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Les élèves en Saskatchewan ne pourront pas changer de pronom sans autorisation parentale

Capture d'écran, La Presse canadienne
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Photo portrait de Sarah-Florence  Benjamin

Sarah-Florence Benjamin

2023-08-23T20:51:33Z
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Le ministre de l’Éducation de la Saskatchewan, Dustin Duncan, a annoncé mardi sa volonté de standardiser les règlements sur l’identité de genre et l’éducation à la sexualité à travers les écoles de la province. Cette annonce a attiré de vives réactions de la part de groupes de droits humains qui craignent que la politique soit néfaste pour la sécurité de jeunes déjà vulnérables. 

Il sera maintenant interdit pour un professeur d’utiliser le nom ou le pronom choisi d’un élève de moins de 16 ans sans une autorisation explicite de ses parents en Saskatchewan. 

«Si nous exigeons des commissions scolaires qu’elles demandent l’autorisation des parents pour une sortie d’une demi-journée au centre des sciences, je crois que nous devons traiter cette question avec autant de sérieux», a déclaré Dustin Duncan. 

Les enseignants qui n’ont pas reçu le consentement des parents devront continuer d’utiliser le nom et le genre assigné à la naissance de leurs élèves, même si ces derniers en font la demande.  

Interrogé en conférence de presse, le ministre Duncan n’a pas pu confirmer si cette nouvelle politique s’étendra aux élèves qui veulent changer de nom pour des raisons autres que leur identité de genre.  

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Cette décision fait écho aux changements apportés à politique 713 par le ministre de l’Éducation du Nouveau-Brunswick, Bill Hogan, en juin dernier. La politique similaire à celle annoncée en Saskatchewan avait déclenché une vive opposition de la part des groupes de défenses des droits des personnes LGBTQIA+, notamment parce qu’elle enfreignait la Loi sur les droits de la personne, la Loi sur l’éducation et les droits des enfants de la province. 

«Une fois que le Nouveau-Brunswick a introduit la [nouvelle] politique 173, nous avons anticipé que ça créerait un effet Domino. C’est troublant», a déclaré Helen Kennedy, directrice générale de Eagle Canada, un groupe de défense LGBTQIA+. 

En Saskatchewan, la discrimination basée sur l’identité et l’expression de genre est illégale.  

Des organismes inquiets

Cette politique du ministre Duncan risque fort de «sortir de force du placard» des jeunes qui ont des parents qui ne les acceptent pas, mettent en garde de nombreuses organisations de défense de droits humains. 

«Des familles ont mis des enfants à la porte ou s’en sont remises à la violence physique [après avoir été informées de leur identité de genre]. S’attaquer aux droits des élèves est dégoûtant», a commenté Harini Sivalingam, directrice de programmes à l’Association canadienne des libertés civiles (ACLC). 

L’association pourrait intenter des procédures légales contre la province.  

Elijah Gatin, de l’organisation Trans Sask, a déclaré que la recherche a déjà prouvé que l’utilisation des noms et pronoms choisis a un effet bénéfique sur la santé mentale des jeunes personnes queers. Il craint que des élèves cessent de fréquenter l’école, de peur de se faire mégenrer ou d’être victimes d’intimidation. 

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Carla Beck, leader de l’opposition néo-démocrate en Saskatchewan, a qualifié cette décision du gouvernement de «politique cynique et diviseuse» dont le but serait de plaire à un électorat de droite.  

Les tiers partis exclus de l’éducation à la sexualité 

L’annonce du ministre Duncan concernait aussi l’enseignement à la sexualité. Les parents devront dorénavant être informés au préalable du contenu du cours. Ils auront ensuite l’option de demander à ce que leur enfant en soit retiré s’ils le désirent.  

Il sera aussi interdit aux commissions scolaires de faire affaire avec des organisations tierces pour l’enseignement de la sexualité, que ce soit pour des ateliers ou même faire réviser le contenu du cours.  

Seuls les professeurs ou des professionnels à l’emploi du gouvernement provincial seront autorisés à être présents dans la classe durant l’enseignement à la sexualité. 

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Cette décision survient après que des employés de l’organisme Planned Parenthood ont apporté des brochures et du matériel destinés à plusieurs groupes d’âge dans une école. Un élève a regardé le matériel sans permission et a été exposé à du contenu destiné à des jeunes plus âgés.  

«Il s’agit d’une réponse politique d’un gouvernement qui vient de perdre une élection partielle, suivant un incident isolé», a déclaré la présidente de la Fédération des enseignants de la Saskatchewan, Samantha Bécotte. 

«Sans consulter les experts en éducation, le gouvernement a introduit une politique motivée par l’idéologie qui va nuire aux élèves 2SLGBTQIA+. Des politiques semblables dans d’autres provinces ont été analysées par des défenseurs des droits des enfants et ont été jugées anticonstitutionnelles», peut-on lire dans un communiqué de la Fédération. 

La Saskatchewan est la province qui détient le record du nombre de grossesses adolescentes au pays, selon le Saskatchewan Prevention Institute. 

Avec les informations de la Presse canadienne

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