard Desbiens est chauffeur de taxi depuis neuf ans. Il fait 15 heures par jour dans son véhicule. Cette hausse lui coûte 20$ par jour et change même ses habitudes.
«Il y a un changement de prix tous les jours. Comme c'est parti là, je ne sais pas jusqu'où on va se rendre. J’hésite à faire tourner mon véhicule, car, quand il fait froid, il passe la journée à virer. [Avec la hausse], une journée qui me coûte normalement 50$ de gaz va me coûter 70$», a mentionné M. Desbiens.
Pour les déneigeurs privés aussi, ça fait mal. Déjà que l'hiver a été très mouvementé. Les deux facteurs pourraient avoir des répercussions sur la facture des clients, l'hiver prochain.