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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Les élèves en classe: le cas américain

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Photo portrait de Luc Laliberté

Luc Laliberté

2022-01-17T20:08:47Z
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Alors que le premier ministre et le ministre de la Santé confirmaient la semaine dernière que pour la rentrée 2022 il était préférable que nos élèves soient en classe, de nombreuses voix, dont la mienne, se sont élevées pour demander plus d’informations ou encore remettre en question la décision de ne pas reporter cette rentrée de quelques semaines.

Si je me suis commis dans un billet de blogue sur la crise sanitaire, c’est partiellement en raison du sujet sur lequel je m’exprime le plus souvent: la société américaine. On y gère la pandémie de manière différente de ce qu’on fait au Canada et au Québec, mais la problématique du retour en classe y défraie aussi la chronique.

Que ce soit au nord ou au sud de la frontière, je crois que nous nous entendons toutes et tous sur le fait que le meilleur endroit pour apprendre est dans une salle de classe en compagnie d’autres jeunes de son âge. Là où les avis divergent, c’est au moment d’appliquer le principe de précaution et d’évaluer les risques encourus.

On ne refera pas ici tout le débat, mais il n’est pas évident de trancher entre les options. Elles entraînent toutes leur lot de retombées négatives. À quoi ressemblent ces retombées? Jetons ensemble un coup d’œil sur la réalité de quelques écoles disséminées dans des États différents.

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Le site Axios présentait quelques données à ce sujet dans son édition de ce matin. En raison des contextes différents et des mesures qui ne sont pas similaires, j’éviterais d’en tirer des conclusions qu’on pourrait appliquer à notre situation. Je me limiterais à évoquer des problématiques qui devraient nourrir notre réflexion.

Parmi les problèmes rencontrés, on relève la pénurie de main-d’œuvre. La relève n’est pas toujours au rendez-vous et de nombreux enseignants tombent au combat pour une période plus ou moins longue. On peut se rabattre sur des volontaires ou des parents pour prendre la relève, mais on peut alors se demander si on offre véritablement une meilleure éducation ou si on ne met pas plutôt en place un service de garderie.

Les enseignants qui demeurent en poste étant des denrées rares, on leur demande parfois d’assumer la responsabilité d’accueillir dans leur classe des élèves de différents niveaux. Si nous le faisions à l’époque des écoles de rang, les objectifs ont bien évolué depuis.

On peut présumer que le fardeau supplémentaire imposé à des enseignants qui ont déjà beaucoup donné depuis deux ans ne peut qu’entraîner à moyen terme un taux d’absentéisme encore plus élevé.

À la complexité du travail des enseignants, il faut aussi ajouter l’absentéisme des élèves. Que le virus provoque moins de ravages chez nos jeunes est rassurant, mais ils ont eux aussi à manquer des journées d’école, laissant aux directions, au personnel de soutien et aux enseignants le casse-tête des reprises.

À certains endroits, on encourage les enseignants à enseigner à la fois en virtuel et en classe. Encore ici on ne peut généraliser, mais pour une majorité de pédagogues qui se sont partagés entre les deux formules, enseigner en comodal équivaut à ne pas bien enseigner aux deux clientèles. Un mal nécessaire? Peut-être, mais au moins en virtuel tous et toutes reçoivent la même éducation.

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Parmi les données fournies par Axios ou d’autres sites qui s’intéressent au retour en classe des étudiants, il y a une donnée qui manque cruellement à l’appel et que je tenterai de dénicher ailleurs. Entendons-nous pour convenir du fait que la rentrée est tout sauf simple. On a peut-être raison de forcer ce retour en présence malgré le fardeau accru pour tout le personnel de maisons d’enseignement et le succès inégal des formules suppléance.

Aux États-Unis comme ici, il y a une variable non négligeable à considérer. Ce retour provoque-t-il une pression supplémentaire sur le réseau de la santé? Il y a trop peu de données disponibles depuis qu’Omicron sévit. Jusqu’à maintenant, on dénombrait peu d’éclosions importantes émanant du contexte scolaire. Le risque que nous prenons, et les scientifiques ne sont pas unanimes sur la question (on leur demande l’impossible), est que la virulence du nouveau variant puisse modifier significativement les données.

Je profite de ce billet pour souhaiter à tous nos jeunes et à leurs parents la meilleure rentrée scolaire possible dans les circonstances! Je salue au passage tous les enseignants du primaire au collégial, tout le personnel de soutien et toutes les directions d’établissements pour leur dévouement, leur courage et leur sens du devoir.

Souhaitons que la rentrée soit moins chaotique qu’on pourrait le croire et que les mois de février et mars nous offrent un contexte plus favorable au partage de nos savoirs et de nos compétences.

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