Les Enfants terribles: 15 années de restauration

Alexandra Diaz
Soit vous connaissez Les Enfants terribles de Jean Cocteau, roman paru en 1929, soit vous connaissez Les Enfants terribles de l’exceptionnelle restauratrice Francine Brûlé, dont les restaurants sont comme une extension de nos maisons.
La première adresse, ouverte rue Bernard, à Outremont, célèbre ses 15 ans cette année, à l’aube des 70 ans que Francine aura l’an prochain. Non seulement elle fait rêver l’entrepreneure en moi, mais elle m’inspire comme maman, comme femme, et elle m’a eue par l’estomac, comme on dit ! Je suis une fidèle depuis 15 ans.

Une vie rock’n’roll, comme elle
C’est sa biographie qu’il faudrait écrire, pour célébrer la vie et le parcours de cette grande dame qui irradie comme un soleil de plomb. C’est connu : Francine a connu un succès du tonnerre de Dieu dans le domaine de la mode pendant 35 ans. Elle a clos ce chapitre en fermant l’agence qui portait son nom après en avoir fait l’une des plus importantes au pays.
À 53 ans, un petit air de retraite fredonne dans sa tête. Elle rêve de voyages partout dans le monde et de repos.
Cette excellente vendeuse, qui a toujours su saisir la balle au bond, aime prendre des risques et relève des challenges pas possibles. Au lieu de paqueter sa valise pour Venise, elle bide sur un local en faillite, l’emporte contre toute attente et ouvre Les Enfants terribles pour investir des sous. La file d’attente fait le tour du pâté de maisons le jour un, dans le chaos où se trouve la nouvelle apprentie en restauration. Six Enfants terribles existent aujourd’hui. Après les années pandémiques, la formation de gestion de crise de niveau Harvard, comme elle dit, se poursuit. Mais ça ne l’empêche pas de penser à d’autres défis, comme entrer en épicerie.

La restauration, c’est un life style, ce n’est pas un métier
C’est la passion, le cœur au travail sans compter les heures et le désir de faire plaisir qui décrit le style de Francine. Avec sa personnalité très ferme et très chaleureuse, quand je lui demande quel est son client idéal, elle me répond : celui qui me permet de lui faire plaisir.
Quand je lui demande comment elle forme ses équipes, elle confie : « Je leur apprends à ne pas penser à leurs revenus, mais à faire plaisir et le succès suivra. C’est difficile à faire comprendre ça. »

On se sent bien aux enfants
À l’anniversaire de ma fille, il y a quelques semaines, on a choisi de la fêter aux Enfants terribles, parce que c’est une extension de la maison. Et c’est pas mal l’fun chez nous, donc on peut facilement être déçus. C’est ce dont avait envie ma fille, sortir, mais avoir le feeling de rester chez nous vêtue de son matching set de jogging dans lequel elle vit. Et par-dessus tout, se gâter en mangeant un menu familial parfait. Un trio de mini pogos de chorizo pour tous en guise d’amuse-gueule, des calmars frits mayo épicée, un mac’n’cheese, des cheeseburgers sauce jamaïcaine, des tacos et aïoli lime, coriandre et concombre, des frites évidemment, mais aussi l’incontournable gigantesque salade César avec chips de prosciutto à partager entre tous. Et pigées dans les plats de tous.
Je le dis tout le temps, cuisiner et manger est l’une des plus belles façons de profiter de la vie. Et s’attabler chez Francine, c’est le feeling d’avoir cuisiné pour notre monde un menu simple, honnête et réconfortant. Bonne fête Les Enfants !