Les dangereux délires du dictateur Poutine
Loïc Tassé
Le plus choquant dans la longue déclaration d’hier de Vladimir Poutine n’est pas tant sa reconnaissance officielle des deux républiques qui forment le Donbass. C’est sa vision générale de l’avenir des pays d’Europe de l’Est.
Bien évidemment, la reconnaissance des républiques du Donetsk et du Lougansk détruit complètement les accords de Minsk. Ces accords prévoyaient des mesures de cessez-le-feu et d’apaisement. Elles prévoyaient même des élections dans les deux territoires. Mais les dirigeants ukrainiens ne voulaient pas d’élections parce qu’ils redoutaient que ces élections soient frauduleuses. Moscou espérait que ces élections constituent un premier pas vers l’indépendance des deux républiques.
Quoi qu’il en soit, la reconnaissance des deux républiques implique l’envahissement des deux républiques par la Russie, sous prétexte de protéger leurs populations russophones.
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Effrayant
La partie la plus effrayante de la déclaration de Poutine touche les autres pays d’Europe de l’Est. Ceux qui ont vécu pendant des décennies sous la botte de l’Union soviétique. Selon Poutine, ces pays ont été volés à la Russie, lorsqu’ils ont rejoint l’OTAN. Du pur délire.
Et Poutine de ressortir l’entente entre l’URSS de Gorbatchev et le gouvernement américain, entente suivant laquelle les pays de l’Europe de l’Est ne rentreraient jamais dans l’OTAN.
Sauf que cette entente a été passée avec l’Union soviétique, avant son effondrement, et non pas avec la Russie. Ce détail a son importance. À tel point que la Russie a même signé un partenariat avec l’OTAN en 1994 et qu’il a été question qu’elle rejoigne l’OTAN.
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Les plus grands opposants à la coopération entre l’OTAN et la Russie ont toujours été les pays d’Europe de l’Est, parce que leurs populations ont beaucoup souffert de l’occupation soviétique et qu’elles détestent encore les Russes.
Par conséquent, quand Poutine parle des pays d’Europe de l’Est comme s’ils étaient la propriété de la Russie, il donne raison aux Européens de l’Est qui se méfient de Moscou.
Il confirme aussi qu’il est un véritable dictateur qui ne se soucie ni de la souveraineté des pays ni de la volonté des peuples.
D’ailleurs, Poutine a aussi déclaré que l’Ukraine était une création de la Russie et qu’elle n’existait pas comme État.
Que les Ukrainiens aient voté en 1991 à plus de 90 % en faveur de leur indépendance n’a pour lui aucune importance.
Un des problèmes avec ce genre de réécriture de l’histoire est que les autres pays d’Europe de l’Est qui comptent des minorités russes importantes se demandent s’ils ne subiront pas bientôt le même sort que l’Ukraine. Par exemple, les russophones de la Lettonie, qui représentent 35 % de la population du pays, vont-ils « appeler à l’aide » leur grand frère russe ?
La Lettonie fait partie de l’OTAN et en théorie, une attaque contre la Lettonie déclencherait immédiatement une guerre de l’OTAN contre la Russie. Les risques de 3e guerre mondiale seraient énormes.
La guerre d’Ukraine marque symboliquement la renaissance d’un bloc de l’Ouest et d’un bloc de l’Est. Espérons que la guerre entre eux restera froide.